28 millions de personnes menacées par la faim en Afrique de l’Est
Une crise humanitaire de grande ampleur se déroule actuellement dans la Corne de l’Afrique. L’Ethiopie, le Soudan du Sud, la Somalie et le Kenya font face à une famine naissante. Elle est causée par une combinaison de différents facteurs : conflits, épisodes météos extrêmes causés par le dérèglement climatique (inondations dans certains pays, sécheresse dans d’autres), COVID-19 et conflit en Ukraine.
Oxfam et Save the Children estiment qu’une personne meurt de faim toutes les 48 secondes en Afrique de l’Est. Cette tragédie aurait pu être évitée si la communauté internationale n’avait pas ignoré les nombreux signes avant-coureurs. Il y a 10 ans, une réaction tardive avait déjà coûté la vie à 260 000 personnes en Somalie, dont plus de la moitié était des enfants de moins de 5 ans.
Le monde semble à nouveau incapable d’éviter une famine catastrophique en Afrique de l’Est. Des appels urgents sont à peine financés, et la guerre en Ukraine aggrave la crise car de nombreux pays de la région importent près de 90% de leur blé de l’Ukraine et de la Russie.
Oxfam travaille en étroite collaboration avec ses partenaires dans les pays concernés afin d’apporter une aide humanitaire d’urgence aux populations concernées.
Conflit en Ethiopie
Un conflit est en cours depuis 2020 dans la région du Tigré. Plus de 9 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire dans le Tigré et dans les régions voisines d’Amhara et Afar.
Parmi ces personnes, Dagmawit (nom d’emprunt), une femme de 35 ans, mère de 3 enfants. Elle a dû fuir sa maison en septembre à cause des combats. « J’ai fui en catastrophe pour sauver ma vie et celle de mes enfants », explique-t-elle. « Je ne sais pas ce qui est arrivé à mon mari. Je ne sais même pas s’il est encore en vie. Est-ce qu’il a pu fuir ? Dans quelle direction ? Je n’ai aucune idée d’où il peut se trouver. Moi, j’ai couru dans la même direction que les autres personnes pour m’éloigner des coups de feu… Dieu merci, nous avons pu trouver refuge ici. »
‘Ici’, c’est le centre pour personnes déplacées d’Ednat. Oxfam y travaille avec l’Organisation pour la Réhabilitation et de Développement d’Amhara (ORDA) afin de fournir à des personnes comme Dagmawit de l’eau, des installations sanitaires et de l’argent pour s’acheter des fournitures essentielles sur le marché local.
Au cours de l’année à venir, nous avons pour objectif d’aider 750.000 personnes au total dans les 3 régions touchées par le conflit (Tigré, Amhara et Afar).
Inondations au Soudan du Sud
Depuis 5 ans, des inondations saisonnières ravagent le Soudan du Sud. Depuis mai 2021, on estime que 825.000 personnes ont été affectées par les débordements du Nil blanc. 365.000 personnes vivent actuellement dans des camps temporaires.
C’est de justesse que Nyakaal Kel Madoot (56) et ses 9 enfants ont pu s’échapper de leur maison de Ganyiel lorsque les eaux ont monté. « La plus grande difficulté actuellement est de trouver de quoi se nourrir », explique-t-elle. « Nous manquons aussi d’eau potable, et le camp est mal équipé en ce qui concerne les installations comme des douches ou des toilettes. »
Oxfam est présente au Soudan du Sud depuis 30 ans et y collabore avec des organisations locales. Cet ancrage solide nous a déjà permis de venir en aide à 400.000 personnes. Nous visons à venir en aide à 240.000 personnes supplémentaires en leur fournissant de l’eau, des installations sanitaires, des kits d’hygiène, des semences ou encore des outils agricoles.
Sécheresse en Somalie
La Somalie fait face à une sécheresse persistante. Une situation rendue encore plus difficile l’année dernière par une invasion de criquets, qui ont dévasté les champs et pâtures. Selon l’ONU, 7,7 millions de personnes – soit la moitié de la population du pays – nécessitent une aide humanitaire.
Le manque d’eau impacte aussi bien les gens que les animaux. « Je possédais 128 vaches avant la sécheresse, je n’ai plus rien », se désole Hassan Sagar (72). « C’est pareil pour tout le monde ici. Tout le monde a perdu ses bêtes. Il n’y a même plus une chèvre. »
Comme tant d’autre, Hassan Sagar a quitté son village natal à la recherche d’eau et de nourriture pour sa famille. Oxfam et la Wajir South Development Association (WASDA) leur fournit de l’eau et des installations sanitaires afin de réduire le risque de maladies comme le choléra.
Notre objectif est d’atteindre 10.000 personnes dans la région du Jubaland, et 183.000 au total en Somalie. Parmi les actions planifiées, citons le forage de puits, des aides financières directes pour les familles vulnérables, la prévention des violences faites aux femmes ou encore la fourniture de semences et d’outils agricoles ainsi que la vaccination du bétail.