Les émissions de CO2 des Européens baissent, mais pas celles des riches
Les 10 et 11 décembre prochains, les dirigeant.es de l'UE vont tenter de se mettre d’accord sur un nouvel objectif de réduction des émissions de l'Union à l'horizon 2030. Selon Oxfam, il faudra tenir compte de ces inégalités de CO2 lors de l'élaboration de mesures concrètes : les épaules les plus fortes devront fournir le plus gros effort.
C’est l’une des conclusions principales du rapport « Combattre les inégalités des émissions de CO2 dans l’Union européenne », qui passe au crible les émissions liées à la consommation des Européen.nes, selon différentes catégories de revenus, entre 1990 et 2015.
L’empreinte carbone des plus riches doit diminuer drastiquement
Au cours de cette période de 25 ans, les émissions liées à la consommation ont diminué de 12 % tandis que les inégalités économiques se sont creusées dans l’UE :
- Les 10 % des citoyen.nes européen.nes les plus riches étaient responsables de plus d’un quart (27%) des émissions de l’UE, soit la même quantité que la moitié la plus pauvre de la population de l’UE réunie.
- La moitié la plus pauvre de la population européenne a réduit ses émissions de près d’un quart (24 %). En revanche, les 10 % des Européen.nes les plus riches ont augmenté leurs émissions de 3 %, et cette augmentation atteint 5 % chez les 1 % les plus nantis.
- Pour rester sur la bonne voie et maintenir le réchauffement planétaire en deçà de 1,5 °C, l’empreinte carbone des 10 % d’Européen.nes les plus riches devrait être divisée par dix d’ici 2030, et celle du 1 % les plus riches devrait être 30 fois moins élevée qu’aujourd’hui. Quant à l’empreinte carbone des 50 % les plus pauvres, elle doit être réduite de moitié.
La Belgique figure parmi les mauvais élèves européens
Le rapport révèle de fortes inégalités en matière d’émissions à l’intérieur des États membres de l’UE, mais aussi entre les pays. Il épingle par exemple le fait que les 10% de Belges les plus riches émettent autant de CO2 que l’équivalent de la population de la Hongrie, de la Suède, de la Finlande ou du Danemark.
De plus, les émissions par habitant.e des 10 % de Belges les plus riches sont les deuxièmes plus élevées de l'UE, seul le Luxembourg fait moins bien. Selon nos calculs, leur empreinte devrait diminuer de 95 % au cours des dix prochaines années si l’on veut limiter le réchauffement à 1,5°. Oxfam recommande à la Belgique de s’engager à réduire ses émissions de 60% d’ici 2030 lors du Conseil européen de cette semaine, soit un cran plus haut que les 55% annoncés par la ministre du climat Zakia Khattabi, le lundi 7 décembre sur Twitter. La Belgique ne peut pas se satisfaire de ce mauvais classement. Au contraire, elle doit montrer plus d’ambition climatique.
L’ambition climatique comme réponse à la pandémie de coronavirus
En 2020, et avec seulement 1 °C de réchauffement planétaire, la crise climatique a provoqué des inondations et des vagues de chaleur dans toute l’Europe, des ouragans meurtriers en Amérique centrale, d’énormes essaims de criquets pèlerins qui ont dévasté les cultures en Afrique de l’Est et des incendies de forêt sans précédent en Australie et aux États-Unis. Personne n’est à l’abri de ces phénomènes, mais ce sont les populations les plus pauvres et les plus marginalisées qui sont les plus durement touchées.
« Un objectif climatique ambitieux pour 2030, associé à un Green deal équitable, aidera l’Europe et la Belgique à rebondir après la crise de la COVID-19, grâce à des économies plus durables et plus résilientes qui fonctionnent pour tou.tes. Il est temps d’interdire les SUV, de taxer le kérosène des avions et d’investir dans la rénovation énergétique des bâtiments et dans les transports publics. La transition écologique peut créer des millions d’emplois, plus durables et garantir un air plus pur pour tout le monde », conclut Tim Gore, responsable des politiques climat chez Oxfam et co-auteur du rapport.
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