Des soldats israéliens ont attaqué un projet d'Oxfam dans une ferme de Tulkarem, en Cisjordanie, alors que les violences commises par des colons et des militaires se multiplient

D’après la famille propriétaire de la ferme et d'autres témoins oculaires, lorsque les soldats ont remarqué qu'Odai et sa mère essayaient d'accéder à leur ferme, ils ont lancé des fusées éclairantes sur leurs champs, déclenchant un incendie. Le feu s’est propagé et a provoqué des dégâts sur leur maison. Alors qu'Odai et sa mère tentaient de maitriser l'incendie qui avait atteint leur maison, les voisins auraient vu des soldats continuer à lancer des fusées éclairantes sur leur exploitation agricole. Le feu a continué à se propager jusqu'à ce que la ferme soit détruite. 

La ferme familiale a bénéficié d’un financement émanant de la DGD dans le cadre de la création d'un « site de démonstration », sur lequel étaient testées de nouvelles techniques agricoles à l’aide de fumier fermenté et semi-fermenté afin de réduire les coûts de production, diminuer la dépendance à l'égard des pesticides chimiques et promouvoir des pratiques agricoles durables.

Ce n'est pas la première fois que la famille est prise pour cible. D’après la famille, l'armée israélienne a empêché Odai et d'autres agriculteurs d'accéder à leur ferme à partir du 7 octobre 2023. Lorsqu'ils ont finalement pu accéder à leur ferme le 11 octobre, l'armée israélienne avait détruit leur serre en plastique et son système d'irrigation. Le coût total de la série d’attaques qui ont visé la ferme ont causé un demi-million de shekels (126 000 €) de pertes totales pour la famille. De telles attaques, menées par des forces militaires d'occupation, peuvent également constituer de graves violations du droit international humanitaire. 

Mais la famille ne compte pas abandonner leur exploitation. Ils essaient de se rendre sur le site de leur ferme tous les jours afin, disent-ils « de ne pas perdre cette terre appartenant à leur famille depuis plusieurs générations », et exploitée en tant que ferme agricole depuis l'époque de leur arrière-grand-père.

Le contexte général : Alors que les atrocités se poursuivent à Gaza, l'oppression et la violence systématiques de l'armée israélienne et des colons à l'encontre des Palestiniens de Cisjordanie se sont considérablement aggravées. 

Alors que ce genre d’actes de violences sévissent depuis des décennies, la Cisjordanie a connu depuis le 7 octobre une augmentation importante de la violence des colons, des déplacements forcés, des arrestations arbitraires, des incursions militaires et une accélération de l’expansion des colonies. Selon les Nations unies, le nombre d'attaques de colons a doublé par rapport aux années précédentes, et 2024 a déjà enregistré le plus grand nombre d’accaparements de terres en Cisjordanie. 

Au cours des neuf derniers mois, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires du Secrétariat de l'ONU (OCHA) a documenté plus de 1 000 attaques de colons contre des civils palestiniens en Cisjordanie et leurs biens. Parmi ces attaques, plus de 100 d’entre elles ont blessé ou tué des Palestiniens, 859 ont détruit ou endommagé des biens ou des propriétés appartenant à des Palestiniens, et 118 ont blessé des civils et causé des dommages matériels. 

Plus de 46 000 arbres et jeunes plants appartenant à des Palestiniens ont été détruits au cours des neuf derniers mois par des individus dont il a été confirmé qu'ils étaient des colons israéliens ou qui étaient soupçonnés de l'être. La violence des colons et les restrictions d'accès ont également entraîné le déplacement de 29 communautés de bédouins et d'éleveurs, soit au moins 1 392 personnes (dont 663 enfants).

La colonisation en Cisjordanie occupée constitue un crime de guerre, et qualifiée comme étant contraire au droit international par l’avis consultatif rendu vendredi par la Cour Internationale de Justice de La Haye. Les communautés palestiniennes subissent de plein fouet l'expansion incessante des colonies par un gouvernement ultranationaliste qui poursuit un programme d'annexion permanente des terres palestiniennes. De simples condamnations ne suffisent pas, d’après Oxfam. Il est temps que la communauté internationale prenne enfin des mesures significatives et mette fin à sa complicité dans l'annexion illégale de terres palestiniennes par Israël.

Le 7 juillet, les dégâts répertoriés étaient les suivants :

• Infrastructures et cultures de tomates : 2 dunums (0,2 ha) détruits.  
• Autres cultures : 4 dunums (0,4 ha) de haricots, de poivrons et de concombres ont été détruits. 
• Bétail : 30 poulets sont morts de faim car ils n’ont pas pu être nourris.
• Ferme piscicole : Destruction du générateur, entraînant la mort de tous les poissons du bassin.

L'incident a également touché les agriculteurs voisins, qui ont subi des pertes importantes, notamment :

• Avocats : 2 dunums d'avocatiers en phase de production ont été détruits.
• Pépinière d'oliviers : 2 dunums de pépinière d'oliviers ont péri. 
• Zones ouvertes et réseaux d'eau : Des zones ouvertes avec des réseaux d'eau ont été complètement brûlées et les agriculteurs ne peuvent plus accéder à leurs terres.

Notes aux rédactions

• L'agriculteur est disponible pour des questions en arabe, avec un interprète. 
• La chargée de plaidoyer d'Oxfam à Ramallah est disponible pour des questions en français et en anglais, la responsable du projet du programme ciblé d'Oxfam est disponible pour des questions en anglais et en arabe. 
• Des images de la destruction sont accessibles via ce lien.