Les super-riches polluent plus que la moitié de l’humanité la plus pauvre
Le monde a émis autant de CO2 dans l’atmosphère en 25 ans, qu’au cours du reste de l’Histoire de l’Humanité. A ce rythme-là, d’ici à 2030, nous atteindrons un point de non- retour dans le réchauffement global. Alors que les personnes les plus vulnérables affrontent déjà les conséquences de la crise climatique, ce sont les plus riches de la planète qui sont responsables de la plupart des émissions.
Les 1% les plus riches de la planète émettent maintenant plus de deux fois plus de CO2 que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Pourtant, les personnes qui subissent les conséquences les plus graves de la crise climatique en sont les moins responsables. Les phénomènes climatiques extrêmes, comme les ouragans, les inondations ou les sécheresses touchent en effet principalement les 3,1 milliards de personnes les plus pauvres. Sans oublier la jeune génération qui hérite d’une planète de moins en moins vivable. Au nom d’une croissance économique sans limite, on assiste à une croissance des émissions de CO2 et des inégalités qui nous mènent droit dans le mur.
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Nous vivons une époque d'inégalités extrêmes. Il est encore temps de remettre les « privilèges carbone » en question. C’est ce qui ressort du dernier rapport Oxfam « Les inégalités des émissions en 2030 ».
D’ici à 2030, les 1 % les plus riches représenteront une part encore plus importante des émissions mondiales de CO2 qu’au moment de la signature de l’Accord de Paris en 2016. Nous estimons que l'empreinte carbone des 1 % les plus riches de la planète sera alors 30 fois supérieure à l'empreinte nécessaire pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, objectif fixé par l'Accord de Paris. L'empreinte carbone de la moitié la plus pauvre de l'humanité restera, en revanche, bien en dessous de ce seuil. Un exemple pour illustrer ce contratste : le milliardaire Roman Abramovitch, propriétaire du Chelsea Football Club, émet au moins 33 859 tonnes de CO2 par an à lui tout seul. Une personne moyenne aurait besoin de 7.000 ans pour en émettre autant !
Dans notre rapport, nous formulons deux recommandations afin d'atteindre l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux pré-industriels :
- S'attaquer aux inégalités extrêmes.
- Identifier les émissions excessives liées à la consommation et aux investissements des personnes les plus riches du monde.
Chaque tonne de CO2 compte
Les scientifiques nous ont prévenu.e.s : il faut tout faire pour limiter le réchauffement climatique en dessous de la barre des 1,5°C. Sinon, les conséquences climatiques seront complètement hors de contrôle. Pour ne pas dépasser cette barre, un « budget carbone » a été calculé. Il représente le nombre de tonnes d’émissions de CO2 à ne dépasser. Chaque année, ce qui est émis comme CO2 se rajoute à ce qui a été émis les années précédentes. Le budget carbone diminue donc tous les ans.
Ce budget, c’est le budget pour toute la planète. Mais la responsabilité dans la diminution de ce budget n’est pas la même pour tout le monde. Ceux qui l’entament le plus sont aussi ceux qui s’enrichissent le plus : entre 1990 et 2015, les 10% les plus riches de la planète représentent plus de la moitié des émissions de CO2 au niveau mondial.
Au rythme actuel, le budget carbone sera dépassé en 2030. Mais même si 90% de la population mondiale s’arrêtait maintenant d’émettre du CO2, la consommation des 10% ferait exploser le budget dans les premières années de la décennie 2030.
Et la Belgique dans tout ça ?
La Belgique fait à la fois partie du problème et de la solution. Il y a de nombreux.euses Belges au sein des 10% les plus riches de la planète. Ce qui signifie aussi qu’un gouvernement ambitieux sur la question climatique aura un réel impact sur les émissions globales, surtout s’il pousse les autres états membres de l’Union européenne à lui emboiter le pas.
Pour le moment, les grands discours n’ont pas été suivis de mesures politiques fortes. En effet, sur la période 1990-2015, la Belgique a continué à augmenter ses émissions de CO2. En moyenne, la quantité de CO2 émise par une personne dans notre pays est 8 fois supérieure à la quantité d’émissions qu’il ne faudrait pas dépasser pour rester sous la barre des 1,5°C de réchauffement.
S’attaquer aux « privilèges carbone »
Pointer les inégalités et les injustices liées aux émissions de CO2, c’est avant tout pointer des décisions politiques et un système économique qui placent le profit de quelques-un.e.s au- dessus des droits humains, de la justice sociale et de l’avenir de l’ensemble de la population mondiale. Les niveaux inconsidérés d’émissions que l’on atteint aujourd’hui sont le fruit de décisions politiques néolibérales prises lors des 20 ou 30 dernières années. Pour inverser la tendance, c’est avant tout au système qu’il faut s’attaquer.
Nous avons un rôle à jouer collectivement. À l’heure où les décideurs et décideuses politiques belges déploient leurs plans de relance économique, il est grand temps de les pousser de toutes nos forces à passer à l’action. C’est en nous unissant et en réclamant une transition juste que nous pourrons contrer les inégalités et la crise climatique. Les gouvernements doivent agir maintenant pour s’attaquer aux « privilèges carbone » des plus riches et lutter contre les inégalités sociales.
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