Communiqué de presse8 octobre 2025

La richesse des milliardaires de l’UE bondit de plus de 400 milliards d’euros au premier semestre 2025

  • La richesse cumulée des milliardaires de l’UE a augmenté de plus de 2 milliards d’euros par jour.
  • Plus de 80 % des recettes fiscales totales dans les pays de l’UE proviennent principalement de citoyens ordinaires, contre 9 % des entreprises et seulement 0,4 % des impôts sur la fortune.
  • Un impôt européen sur la fortune pourrait rapporter l’équivalent d’une année du budget pluriannuel proposé de l’UE. 

La richesse cumulée des milliardaires de l’Union européenne a augmenté de plus de 400 milliards d’euros en seulement six mois cette année - soit plus de deux milliards d’euros par jour. C’est ce que révèle le nouveau rapport d’Oxfam, « A European Agenda to Tax the Super-Rich », publié à la veille de la réunion des ministres des Finances de l’UE consacrée aux moyens de financer le budget européen. 

En 2025, l’UE comptait près de 500 milliardaires, soit 39 de plus qu’en 2024. Rien qu’au cours de l’année écoulée, un nouveau milliardaire est apparu, en moyenne, tous les 9 jours dans l’UE. 
Au total, les 3 600 Européens et Européennes les plus riches détiennent désormais autant de richesse que les 181 millions les plus pauvres, soit l’équivalent des populations combinées de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne. 

« L’Europe fabrique des milliardaires à un rythme record, tandis que des millions d’Européens peinent à joindre les deux bouts », a déclaré Julien Desiderio, expert en justice fiscale pour Oxfam Belgique. « Cette inégalité n’est pas un accident, elle est le fruit d’un système. » 

Le rapport montre comment des décennies de politiques fiscales ont été conçues pour favoriser les ultra-riches, au détriment des citoyens ordinaires. Depuis les années 1980, les gouvernements de l’UE ont réduit les impôts des plus riches et des entreprises, tout en s’appuyant de plus en plus sur les impôts payés principalement par les citoyens et les citoyennes européens, comme les taxes sur les salaires et la consommation. Cette tendance s’accompagne d’une pression croissante sur le financement des services publics et de la protection sociale. 

Ainsi, en Belgique par exemple, le 1 % le plus riche paie en moyenne 23 % d’impôts sur ses revenus, contre 43 % pour une personne moyenne. La nouvelle taxe sur les plus-values proposée par le gouvernement belge ne corrigera pas cette injustice, car elle est truffée d’exceptions pour les millionnaires. 

Les ultra-riches largement épargnés par l’impôt en Europe 

Aujourd’hui, 8 euros sur 10 des recettes fiscales dans l’UE proviennent d’impôts payés principalement par les citoyens ordinaires. L’impôt sur les sociétés – payé sur les bénéfices – ne représente que 9 %, et les impôts sur la fortune seulement 0,4 %. 

Les Européens moyens perçoivent principalement des salaires, qui sont en moyenne plus lourdement taxés. À l’inverse, les ultra-riches s’enrichissent davantage tout en payant moins d’impôt, grâce à des investissements et des holdings souvent faiblement, voire pas du tout, imposés dans certains pays de l’UE. 

Par ailleurs, la richesse elle-même est à peine taxée. Dix pays de l’UE n’ont pas d’impôt sur les successions, et un seul - l’Espagne - applique un impôt sur la fortune nette. Résultat : les ultra-riches paient souvent un taux effectif d’imposition sur leurs revenus et leur patrimoine bien inférieur à celui des citoyens ordinaires. 

Alors que la richesse se concentre de plus en plus entre les mains d’une minorité, les gouvernements européens voient leurs moyens financiers s’éroder. Dans les années 1990, les gouvernements détenaient environ 10 % de la richesse totale sous forme d’investissements publics. Aujourd’hui, cette part a presque été divisée par deux, à seulement 6 %. Selon les dernières données disponibles, Oxfam estime que si les gouvernements avaient conservé cette part, les pays de l’UE auraient disposé de 3 600 milliards d’euros supplémentaires en 2023 à investir dans les services publics. 

« La part des richesses produites allant à l’État a tendance à diminuer en Europe. Cette diminution entraîne une baisse des financements publics dévolus aux écoles ou aux hôpitaux. Elle creuse également la dette pour les générations futures, tandis que les ultra-riches, eux, s’enrichissent toujours davantage. La richesse ne ruisselle pas, elle explose vers le haut. Dans un pays comme la Belgique, le gouvernement pourrait demander aux millionnaires de contribuer équitablement à l’effort collectif, mais il préfère leur accorder des avantages fiscaux sur les plus-values, réduire leurs cotisations sociales et cibler les malades et les retraités pour boucler les budgets », a ajouté Julien Desiderio.  

4,7 milliards d’euros en jeu : ce que rapporterait une taxe sur les grandes fortunes 

A titre d’exemple, un impôt sur la fortune nette pourrait rapporter 4,7 milliards d’euros au Trésor belge, selon les calculs du Bureau fédéral du Plan. Ce scénario prévoit une taxation des patrimoines supérieurs à un million d’euros. Une telle taxe concernerait les 5 % les plus riches de la population belge. Le taux varierait de 1 à 3 % : plus une personne possède, plus elle paierait. 

« Il est urgent de réécrire les règles fiscales en Europe pour que tout le monde les respecte et paie sa juste part. La Belgique a particulièrement besoin d’un rééquilibrage fiscal entre le travail et le capital. Il n’est pas acceptable que les plus riches soient aujourd’hui protégés par le gouvernement, tandis que les plus vulnérables et les classes moyennes sont appelés à faire tous les sacrifices. Il est urgent que les plus riches contribuent davantage à la solidarité collective. C’est indispensable si l’on veut améliorer les revenus des classes moyennes et des plus précaires, tout en préservant les mécanismes de solidarité que sont les services publics et la protection sociale », conclut Julien Desiderio. 

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