Een Keniaanse vrouw giet water over in een tank.
Communiqué de presse22 août 2023

Un nouveau puits de forage sur cinq est à sec ou impropre à la consommation humaine

Dans un rapport publié à l’occasion de la Semaine mondiale de l’eau, Oxfam avertit que l’insécurité hydrique liée aux changements climatiques représente l’une des plus grandes menaces pour l’humanité. D’après l’étude intitulée « Les dilemmes de l’eau », elle entraînera une aggravation de la faim, des maladies et des déplacements de population, dans les 20 pays analysés.

Les ingénieures et ingénieurs en eau d’Oxfam doivent forer des puits plus profonds, plus coûteux et plus difficiles à entretenir pour approvisionner en eau certaines des communautés les plus pauvres du monde. Malheureusement, les réservoirs sont maintenant le plus souvent asséchés, presque vides ou pollués.

Aujourd’hui, à l’occasion de la Semaine mondiale de l’eau, Oxfam publie « Les dilemmes de l’eau », premier rapport d’une série de publications consacrée à la crise croissante de l’eau, principalement due au réchauffement mondial provoqué par les émissions de gaz à effet de serre. Le rapport montre comment les changements climatiques entraîneront une augmentation de l’insécurité hydrique dans différentes régions du monde et par conséquent une aggravation de la faim, des maladies et des déplacements de population.

Nafkote Dabi, responsable mondiale de la justice climatique à Oxfam International, déclare : « Alors que le réchauffement climatique est dû à l’exploitation du pétrole, du charbon et du gaz, ses effets néfastes se manifestent principalement à travers la crise mondiale de l’eau qui représente l’une des plus grandes menaces pour l’humanité. Elle exacerbera à n’en pas douter la faim, les maladies et les déplacements de population, en particulier dans les pays et communautés les moins préparées pour faire face aux changements climatiques ».

Un puits sur cinq à sec

Betty Ojeny, responsable de l’eau et de l’assainissement d’Oxfam en Afrique, est en première ligne de la réponse à la sécheresse en Afrique de l’Est. « Un nouveau puits de forage sur cinq que nous creusons maintenant dans la région où je travaille est à sec ou impropre à la consommation humaine, affirme-t-elle. Nous devons creuser des puits plus profonds dans des terres durcies, ce qui augmente le coût des travaux à l’heure même où les financements des bailleurs dans ce domaine diminuent.

« Nous sommes contraints de recourir à des techniques de dessalement de l’eau coûteuses qui sont parfois défectueuses, notamment dans les environnements plus hostiles où nous devons travailler. Les conséquences des changements climatiques se font déjà sentir, et ce n’est que le début », avertit-elle.

Betty Ojeny participe actuellement à la plus vaste intervention humanitaire actuelle lancée par Oxfam en Afrique de l’Est, où plus de 32 millions de personnes risquent d’être confrontées à une insécurité alimentaire aiguë ou à l’inanition en raison d’une sécheresse qui persiste depuis cinq ans, dont les effets ont été aggravés par les conflits et la pauvreté. Ailleurs dans la région, les populations sont confrontées à des inondations soudaines dévastatrices et à des pluies imprévisibles qui détruisent les récoltes et les moyens de subsistance.

« Le réchauffement climatique augmente la fréquence et la gravité des catastrophes comme les inondations et les sécheresses, et la situation ne fera qu’empirer dans les années qui viennent. Le manque cruel d’investissements dans le renforcement des systèmes d’approvisionnement en eau laisse les pays à la merci des catastrophes », déplore Nafkote Dabi.

Inondations, intensification des vagues de chaleur et migrations forcées en Afrique

D’après le rapport, l’Afrique de l’Est pourrait enregistrer une hausse de 8 % des précipitations d’ici 2040, accompagnée d’un cycle d’inondations et de sécheresses susceptible d’entraîner une hausse catastrophique de 30 % des ruissellements de surface. Ce phénomène élimine les nutriments des sols épuisés et détruit les infrastructures. D’après ces prévisions, 50 à 60 millions de personnes supplémentaires risquent de contracter la malaria d’ici 2030.

L’Afrique de l’Ouest sera confrontée à des problèmes similaires en raison de la crise de l’eau. Les deux régions sont confrontées à une intensification de 8 % à 15 % des vagues de chaleur ainsi qu’à une chute de la productivité du travail estimée entre 11 % et 15 %, dans un contexte marqué par les migrations massives, l'aggravation de la pauvreté et de la faim, la modification des cultures, les pertes de bétail, ainsi que la multiplication des conflits liés à l'eau.  

« Aujourd’hui, en raison des sécheresses, plusieurs systèmes d'approvisionnement en eau installés par Oxfam sont déjà devenus obsolètes car les communautés pastorales sont contraintes de migrer pour trouver de nouveaux pâturages ailleurs. Ces déplacements compromettent la gestion communautaire de l'eau, qui est essentielle pour la durabilité des systèmes et le renforcement de la résilience des populations, explique Betty Ojeny.

« Au Soudan du Sud, nous constatons déjà que les inondations emportent les installations sanitaires et submergent les puits de forage, les rendant inutilisables. L'augmentation du nombre de maladies d'origine hydrique comme le choléra exerce une pression considérable non seulement sur notre travail dans le domaine de l'eau et de l'assainissement, mais aussi sur nos initiatives de santé publique », conclut-elle.

À l’inverse, le rapport prévoit une diminution sensible des précipitations, des niveaux d'eau et du ruissellement des rivières au Moyen-Orient d’ici 2040, ce qui aggravera l’insécurité alimentaire. Les vagues de chaleur augmenteront de 16 % et entraîneront une baisse de 7 % de la productivité du travail, ainsi qu’une hausse des prix de l’eau due à une augmentation de la demande.

Les pays d'Asie seront quant à eux seront principalement touchés par l'élévation du niveau de la mer, qui pourrait atteindre plus d'un demi-mètre d'ici 2100. Ce phénomène, associé aux ruissellements de surface et à la fonte des glaciers, aura des effets sur les aquifères d'eau douce souterraine, en particulier dans les zones côtières où vivent des centaines de millions de personnes. En outre, le rapport prévoit une augmentation de 8 % des vagues de chaleur en Asie et une baisse de 7 % de la productivité du travail qui entraîneront une augmentation de la pauvreté et des mouvements migratoires. Les prévisions mentionnent également une flambée potentielle des maladies comme la malaria et la dengue, à hauteur de 183 %.

L’ensemble de ces évolutions auront des répercussions sur les sources alimentaires et la productivité des populations et aggraveront le problème de la faim. D’après Oxfam, la faim chronique risque d’augmenter d’un tiers d’ici 2050 en raison des changements climatiques dans dix pays qui figurent parmi les plus exposés aux risques climatiques. Autrement dit, 11,3 millions de personnes supplémentaires souffriront de la faim à cause des bouleversements climatiques. Nous sommes bien loin de l'objectif « Faim zéro » des Nations Unies. 

Un tiers de projets humanitaires liés à l’eau financés l’an dernier

Le rapport indique que des décennies de sous-investissement dans les systèmes d'approvisionnement en eau, de mauvaise gestion de l'eau, d'érosion, de pollution et de surexploitation des aquifères souterrains aggravent la crise de l'eau. Des millions de personnes déjà défavorisées sont maintenant démunies face aux effets néfastes de la crise climatique. L’année dernière, seulement 32 % des 3,8 milliards de dollars requis dans le cadre des appels humanitaires de l’ONU pour financer les projets liés à l’eau et à l'assainissement ont été recueillis. Les pays les plus vulnérables à l'insécurité de l’eau n'investissent pas dans les infrastructures d'approvisionnement en eau.

« Les prévisions les plus inquiétantes qu’il fallait éviter à tout prix sont déjà en train de se réaliser. Aujourd’hui, avec la trajectoire actuelle des émissions, l’avenir de milliards de personnes est menacé par l’aggravation de la crise de l'eau, qui se poursuit dans l’indifférence totale de la classe politique. Les pays riches et polluants doivent réduire immédiatement et radicalement leurs émissions et financer les infrastructures d'approvisionnement en eau dans les communautés pauvres.

« Il est encore temps de changer de cap et de choisir la voie de la sécurité, mais nous devons agir sans tarder. Les gouvernements doivent revoir totalement leurs priorités et leurs investissements et faire des systèmes d'approvisionnement en eau une priorité politique absolue. Ils doivent injecter sans tarder les 114 milliards de dollars annuels requis par l’ONU dans les secteurs de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène qui permettront de sauver des vies aujourd’hui et de faire avancer pratiquement tous les autres objectifs de l’ONU à l’horizon 2030 » préconise Nafkote Dabi.

Notes aux rédactions

  • Le rapport d’Oxfam « Les dilemmes de l’eau » est disponible via ce lien. Le rapport s'appuie sur la littérature scientifique et les modélisations climatiques existantes, ainsi que sur des témoignages et des données empiriques, pour mettre en évidence les effets de l'insécurité hydrique liée au climat sur l'insécurité alimentaire, les conflits, les déplacements de population et les migrations, les inégalités de genre et les maladies dans quatre régions (Asie ; Moyen-Orient ; Afrique de l'Ouest ; Corne de l'Afrique, Afrique de l'Est et Afrique centrale ou HECA).
  • Depuis des décennies, Oxfam aide des millions de personnes vulnérables en leur fournissant des systèmes d'eau et d'assainissement d’urgence, en collaboration avec les autorités, les partenaires locaux et les communautés du monde entier. Oxfam est une organisation de première ligne en termes d'intervention en eau et assainissement dans le secteur de l'aide humanitaire et du développement. 
  • L’année dernière, Oxfam s’est penchée sur dix des pays les plus exposés aux risques climatiques dans le monde (la Somalie, Haïti, Djibouti, le Kenya, le Niger, l'Afghanistan, le Guatemala, Madagascar, le Burkina Faso et le Zimbabwe), qui ont été touchés de manière récurrente par des conditions météorologiques extrêmes au cours des deux dernières décennies. Elle a constaté que la faim avait plus que doublé dans ces pays en seulement six ans. La liste des dix pays les plus exposés aux risques climatiques a été établie sur la base des pays qui ont fait l'objet du plus grand nombre d'appels des Nations Unies liés à des conditions météorologiques extrêmes depuis 2000 et où le climat est considéré comme un « facteur majeur » de ces appels. Source : Le rapport d’Oxfam intitulé « L’heure des comptes » publié en mai 2022, et le rapport « La faim dans un monde qui se réchauffe » publié en septembre 2022.
  • Les projections relatives au nombre de personnes qui risquent de souffrir de la faim dans les 10 pays susmentionnés d'ici 2050, avec et sans les changements climatiques, sont tirées du Modèle international d'analyse des politiques pour les produits agricoles et du commerce (IMPACT) de l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). Au niveau mondial, l'IFPRI prévoit qu'en 2050, environ 70 millions de personnes supplémentaires risquent de souffrir de la faim en raison des changements climatiques. Parmi elles, 28 millions se trouvent en Afrique de l'Est et en Afrique australe. Source : Rapport 2022 de l’IFPRI (en anglais) Climate Change and Food Systems
  • Seuls 32 % des 3,8 milliards de dollars requis dans le cadre de l'appel humanitaire mondial pour le secteur WASH en 2022 ont été financés. Source : Service de surveillance financière du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies.    
  • D’après l’ODD 6 de l’ONU, pour réaliser les objectifs 2030 relatifs à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène, les progrès doivent être multipliés par six.
  • D’après les estimations, en Afrique de l’Est, plus de 32 millions de personnes sont confrontées à une crise alimentaire ou à des niveaux de faim plus graves, dont 20,1 millions en Éthiopie, 5,4 millions au Kenya et 6,6 millions en Somalie. Source : Plan de l’intervention humanitaire en Éthiopie pour 2023, Rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) sur le Kenya pour mars à mai 2023 et rapport de l’IPC sur la Somalie pour avril à juin 2023.

 

volunteer_activism_black_24dp Group 790 Rectangle 991 Group 794 Group 793 Group 792 Group 791 Path 823 Path 824

Aidez-nous à faire face à la crise mondiale de l'eau

Afin de faire face aux besoins humanitaires engendrés par la crise climatique, mais aussi les conflits et l’insécurité alimentaire, Oxfam Belgique a ouvert un appel aux dons.

Droite