Inégalités climatiques en Belgique : un petit pays avec une empreinte carbone surdimensionnée

Quelques jours avant les élections, Oxfam Belgique pointe du doigt dans son nouveau rapport l’empreinte carbone démesurée de la tranche de personnes les plus riches du pays. Ces émissions de CO2 excessives constituent, d’après l’ONG, une menace pour l’objectif national que s’est fixé notre pays afin de limiter le réchauffement climatique au seuil critique de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Le rapport révèle également que les émissions de gaz à effet de serre basées sur la consommation par habitant en Belgique est la deuxième plus élevée d’Europe (après Malte) et la 9e du monde. 

Path 587 Path 588 Path 589 Path 590 Path 591 Path 592 Path 593 Path 594 Path 595

Inégalités climatiques en Belgique : un petit pays avec une empreinte carbone surdimensionnée

Résumé du rapport

Le monde est confronté à des crises climatiques de plus en plus graves et à des inégalités affolantes. Les personnes, les entreprises et les pays les plus riches ont un impact destructeur sur la planète à travers leurs émissions colossales de carbone. Pendant ce temps, les personnes qui vivent dans la pauvreté, les groupes marginalisés et les pays à revenu faible ou intermédiaire sont les plus durement touchés par le dérèglement climatique. Les femmes et les filles, les populations autochtones et les autres groupes victimes de discrimination sont particulièrement désavantagés. Partout dans le monde, la population ressent les effets de la crise climatique, mais seuls les personnes et les pays les plus riches disposent de la capacité, du pouvoir et de l’influence nécessaires pour se protéger. Ce pouvoir s’accompagne d’une immense responsabilité.

La consommation par habitant·e en Belgique est extrêmement élevée et n’est devancée que par celle de Malte, en Europe. Dans le monde, la consommation moyenne n’est plus élevée que dans sept pays, principalement de petits États pétroliers. Les émissions par habitant·e en Belgique sont plus élevées qu’aux États-Unis.

Notre étude montre que c’est principalement l’empreinte carbone excessive des plus riches qui est à l’origine des énormes émissions par habitant·e. En Belgique, les différences entre riches et pauvres sont très grandes : les 1 % des personnes aux revenus les plus élevés consomment autant de dioxyde de carbone que les 15 % aux revenus les plus faibles. Le budget carbone (ce qu’il reste de CO2 avant que nous ne dépassions la limite de « sécurité » de 1,5 °C de réchauffement de la température mondiale) est rapidement épuisé. Chaque Belge consomme trop de CO 2, mais certain·e·s en consomment beaucoup plus que d’autres : là où le·a Belge moyen·ne épuise le budget carbone annuel en quelques mois, une personne appartenant aux 0,1% les plus riches le fait en moins d’une semaine.


L’inégalité en termes d’émissions est fortement liée à d’autres inégalités dans la société : inégalité des revenus, mais aussi de genre, d’origine ethnique, d’âge, de nationalité, de santé, de sexualité, de couleur de peau, de situation du logement, de niveau d’éducation, etc. Les 1% des personnes ayant les revenus les plus élevés ne sont pas représentatifs de la diversité de la société belge, mais se compose principalement d’hommes blancs d’âge moyen ayant un niveau d’éducation élevé. Parmi les revenus les plus faibles, les femmes, les personnes de couleur et les personnes ayant un niveau d’éducation moins élevé sont surreprésentées.


Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est clair : nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre au plus vite afin d’éviter les pires conséquences du dérèglement climatique et de ne pas dépasser en permanence la limite de
1,5 °C. D’ici 2030, les émissions de CO2 doivent être inférieures de 48 % à celles de 2019 et d’ici 2050, le bilan doit être nul, puis les émissions de CO2 devront être négatives.2 La politique belge actuelle est insuffisante pour atteindre ces objectifs. La Flandre n’atteindra même pas l’objectif de 2030. En tant que grand émetteur mondial, avec également une responsabilité historique majeure dans la consommation cumulée du budget carbone total, la Belgique doit prendre la tête de la transition verte. Si nous ne le faisons pas, le réchauffement de la planète coûtera à la seule Belgique quelque 9,5 milliards d’euros par an en dommages
causés par la chaleur, la sécheresse et les inondations.Sans parler du lourd tribut humain, en Belgique et dans le reste du monde.


Ce scénario peut être évité. Des alternatives bien pensées et prêtes à l’emploi existent. Avec des objectifs climatiques ambitieux et contraignants, du courage politique et un système fiscal ciblé, nous pouvons améliorer notre aménagement du territoire, réduire notre dépendance à la voiture, rendre nos logements plus durables, renforcer notre économie des soins de santé, assurer l’avenir de notre approvisionnement alimentaire et mettre fin à notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Ce n’est qu’en réduisant radicalement les inégalités que nous pouvons sauver la planète tout en garantissant le bien-être de tou·te·s. C’est pourquoi Oxfam demande aux responsables politiques belges d’introduire un impôt sur la fortune, de réduire fortement les inégalités, d’éliminer progressivement les combustibles et carburants fossiles, de restreindre les émissions excessives des 1% les plus riches et d’investir à grande échelle dans l’aménagement du territoire, le logement, le système alimentaire et le système de soins.

Droite