Communiqué de presse19 novembre 2025

L’Afrique du Sud met les dirigeants du G20 au défi de s’attaquer au fléau des inégalités mondiales

Inégalités mondiales : Un rapport d’Oxfam démontre que la fortune des milliardaires du G20 a augmenté de 2 200 milliards de dollars en un an, soit bien plus qu’il n’en faut pour sortir toute l’humanité de la pauvreté.

La richesse accumulée par les milliardaires des pays du G20 en une seule année, soit 2 200 milliards de dollars, suffirait à sortir 3,8 milliards de personnes de la pauvreté, affirme Oxfam.

Les milliardaires du G20 ont vu leur fortune croître de 16,5 % en un an, passant de 13 400 milliards à 15 600 milliards de dollars. À titre de comparaison, le coût annuel pour sortir les 3,8 milliards de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est estimé à 1 650 milliards de dollars.

Oxfam publie ces chiffres avant le Sommet du G20 à Johannesburg (22-23 novembre), où la présidence sud-africaine a fait de la lutte contre les inégalités un thème central.

L’Afrique du Sud a commandé la première analyse jamais réalisée sur les inégalités au sein du G20 pour éclairer les dirigeants. Le « Comité extraordinaire d’experts indépendants sur les inégalités mondiales », présidé par le professeur Joseph Stiglitz, alerte sur une « urgence des inégalités ».

Ce dernier remarque que depuis 2000, le 1 % le plus riche a capté 41 centimes de chaque dollar de richesse créée, tandis que la moitié la plus pauvre de l’humanité n’a reçu qu’un seul centime.

Le comité souligne les ravages de cette concentration extrême : précarité massive, polarisation politique, érosion des démocraties et menaces pour la planète.

Oxfam salue la recommandation d’établir un Panel international sur les inégalités, sur le modèle du GIEC pour le climat, afin d’apporter la même rigueur scientifique et d’impulser une action urgente contre ce fossé grandissant.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a exprimé son soutien à cette initiative et appelle les autres pays du G20 à adopter le rapport Stiglitz et ses recommandations.

Oxfam dénonce les 15 600 milliards de dollars détenus par les milliardaires du G20 et appelle à les taxer équitablement pour éradiquer la pauvreté et combattre la crise climatique.

« Les inégalités sont un choix politique délibéré. Malgré des fortunes record au sommet, la richesse publique stagne, voire recule, et la détresse liée à la dette s’aggrave », déclare Amitabh Behar, directeur général d’Oxfam International. 

Le G20 se tient dans un contexte de bouleversements géopolitiques. Alors que les États-Unis brillent par leur absence cette semaine, leur gouvernement a promu des politiques fiscales destructrices (des droits de douane irresponsables aux baisses d’impôts régressives) qui aggravent les inégalités aux États-Unis et dans le monde. 

Les autres pays du G20 ont l’opportunité de prendre le contre-pied et de s’engager durablement à réduire les inégalités, en privilégiant des règles internationales qui servent les populations plutôt que les oligarques mondiaux.

Depuis le début de la nouvelle administration Trump, les États-Unis se sont retirés de la coopération fiscale internationale et ont tenté de contraindre d’autres pays à abandonner des réformes indispensables, notamment en poussant le G7 à soutenir un accord exemptant les multinationales américaines de l’impôt minimum mondial. Cette course vers le bas est un choix que les pays peuvent et doivent rejeter.

Oxfam appelle les dirigeants du G20 à mettre en œuvre l’agenda fiscal mondial adopté au G20 brésilien l’an dernier, visant à taxer efficacement les ultra-riches. Aujourd’hui, seuls 8 centimes par dollar d’impôt collecté dans les pays du G20 proviennent de la richesse.

Oxfam demande également une action urgente sur la dette : plus de la moitié des pays à faible revenu sont en situation ou à haut risque de surendettement selon le FMI, ce qui prive les budgets de ressources pour l’éducation, la santé et les infrastructures, aggravant les inégalités. 3,4 milliards de personnes vivent dans des pays qui consacrent plus aux intérêts de la dette qu’à la santé ou à l’éducation.

« Ces pays n’ont peut-être pas fait défaut sur leur dette, mais ils font défaut sur leur propre développement », souligne Behar. « Un monde incapable d’aider les pays à investir dans la santé, l’éducation et la durabilité ne peut espérer stabilité, prospérité ou progrès climatique. »

Le plan du G20 pour aider les pays à sortir de la dette a échoué : sa promesse initiale de restructuration est arrivée trop tard et trop lentement. Résultat : seuls 4 pays sur 69 éligibles ont demandé à en bénéficier, selon Oxfam.

Ces pays sont pris dans un cercle vicieux : les prêteurs privés retirent leurs capitaux face au risque de défaut, obligeant les gouvernements à emprunter auprès d’institutions multilatérales comme le FMI et la Banque mondiale, dont les prêts imposent souvent des conditions strictes et une forte pression pour réduire les dépenses publiques.

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