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Communiqué de presse24 novembre 2025

Réaction d’Oxfam aux nouvelles mesures budgétaires : « Ce budget fait peser la facture sur les ménages, pas sur les épaules les plus larges. »

Oxfam exprime sa vive inquiétude face aux mesures budgétaires annoncées par le gouvernement, qui risquent d’aggraver les inégalités au lieu de les réduire. Les choix opérés imposent une charge disproportionnée aux ménages à faibles et moyens revenus, tandis que les personnes les plus riches et les grandes entreprises, celles qui disposent de la plus forte capacité contributive, restent largement épargnées.

Une charge injuste pour les consommateurs 

L’augmentation des accises sur le gaz à usage résidentiel augmentera directement le coût de la vie pour des personnes faisant déjà face au coût élevé de la vie, en particulier en considérant que ces mesures ne sont pas accompagnées de soutiens publics à l’investissement permettant aux personnes concernées de passer à des modes de chauffage moins coûteux. 

L’augmentation progressive de la taxe sur les billets d’avion pour les vols courts et la nouvelle taxe de 2 € sur les colis provenant de l’extérieur de l’UE peuvent contribuer à des objectifs environnementaux ou budgétaires, mais il s’agit de mesures marginales au regard de ce qui serait nécessaire pour encourager de véritables changements de comportement ou garantir une contribution équitable des industries polluantes et des géants mondiaux du commerce en ligne. Nous ne voyons toujours pas venir une taxation équitable des multinationales du numérique ainsi qu’un engagement clair en faveur de la réduction des subventions aux combustibles fossiles qui ne servent pas un objectif social. 

Un effort insuffisant des plus riches 

L’introduction d’un système d’indexation différencié est présentée comme une mesure d’équité, mais en ciblant les salaires à partir de 4.000 € brut – un niveau proche du salaire médian actuel – cette mesure affectera en réalité près de la moitié des travailleuses et travailleurs. Elle ne constitue pas une réelle contribution de la part des épaules les plus larges qui tirent en réalité une grande partie de leurs revenus du capital.

De même, si le projet d’aligner le salaire minimum brut et net constitue un signal positif pour les travailleurs à faibles revenus, il repose en grande partie sur une réduction des cotisations de sécurité sociale. Cela suscite des inquiétudes quant au financement à long terme de la sécurité sociale. 

L’aspect le plus préoccupant de ce budget est le manque d’ambition en matière de taxation de la richesse et du capital. L’augmentation de la taxe sur les comptes-titres de 0,15 % à 0,30 % constitue certes un pas en avant, mais cette taxe exclut de nombreuses personnes très fortunées qui structurent leur patrimoine d’une autre manière que par le biais de comptes-titres. Cette mesure ne peut pas être considérée comme un véritable impôt sur la fortune. Une contribution plus large des personnes les plus riches aurait pu être attendue, en particulier au regard de la nécessité de rééquilibrer un système fiscal qui repose encore très largement sur le travail plutôt que sur le capital. Si le gouvernement est capable de créer un cadastre des allocations sociales, il est capable de créer un cadastre des fortunes. 

Si Oxfam se félicite du recrutement d’inspecteurs supplémentaires et de la création d’un parquet national financier, nous regrettons que la fraude sociale et la fraude fiscale continuent d’être mises sur le même plan dans le discours politique. Toutes les fraudes doivent être combattues. Mais la fraude fiscale coûte chaque année des milliards à l’État et bénéficie principalement aux plus riches. La réponse devrait dès lors être clairement priorisée et proportionnée. 

L’appel d’Oxfam 

Oxfam rappelle que certaines mesures décidées par le gouvernement creusent elles-mêmes le déficit budgétaire qu’il essaye de combler. Les 1.700 plus hauts salaires (supérieurs à 340.000 € bruts par an) verront ainsi un allègement de cotisation de 44.000 € en moyenne par personne, au détriment du financement de la sécurité sociale et pour un coût estimé de 75 millions d’euros par an dès 2026. Rappelons également que le relèvement de la quotité exemptée d’impôts décidé par le gouvernement coûtera près de 3 milliards € au budget public et bénéficiera de façon disproportionnée aux plus riches. Selon nos estimations, sur base d’une analyse réalisée par le Conseil supérieur des Finances, les 10% les plus riches recevront 18% du gain total de cette mesure, soit davantage que les 40% les plus pauvres réunis. Les 10% les plus pauvres, quant à eux, ne recevront rien. 

À l’heure de la montée des inégalités et de la multiplication des crises, la Belgique a besoin d’un budget véritablement progressiste et redistributif. Cela implique de : 

  • Transférer structurellement la charge fiscale du travail (surtout pour les bas et moyens salaires) vers le capital via une réforme fiscale globale ;
  • Introduire une véritable contribution des grandes fortunes et des multinationales ;
  • Renforcer la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscales à grande échelle ;
  • Protéger et renforcer la sécurité sociale, et non en affaiblir le financement. 

Sans ces changements structurels, ce budget risque d’accroître les inégalités au lieu de les réduire, à un moment où la cohésion sociale et la confiance dans les institutions publiques n’ont jamais été aussi fragiles.

 
Notes aux rédactions 

  • Julien Desiderio, chargé de plaidoyer en justice fiscale chez Oxfam Belgique, est disponible pour des questions. 
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