Communiqué de presse24 mai 2024

En Belgique, les 1 % les plus riches émettent autant que les 15 % les plus pauvres de la population

Quelques jours avant les élections, Oxfam Belgique pointe du doigt dans son nouveau rapport l’empreinte carbone démesurée de la tranche de personnes les plus riches du pays. Ces émissions de CO2 excessives constituent, d’après l’ONG, une menace pour l’objectif national que s’est fixé notre pays afin de limiter le réchauffement climatique au seuil critique de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Le rapport révèle également que les émissions de gaz à effet de serre basées sur la consommation par habitant en Belgique est la deuxième plus élevée d’Europe (après Malte) et la 9e du monde. 

Le nouveau rapport d'Oxfam Belgique intitulé « Inégalités climatiques en Belgique : un petit pays avec une empreinte carbone surdimensionnée » est basé sur des recherches menées par l'Institut de l'Environnement de Stockholm et évalue les émissions de consommation de différents groupes de revenus en 2019, l'année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles. Le rapport montre l'écart important entre l'empreinte carbone des Belges les plus riches et les émissions de carbone du reste de la population, ainsi que l'écart considérable entre les émissions des Belges et celles du reste du monde. 

  • En Belgique, les 1 % les plus riches émettent autant que les 15 % les plus pauvres, et les 10 % les plus riches émettent autant que les 45 % les plus pauvres 
  • La Belgique se classe au 9e rang mondial en termes d'émissions importées par habitant, devant les États-Unis, mais après les États principalement pétroliers. En Europe, la Belgique se classe au deuxième rang, après Malte. 
  • Presque tous les Belges dépassent leur part du budget carbone (le niveau d’émissions par habitant pour rester dans la limite d’un réchauffement de 1,5°C). 

« Ce rapport montre que la crise climatique est engendrée par les inégalités, que ces dernières l’aggravent et l’exacerbent même », déclare Rikst van der Schoor, experte en matière de climat et d'inégalités chez Oxfam Belgique et autrice du rapport. « Les personnes qui sont le moins responsables de la crise climatique sont aussi celles qui en souffrent le plus », conclut-elle.   

Les émissions par habitant de la Belgique sont parmi les plus élevées au monde et dépassent celles des États-Unis, de l'Allemagne et de la France, par exemple. La quasi-totalité des Belges émettent plus de gaz à effet de serre que ce que leur budget carbone leur autorise afin de rester dans les limites d’un réchauffement planétaire de 1,5°C, la limite que le GIEC a posée en 2018 pour préserver l’intégrité du système climatique et réduire les risques liés à la hausse des températures. 

L’empreinte carbone élevée des Belges est due entre autres aux fortes émissions de l'industrie (près de la moitié des émissions de CO2 en Belgique), aux émissions importées, et en partie à des caractéristiques propres au mode de vie des Belges : axé sur la voiture, avec des maisons et bâtiments mal isolés. Toutefois, l'étude montre que c'est principalement l'empreinte carbone excessive de la tranche la plus riche du pays qui est à l'origine du taux gigantesque d’émissions par habitant. 

Les émissions disproportionnées des 1 % les plus riches 

En effet, en Belgique, les émissions sont très inégalement réparties dans la société : les 1% les plus riches émettent plus de 20 fois plus que les 1% les plus pauvres. Là où le Belge ordinaire épuise son budget carbone en quelques mois, une personne faisant partie de la tranche des 0,1% les plus riches du pays, le fait en moins d'une semaine.  

Ces émissions élevées sont en grande partie dues au transport, en voiture et en avion (privé). Mais les investissements (fossiles) contribuent également aux émissions élevées des Belges les plus riches, estimées entre 50 et 70 %. De plus, ce groupe de Belges super-riches n'est pas représentatif de la société : la majorité d'entre eux sont des hommes blancs d'âge moyen très instruits. En revanche, les Belges les plus pauvres sont beaucoup plus susceptibles d'être des femmes, d'être peu qualifiés, d'avoir des problèmes de santé et/ou d'être issues de l'immigration. Les inégalités en matière d'émissions sont donc étroitement liées aux inégalités sociales.  

Les émissions élevées de la Belgique ont de graves conséquences dans le monde entier, mais aussi en Belgique même. Les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations et autres catastrophes dévastent les récoltes, les habitations et les vies humaines. Les femmes sont particulièrement touchées. Par exemple, la surmortalité lors des vagues de chaleur de 2022 en Belgique était six fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes. 

Pour éviter les pires effets de la crise climatique, les pays riches doivent réduire au plus vite leurs émissions démesurées de CO2. L’Europe doit d’ailleurs atteindre la neutralité climatique bien avant 2050. De plus, 67% des citoyens européens pensent que leurs gouvernements n’en font pas assez pour combattre le dérèglement climatique. Dans le cadre de ses recommandations au futur gouvernement belge, Oxfam demande à tous les partis politiques de faire de la justice climatique une priorité absolue. Une telle politique implique de réduire les inégalités croissantes et de prendre en compte les besoins de chacun et de chacune.  

Oxfam préconise : 

  • De réduire les inégalités par le biais d'une redistribution fiscale plus équitable (au moyen d'un impôt sur la fortune, notamment). 
  • D’éliminer rapidement tous les combustibles fossiles. 
  • D’augmenter sensiblement la part modale des transports publics et fortement diminuer celle des véhicules particuliers et de l’avion. 
  • Un refinancement massif du secteur des soins de santé et l’économie du care. 
  • De favoriser les investissements dans les systèmes alimentaires agroécologiques et dans l'aménagement du territoire. 
  • D’accélérer l’isolation des bâtiments et la construction de logements plus durables.  
  • De mener une politique de transition climatique qui tienne compte des inégalités sociales.  

La Belgique étant l’un des plus grands émetteurs par habitant, elle a une responsabilité historique dans la quantité cumulée de dioxyde de carbone (CO2), elle doit donc faire partie des leaders de la transition verte. Sinon, cela coûtera chaque année des vies humaines en Belgique et dans le monde entier, sans compter les 9,5 milliards d'euros de dégâts causés chaque année par les vagues de chaleur, la sécheresse et les inondations, rien qu'en Belgique.

Notes aux rédactions 

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