Plan climat belge : quelle place pour les droits humains ?
Les 6 derniers mois ont vu défiler des dizaines de milliers de citoyen.ne.s exigeant une politique climatique ambitieuse et socialement juste. La Loi Climat demandée à cor et à cri par les manifestant.e.s n’a finalement pas été adoptée par cette législature.
Elle sera peut-être remise à l’ordre du jour politique dès que la Belgique se dotera d’un nouveau gouvernement. Une chose est sûre : la Belgique devra en tous les cas remettre en décembre 2019 son Plan National Intégré Energie Climat pour 2021-2030.
C’est quoi un Plan Climat ?
Ce plan détaille la manière dont la Belgique entend atteindre les objectifs qui ont été fixés au niveau européen. Notre pays doit notamment réduire ses émissions à effet de serre de 35% par rapport à 2005 à l’horizon 2030. Afin de progresser dans cette voie, les 28 ont déjà soumis leurs premières propositions nationales fin 2018.
La législation européenne oblige aussi chaque pays à mettre en place une consultation publique, ce que notre gouvernement en affaires courantes a fait le 4 juin dernier. Elle sera accessible jusqu’au 15 juillet et donne aux citoyen.ne.s la possibilité de s'exprimer sur les engagements pris au niveau belge.
Loi Climat ou pas, la Belgique devra finaliser ce Plan et l’Union Européenne veillera à ce que ce soit respecté. Mais il reste peu de temps pour agir face à l’urgence climatique. La législation européenne a le mérite d’exister mais elle n’intègre pas les recommandations du GIEC de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 65% par rapport à 1990 à l’horizon 2030 pour limiter la hausse de la température à + 1.5ºC. Une Loi Climat belge permettrait d’intégrer ces objectifs plus ambitieux. De nombreux pays comme le Royaume-Uni, la France ou les Pays Bas en ont déjà adopté une. C’est donc surtout une question de volonté politique.
Le Plan climat belge pas assez inclusif selon Oxfam !
Le Plan Climat omet d’incorporer des garde-fous pour la protection des droits humains bien que ce soit exigé par l’UE et prévu par l’accord climatique adopté à la COP de Paris en 2015. A part quelques références à la précarité énergétique en Belgique, le Plan ne fait référence ni à la sécurité alimentaire, ni à la justice de genre ni aux autres objectifs de développement durable.
Quelles conséquences pour les pays du Sud ?
Le Plan Climat prévoit notamment une augmentation sans précèdent de l’utilisation des agrocarburants. Or, ce n’est pas en Belgique que l’essentiel de ces agrocarburants sont produits, mais plutôt au Paraguay, au Brésil, ou en Argentine où ont déjà été constatées des violations des droits humains. Un rapport récent d’Oxfam montre comment des populations en Tanzanie ont été déplacées de leurs foyers pour produire des agrocarburants consommés sur le marché belge. De plus, lorsque ces plantations empiètent sur les terres des communautés, les violences sexuelles, les viols et les différents abus envers les femmes et les filles augmentent considérablement.
Une augmentation de la température aura des conséquences importantes pour les populations du Sud. Il est prouvé que le changement climatique modifie notamment l’intensité et la fréquence des cyclones. Les crises humanitaires qui ont suivi le passage des cyclones Idai et Kenneth en Afrique australe ont démontré une fois de plus les conséquences dévastatrices de ce type de phénomènes.
Comme l’a montré le récent rapport d’un groupe d’experts belges, la version actuelle du Plan Climat ne permet pas de respecter les objectifs de l’Accord de Paris ni d’opérer une transition juste vers une société décarbonée bien avant 2050.
Participez à la consultation publique
Si vous aussi vous voulez demander aux autorités belges de respecter les droits humains dans sa politique climatique et de réduire drastiquement la part des agrocarburants dans son Plan Climat, participez à la consultation publique.
Oxfam a déjà transmis ses recommandations pour que les droits humains soient mis en avant dans le Plan Climat. Vous pouvez vous aussi transmettre ce document au bureau d’enquête en l’envoyant par mail à : pnec@enquete.belgium.be.
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