Communiqué de presse14 avril 2025

Soudan : la crise humanitaire la plus grave au monde menace désormais la stabilité régionale

Alors que le conflit soudanais entre dans sa troisième année, les déplacements massifs et les combats transfrontaliers s'étendent aux pays voisins, aggravant une crise humanitaire déjà catastrophique. L'approche de la saison des pluies, combinée aux coupes budgétaires dans l'aide par les États-Unis et d'autres grands donateurs, menace d'entraver encore davantage les efforts humanitaires, mettant ainsi des millions de personnes en danger, avertit aujourd'hui Oxfam.

Le conflit brutal qui sévit au Soudan a engendré la plus grande crise humanitaire au monde. Plus de 12,7 millions de personnes, soit près d'un tiers de la population, ont été contraintes de fuir leur foyer, dont 3,7 millions vers les pays voisins. Un Soudanais sur deux est confronté à la faim. Cinq régions du pays connaissent déjà la famine et près de huit millions de personnes risquent la faim.

La prochaine saison des pluies au Soudan rendra les routes boueuses et provoquera probablement l'effondrement de ponts, coupant des zones entières de l’aide et des services essentiels. Cette période coïncide avec la période de soudure annuelle, au cours de laquelle l'insécurité alimentaire atteint déjà son paroxysme.  

Un nouveau rapport Les dessous de la plus grande catastrophe humanitaire au monde : du Sahel à la mer Rouge (sous embargo jusqu’au 14 mais disponible par retour de mail) - publié conjointement avec les organisations humanitaires qui répondent à la crise soudanaise, met en lumière le coût humain effarant du conflit au Soudan. Il avertit que le conflit soudanais se propage dans les pays voisins, le Sud-Soudan et le Tchad, où les besoins humanitaires sont déjà criants.

Fati N’Zi-Hassane, directrice d’Oxfam en Afrique, a déclaré : « Nous assistons déjà à des affrontements entre des groupes armés du Sud-Soudan et du Soudan. Cette situation instable couve comme un volcan sur le point d’entrer en éruption d'une minute à l'autre. Si les combats ne cessent pas et si la crise humanitaire n'est pas résolue, la situation pourrait rapidement se transformer en une véritable catastrophe régionale ». 

Deux des pays hébergeant des réfugiés, le Sud-Soudan et le Tchad, comptent déjà parmi les pays les plus pauvres du monde. Ils sont aux prises avec des conflits, l'insécurité alimentaire et les chocs climatiques, ce qui les rend mal équipés pour gérer la crise. Au Sud-Soudan, l'arrivée de personnes fuyant le conflit soudanais a augmenté la pression sur des ressources déjà limitées, ce qui aggrave les tensions locales et menace la paix fragile que le Sud-Soudan s'est efforcé de maintenir.

Nadia, mère d'un fils de cinq ans, Ismail, a fui et se réfugie actuellement à Renk, au Sud-Soudan, après que des soldats aient tué son mari et ses deux enfants : « La guerre nous a tout pris. Nous sommes partis sans rien d'autre que les vêtements que nous portions sur le dos. Ici, nous sommes à l'abri des balles, mais il n'y a pas de nourriture, nous mourons de faim. »

Le rapport indique également que 17 millions d'enfants au Soudan ne sont pas scolarisés et que 65 pour cent des enfants réfugiés au Tchad n'ont pas accès à l'éducation, ce qui accroît les risques de travail des enfants, de mariage, de traite et de recrutement par des groupes armés. 

Pour la première fois dans l'histoire de l'action humanitaire moderne, un seul pays, le Soudan, atteint plus de 30 millions de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire. Pourtant, malgré l'aggravation rapide de la crise humanitaire, l'aide internationale est loin d'être suffisante. À ce jour, seuls 10 pour cent de l'appel de fonds lancé par les Nations unies pour le Soudan ont été reçus.

La suspension récente d'un financement d'environ 64 millions de dollars de l'USAID pour le Tchad et le Sud-Soudan en 2025 a également porté un coup sévère aux efforts pour sauver des vies. En 2024, les États-Unis étaient le principal bailleur de fonds de ces deux pays. 

« Fermer les yeux sur cette crise ne serait pas seulement un grave échec politique et moral, mais aussi la faillite de notre humanité profonde. Sans une injection immédiate de fonds, des millions de personnes mourront simplement de faim ou de maladie », a ajouté Mme N’Zi-Hassane.

Le rapport exhorte toutes les parties belligérantes à cesser les combats et à donner la priorité à la diplomatie, afin d'instaurer un cessez-le-feu immédiat et durable. 

Notes aux redactions

  • Lisez Les dessous de la plus grande catastrophe humanitaire au monde : du Sahel à la mer Rouge (en anglais). Le rapport dirigé par Oxfam, NRC et CARE est conjointement approuvé par le Forum du Soudan et du Sud-Soudan, le groupe de travail inter-agences (IAWG) pour l'Afrique de l'Est et centrale et le Forum des ONG en Afrique de l'Ouest et centrale (FONGI).
  • Oxfam soutient 150 000 personnes fuyant le conflit à Renk, au Sud-Soudan, et a assisté 94 562 réfugiés dans l’est du Tchad, en leur fournissant de l'eau potable, des équipements d'hygiène et de l'argent liquide.  
  • Le Soudan compte actuellement 1 personne déplacée sur 8 dans le monde et 1 réfugié sur 13 dans le monde, ce qui fait de ce pays l'un des principaux facteurs de déplacement dans le monde. 
  • La guerre au Soudan a laissé 4,8 millions de personnes dans les pays voisins (Égypte, Libye, Soudan du Sud, Tchad, Éthiopie et Ouganda) dans le besoin d'une aide humanitaire d'urgence, contre 1,8 million à la mi-2023, soit plus du double. 
  • Malgré les besoins de financement, seul un tiers du plan régional d'intervention en faveur des réfugiés a été reçu l'année dernière.
  • Au Sud-Soudan, le nombre de personnes ayant besoin d'aide a plus que doublé au cours de la dernière décennie, passant de 4,1 millions en 2015 à 9 millions en 2025, tandis qu'au Tchad, une personne sur trois, soit environ 7 millions de personnes, aura besoin d'aide en 2025.
  • Le plan d'intervention humanitaire du Soudan pour 2025 nécessitait 434,5 millions de dollars, dont près de 10 pour cent ont été financés selon le portail de suivi de l'assistance financière de l'UNOCHA.
  • Le financement de l'USAID pour le Tchad et le Sud-Soudan en 2025 a été réduit d'environ 64 millions de dollars. Source : The Center for Global Development
  • En décembre 2024, le Comité d'examen de la famine (CEF) a classé cinq régions du Soudan en situation de famine (phase 5 de l'IPC) : Zamzam, camps d'Abu Shouk et d'Al Salam dans la localité d'Al Fasher et dans les Monts Nouba occidentaux. Il a également prévu que la famine s'étendrait à cinq autres régions d'ici mai 2025.
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