Actualité8 novembre 2022

La COP 27 doit passer des intentions à l’action climatique

Afin d’éviter un flop total, le Sommet climatique de l’ONU (COP 27) qui s’est ouvert ce dimanche en Egypte doit répondre à deux enjeux urgentissimes : maintenir le réchauffement climatique sous les 1,5°C et garantir des financements climat à la hauteur des besoins des pays à faible revenu, les plus impactés par le réchauffement.

Sept ans après l’Accord de Paris, la bataille du climat n’est pas perdue mais elle est en mauvaise posture. Nos émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, la déforestation se poursuit et le modèle agricole global demeure insoutenable. À ce rythme, l’objectif de Paris de maintenir les températures mondiales le plus près de 1,5 °C de réchauffement en 2100, est tout simplement inatteignable.

Pire, d’après l’ONU, sans effort supplémentaire, on se dirige vers un réchauffement de + 2,8 °C d’ici 2100, voire plus. Si un tel scénario devait se concrétiser, les inondations comme celles que vient de connaître le Pakistan et les sécheresses qui menacent actuellement la vie de 28 millions de personnes en Afrique de l’Est seraient plus fréquentes et plus intenses.

Un vrai plan pour sortir des énergies fossiles

On ne va jamais y arriver sans d’une part, effectuer une transition vers une agriculture locale et agroécologique et d’autre part, arrêter de carburer aux énergies fossiles. En effet, 85% du mix énergétique mondial provient du gaz, du pétrole et du charbon, ce dernier étant particulièrement polluant. C’est pourquoi il est crucial de s’accorder lors de la COP 27 à Charm el-Cheikh sur une sortie complète du charbon, et non plus sur une simple réduction, obtenue l’an dernier à Glasgow. Les états et les banques (oui, le privé aussi a des responsabilités que nos collègues d’Oxfam France lui ont rappelées) doivent cesser d’investir dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers et consacrer plus de moyens au renouvelable.

La bonne nouvelle : l’UE et la Belgique sont en train de renforcer leur recours aux énergies renouvelables. La mauvaise ? La Belgique a encore du chemin à parcourir si elle veut au moins faire le minimum syndical en la matière, à savoir : réduire ses émissions de 55% d’ici 2030 et ainsi respecter les efforts auxquels elle s’est engagée auprès de l’Union européenne.

Ce que l’on attend de la Belgique à Charm el-Cheikh

Après avoir inondé les rues de Bruxelles le 23 octobre dernier pour rappeler à nos élu.e.s leurs engagements climatiques, nous portons à présent le même message auprès de nos ministres en charge du climat lors de réunions bilatérales. À commencer par Zuhal Demir, ministre flamande de l’environnement, à qui nous avons réservé une “haie d’honneur” (voir photo) ce 8 novembre pour lui rappeler que son rôle est crucial à la COP 27. C’est elle qui a la responsabilité cette année de porter la voix de la Belgique auprès de l’Union européenne. Notre message pour elle ? Les Belges veulent plus de justice climatique et exigent de leurs gouvernements une ambition qui leur permette de se regarder bien en face dans la glace.

Qu’entend-on par plus de justice climatique ? Des mesures qui freinent le réchauffement tout en prenant systématiquement en compte le genre, sans bafouer les droits humains à l’autre bout de la planète ou au détriment de la souveraineté alimentaire des pays à faible revenu. Oxfam a à ce titre lancé une pétition exigeant de nos élu.e.s plus de justice climatique. Elle a déjà rassemblé plus de 12.000 signatures et reste ouverte jusqu’à sa remise en Egypte à notre ministre fédérale du climat, Zakia Khattabi.

Les financements climat doivent être au rendez-vous

C’est la question à 100 milliards qui fâche. L’an dernier, les pays riches se sont présentés à la COP de Glasgow sans tenir leur promesse d’une enveloppe de 100 milliards de dollars à destination des pays à faible revenu qui polluent peu, mais qui subissent de plein fouet les effets de la crise climatique. Ce montant, destiné à aider ces pays à s’adapter aux effets du changement climatique, n’a non seulement pas été atteint mais en plus, 80% de la totalité des financements climat ont été octroyés sous forme de prêts. Qu’il faudra donc rembourser, avec intérêts.

La Belgique, 17e économie mondiale et pollueur historique, doit soutenir la demande des pays à faible revenu d’un financement climat sous forme de don. Il ne s’agit pas là d’un appel à la solidarité mais d’un rééquilibrage entre les pays historiquement plus responsables du réchauffement climatique et ceux, moins émetteurs, qui en subissent de plein fouet les conséquences. ll est scandaleux que les pays les plus pauvres déjà très endettés soient contraints d’emprunter pour faire face à la crise climatique dont ils ne sont pas responsables.

Taxer les milliardaires et les entreprises polluantes, une riche idée

Pas d’argent dans les caisses des états pour financer une transition écologique à la fois juste pour leurs citoyen.ne.s et pour les pays en première ligne ? Rien n’est moins sûr. Notre tout dernier rapport, intitulé « Les milliardaires du carbone » démonte cette idée reçue. Oxfam a déterminé que l’empreinte carbone de seulement 125 des milliardaires les plus riches du monde est équivalente aux émissions de carbone de la France, un pays de 67 millions d’habitant.e.s ! Et il ne s’agit pas seulement des émissions de leurs yachts ou de leurs jets privés : 50 à 70% de leurs émissions proviennent de leurs investissements dans des entreprises parmi les plus grandes et les plus polluantes du monde. 

Pendant que les milliardaires et les multinationales font flamber la planète, les états ne peuvent pas regarder ailleurs. Les gouvernements doivent légiférer afin d’obliger les entreprises à se fixer des objectifs contraignants pour réduire leurs émissions de carbone et taxer celles qui ne respecteront pas l’Accord de Paris. Quant aux milliardaires, ils sont souvent soumis.es à des taux d’imposition plus faibles que l’immense majorité des travailleurs et des travailleuses. Il est donc temps de mettre en place une très forte hausse des impôts payés par les plus riches. Notre rapport estime qu'un impôt sur la fortune des super riches pourrait rapporter 1.400 milliards de dollars par an ! Cela permettrait de générer des revenus vitaux pour protéger et soutenir les personnes qui pâtiront de la transition écologique et de soutenir les pays en première ligne.

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Les milliardaires du carbone

Notre rapport "Les Milliardaires du Carbone" est accessible au téléchargement

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