Communiqué de presse27 septembre 2024

Plus de femmes et d'enfants ont été tués à Gaza par l'armée israélienne que dans n'importe quel autre conflit récent en une seule année, alerte Oxfam

Les frappes israéliennes touchent des infrastructures civiles à Gaza - y compris les écoles, des hôpitaux et des points de distribution d’aide humanitaire - toutes les trois heures.

D’après une analyse d'Oxfam parue mardi 1er octobre, il ressort que plus de femmes et d'enfants ont été tués à Gaza par l'armée israélienne au cours de l'année écoulée que pendant n'importe quel autre conflit au cours des deux dernières décennies sur une période équivalente. 

Et la situation continue de s’aggraver. Les hostilités et les pertes de vies humaines s'étendent désormais au Liban et à la Cisjordanie - y compris Jérusalem-Est. Cette escalade régionale souligne une fois de plus la nécessité urgente d'un cessez-le-feu immédiat et permanent. 

Au moins 6000 femmes et 11 000 enfants tués à Gaza ces 12 derniers mois

D’après des estimations prudentes, plus de 6 000 femmes et 11 000 enfants ont été tués à Gaza par l'armée israélienne au cours des 12 derniers mois. 

D’une part, les données de la Small Arms Survey portant sur les morts directes dues à des conflits sur la période 2004 à 2021, analysées par Oxfam, estiment que le nombre le plus élevé de femmes tuées en une seule année était de plus de 2 600 en Irak en 2016, en-deçà des 6000 Palestiniennes tuées à Gaza au cours des 12 derniers mois. 

D’autre part, en passant au peigne fin les rapports des Nations unies comptabilisant le nombre d’enfants tués lors de conflits armés au cours des 18 dernières années, il ressort qu’aucun autre conflit n'a tué un plus grand nombre d'enfants en un an qu’à Gaza, pas même en Syrie. D’après un rapport de l'organisation Every Casualty Counts, plus de 11 000 enfants ont été tués au cours des deux premières années et demie de la guerre en Syrie, soit une moyenne de plus de 4 700 décès par an.

L'assaut militaire d'Israël a commencé en octobre dernier, à la suite d’attaques perpétrées par le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens. Près de 1 200 Israéliens et de ressortissants étrangers ont été tués, dont au moins 282 femmes et 36 enfants - la journée la plus meurtrière de l'histoire d'Israël. Ces attaques ciblées ont constitué de graves violations du droit international humanitaire. Plus de 250 personnes, dont 38 enfants, ont été kidnappées en Israël et emmenées de force à Gaza le 7 octobre. 96 d'entre elles seraient toujours détenues en otage dans la bande de Gaza.

Des infrastructures civiles frappées par Israël toutes les trois heures à Gaza

D’après des données fournies par Action on Armed Violence, une organisation basée à Londres qui enquête sur l'incidence et l'impact de la violence armée dans le monde (dont la dernière mise à jour date du 23 septembre), il ressort qu’Israël a frappé des infrastructures civiles à Gaza une fois toutes les trois heures en moyenne depuis le début de la guerre. À l'exception de la pause humanitaire de six jours en novembre dernier, il n'y a eu que deux jours sans que l’enclave palestinienne ne soit visée par des armes explosives (bombes aériennes, obus d’artillerie, missiles) sur l'ensemble de l'année. 

Ces données - qui ne sont pas exhaustives - montrent que les armes explosives israéliennes ont frappé en moyenne :

  • Des habitations toutes les quatre heures.
  • Des tentes et des abris temporaires toutes les 17 heures
  • Des écoles et des hôpitaux tous les quatre jours
  • Des points de distribution d'aide humanitaire et des entrepôts tous les 15 jours

Au cours des 12 derniers mois, Israël a commis de graves violations du droit international humanitaire, à un niveau tel qu’elles pourraient constituer des crimes contre l'humanité. Les destructions observées témoignent notamment de l'utilisation par Israël d'une force disproportionnée par rapport aux objectifs militaires et de l'absence de discernement entre les cibles militaires et la population civile. L'armée israélienne a ciblé sans relâche des infrastructures indispensables à la survie des civils. Les civils ont été déplacés de force des dizaines de fois vers des zones dites « sûres » qui ne respectent pas les standard humanitaires en la matière et qui ont de surcroît été régulièrement bombardées ou attaquées. 

Les rapports de l'ONU sur les enfants et les conflits armés démontrent que le nombre d'enfants palestiniens tués à Gaza et en Cisjordanie est incroyablement élevé. L'année dernière, plus de cinq fois plus d'enfants ont été tués à Gaza qu'entre 2005 et 2022.  

Le nombre record de femmes et d'enfants tués à Gaza ne tient pas compte des quelque 20 000 personnes non identifiées, disparues ou ensevelies sous les décombres. Au début de l'année, une étude publiée dans The Lancet a estimé que le nombre réel de décès à Gaza pourrait être supérieur à 186 000, en tenant compte des décès indirects - dus par exemple à la famine et au manque de soins de santé.

Une part importante des infrastructures civiles à Gaza ont été soit complètement détruites, soit gravement endommagées, y compris environ 68 % des terres cultivées et des routes. Seuls 17 des 36 hôpitaux sont encore partiellement fonctionnels et tous souffrent d'un manque de carburant, de fournitures médicales et d'eau potable.

Sally Abi Khalil, directrice d'Oxfam pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a déclaré : « Ces chiffres sont effroyables. Non seulement les acteurs influents de la communauté internationale n'ont pas demandé de comptes à Israël pendant près d’un an, ils se sont aussi de facto rendus complices des atrocités commises en continuant à fournir inconditionnellement des armes à l’état d’Israël. Il faudra des générations pour se remettre des effets dévastateurs de cette guerre et il n'y a toujours pas de cessez-le-feu en vue.

« Nos collègues et nos partenaires sont eux-mêmes déplacés, mais ils font chaque jour tout ce qui est en leur pouvoir pour répondre à cette catastrophe humanitaire. C'est une situation sans précédent à bien des égards : l'accélération rapide de la famine, la réapparition de la polio, la dévastation totale de la vie quotidienne à laquelle est confrontée la population tout entière. L'impunité et l'exemption du respect du droit humanitaire international dont bénéficie Israël doivent cesser - nous ne pouvons pas permettre que la souffrance des Palestiniens se poursuivent de la sorte ».

Le Dr Umaiyeh Khammash, directeur de Juzoor, une organisation-partenaire d’Oxfam qui prodigue des soins de santé et soutient des centaines de milliers de personnes dans plus de 90 abris et des antennes sanitaires à travers Gaza, a déclaré : « L'année écoulée a eu un impact dévastateur sur les femmes, qui portent un double fardeau. Nombre d'entre elles sont soudainement devenues cheffes de famille, devant assurer seules la survie de leur famille dans des zones où règnent la destruction. Les femmes enceintes et les mères allaitantes ont été confrontées à d'immenses difficultés, notamment en raison de l'effondrement des services de santé. »

« Pour les enfants, le traumatisme est tout aussi profond. Plus de 25 000 enfants ont perdu un parent ou sont devenus orphelins, ce qui les plonge dans une profonde détresse émotionnelle. La plupart des enfants sont aux prises avec l'anxiété et de graves blessures physiques, beaucoup d'entre eux ayant perdu des membres.

En Cisjordanie occupée, l'escalade et les niveaux de violence sans précédent font craindre que de graves violations du droit international et des crimes de guerre soient commis. Depuis octobre dernier, plus de 680 Palestiniens ont été tués par des colons ou des militaires israéliens. Plus d'un millier d'attaques de colons contre des Palestiniens ont été recensées, dont des attaques directes contre des terres agricoles qui ont entraîné la destruction de cultures, de systèmes d'irrigation et de serres, y compris des projets financés par la communauté internationale et soutenus par Oxfam. L'armée israélienne a ordonné la démolition de plus de 2 000 maisons palestiniennes et endommagé massivement des infrastructures publiques, dont des routes.

Oxfam appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza

Oxfam appelle à un cessez-le-feu immédiat et permanent, la libération de tous les otages et des Palestiniens détenus illégalement, mettre un terme à toutes ventes d'armes létales à Israël et à un accès libre et sans entrave de l'aide humanitaire. À la lumière du récent avis consultatif de la Cour internationale de justice et afin d'éviter toute complicité, la communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin immédiatement à l'occupation israélienne illégale des territoires palestiniens, exiger le démantèlement des colonies israéliennes en Cisjordanie et exiger de verser des réparations aux Palestiniens touchés par la guerre.

Notes aux rédactions

  • Le communiqué de presse est sous strict embargo jusque mardi, à 0h01. 
  • Agnès Bertrand-Sanz, chargée de plaidoyer pour le Proche-Orient chez Oxfam Belgique est disponible pour toutes questions. 
  • Les données analysées par Oxfam sont disponibles sur demande sous embargo.
  • Le nombre de femmes directement tuées par un conflit est tiré de la base de données « Small Arms Survey Global Violent Deaths », qui contient les dernières données disponibles pour la période 2004-2021. Elle comprend des données et des estimations sur les morts directes dues aux conflits, ventilées selon le sexe des victimes. Le nombre le plus élevé de femmes tuées dans un conflit au cours d'une année était de 2 647 en Irak en 2016. Même en tenant compte d'une éventuelle sous-estimation des femmes tuées dans d'autres conflits, le nombre de morts à Gaza est beaucoup plus élevé. Il a été comparé à un rapport publié par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) le 25 septembre, qui provient du ministère de la santé de Gaza. Sur les 41 495 personnes tuées, 34 344 ont été identifiées au 31 août. 6 297 sont des femmes et 11 355 des enfants. Le ministère ne fait pas de distinction entre les décès de civils et de combattants.
  • Un rapport de l'organisation Every Casualty Counts a examiné les informations disponibles sur la mort de 11 420 enfants dans le conflit syrien entre mars 2011 et fin août 2013 (environ 29 mois), soit une moyenne de 394 enfants par mois - 4 725 enfants par an.
  • Les rapports portant sur les enfants victimes de conflits armés publiés par le Secrétaire général des Nations unies ont commencé à rendre compte de manière cohérente des violations graves commises à l'encontre des enfants en 2006. Les rapports de l'ONU contiennent à la fois des chiffres vérifiés et estimés portant sur le nombre d'enfants tués chaque année lors de conflits armés. Il ressort des analyses d’Oxfam que le nombre d'enfants tués à Gaza dépasse de loin le nombre d'enfants tués au cours d'une seule année, tous conflits confondus. Ces chiffres ont ensuite été comparés au rapport du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires de l’Onu (OCHA) cité dans ce communiqué.   
  • Le nombre total d'enfants tués à Gaza et en Cisjordanie selon les rapports des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés entre 2005 et 2022 est de 2 304. 11 355 enfants ont été tués depuis le début de l'année, soit 4,9 fois plus que dans le rapport du BCAH.
  • Il existe peu de données vérifiées sur le nombre de femmes et d'enfants tués directement par le conflit pendant la guerre civile du Tigré (novembre 2020 - novembre 2022) dans le nord de l'Éthiopie. Bien que le rapport de Small Arms Survey fasse état du nombre de femmes tuées en Éthiopie, les données les plus référencées proviennent de l'Université de Gand, qui estime entre 300 000 et 600 000 le nombre de civils tués sur une période de deux ans. Sur les 3 074 décès bien documentés, 8 % étaient des femmes et 9 % des enfants (de moins de 20 ans). L'étude estime que 10 % des décès totaux sont dus à des bombardements et des massacres perpétrés sur des civils, 30 % au manque de soins de santé et 60 % à la famine.
  • Human Rights Watch a publié une analyse portant sur les attaques perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023 et le Times of Israel a documenté le nombre d'enfants israéliens pris en otage.
  • Action On Armed Violence (AOAV) enregistre, étudie et diffuse les preuves de la violence armée contre les civils dans le monde entier. Les données recueillies entre le 7 octobre et le 23 septembre inclus font état de 2 854 frappes explosives israéliennes - notamment des frappes aériennes, des missiles et des bombardements menés par des chars d’assaut. Ces informations sont datées, décrivent les circonstances de l’attaque ainsi que le nombre de civils tués et le lieu. Un rapport publié par l'AOAV l'année dernière a montré que les médias anglophones n’ont couvert qu'environ un tiers des décès civils réels causés par des frappes dans la bande de Gaza.

 

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Soutenez Oxfam à Gaza

Oxfam apporte une aide humanitaire dans la bande de Gaza constituée notamment de colis alimentaires, d’unités de désalinisation de l’eau, de bouteilles d’eau, de stations de lavage des mains, de couvertures, de lits, de kits médicaux, de kits pour femmes enceintes et allaitantes, de dispositifs pour les personnes handicapées ou encore de distributions de cash. 

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