Actualité17 avril 2025

Palestine : la souveraineté alimentaire comme résistance sous occupation

Il suffit de s’informer pour comprendre à quel point la violence en cours — qualifiée de génocide par Amnesty International et par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation — touche tous les aspects de la vie des Palestinien.nes. Ces dernières semaines, les attaques israéliennes ont tué de nombreux.ses civil.es à Gaza, y compris des journalistes, des travailleur.euses humanitaires et des enfants. Depuis le 18 mars, selon l’ONU, en moyenne 100 enfants sont tués ou blessés chaque jour à Gaza. Et en Cisjordanie, l’intensification de la violence a provoqué près de 1000 morts depuis le 7 octobre 2023 et des déplacements forcés.  

 

Pas de souveraineté alimentaire sous occupation 

Dans ce contexte, il est urgent de parler de la Palestine. C’est ce qu’Oxfam a voulu faire à travers sa campagne #SpeakUpForPalestine. Nous saisissons l’occasion de la Journée mondiale des luttes paysannes pour dénoncer l’utilisation de la faim comme arme de guerre par Israël et démontrer ce que cela signifie pour la souveraineté alimentaire du peuple palestinien et la survie de ses communautés agricoles. 

La souveraineté alimentaire en Palestine n’est pas seulement une revendication politique — c’est une pratique quotidienne de résistance face à un état qui s’attaque aux fondements de la vie : la terre, l’eau et la nourriture. Le contrôle israélien sur l’agriculture, la mobilité, le commerce et les ressources naturelles palestiniennes a démantelé les systèmes alimentaires locaux et criminalisé les pratiques paysannes traditionnelles. 

L’impact dévastateur de l’appropriation des terres en cisjordanie

À Gaza, les agriculteur.rices sont coupé.es de leurs terres par des checkpoints et des attaques de l’armée. En Cisjordanie, les colonies illégales, les violences de colons et les checkpoints rendent l’accès aux terres agricoles dangereux et restreint. Comme l’a documenté Oxfam en octobre 2023, le siège imposé à Gaza n’est pas uniquement une punition collective — il constitue une utilisation délibérée de la faim comme arme de guerre. L’aide humanitaire est bloquée ou retardée, les denrées alimentaires sont coupées, les infrastructures agricoles sont ciblées et détruites. 

Mais cela ne date pas d’hier. FIAN, la Union of Agricultural Work Committees(Cisjordanie) et d’autres organisations palestiniennes et internationales dénoncent depuis longtemps l’usage structurel de la faim comme outil de domination — un élément central d’une logique qui prive délibérément les Palestinien.nes de leur liberté mais aussi de leurs moyens de subsistance. 

En 2024, La Via Campesina (un mouvement international fondé en 1993 et qui défend l’agriculture paysanne au nom de la souveraineté alimentaire) a rendu compte de l’impact dévastateur de l’accaparement des terres, des restrictions de mouvement et de l’intimidation violente des colons en Cisjordanie. Les agriculteur.rices palestinien.nes sont déraciné.es non seulement de leurs champs, mais aussi de leur histoire et de leur avenir. Et pourtant, malgré tout, ils et elles continuent de cultiver, de préserver leurs semences, de nourrir leurs communautés — affirmant leur droit à la souveraineté alimentaire comme forme d’autodétermination politique. 

L’agroécologie est politique 

On ne peut pas promouvoir l’agroécologie comme si elle était déconnectée des réalités politiques du pays. En Palestine, l’agroécologie — comme toute pratique agricole — est profondément marquée par l’occupation, l’expropriation et la violence militaire. 

L’occupation illégale empêche l’accès à la terre, à l’eau, aux semences, aux marchés, et même le simple fait de se rendre sur son champ. Une agroécologie authentique ne peut exister sans un droit à l’autodétermination, sans justice, sans la liberté de cultiver à l’abri de la destruction. Si on ignore ces dimensions politiques, on réduit l’agroécologie à un ensemble de techniques vidées de leur sens — et on la rend incomplète, voire complice. 

Ce que fait Oxfam dans le territoire palestinien occupé 

Dans ce contexte extrêmement répressif, Oxfam collabore avec plusieurs partenaires palestiniens pour soutenir les agriculteur.rices et renforcer leur résilience. Nous menons des programmes pour renforcer le rôle économique des femmes, des jeunes et des producteur.rices à petite échelle dans les chaînes de valeur des légumes frais. Nous œuvrons aussi à la protection de l’espace civique, notamment pour les jeunes, et à la défense des droits des femmes palestiniennes travaillant dans les colonies israéliennes. 

Nous travaillons également avec des partenaires du commerce équitable, comme PARC (et sa branche commerciale Al Reef) qui soutient divers projets agricoles dans une centaine de villages palestiniens en Cisjordanie. 

Depuis le 7 octobre 2023, Oxfam a dû adapter l’ensemble de ses activités à Gaza. En matière de sécurité alimentaire et économique, avec nos partenaires, nous mettons en œuvre : 

  • la distribution de colis alimentaires adaptés, y compris pour les femmes allaitantes ; 

  • la distribution de matériel d’irrigation et d’intrants agricoles pour les potagers familiaux ; 

  • un soutien technique aux agriculteur.rices et aux ménages ; 

  • l’évaluation et la réhabilitation des puits agricoles. 

Mais le blocus total imposé par Israël à Gaza entrave lourdement ces activités. La majorité des boulangeries ont fermé, faute de farine et de carburant. Les prix montent, les stocks alimentaires s’épuisent, et les cuisines communautaires comme les fournisseurs sont au bord de l’effondrement. 

Solidarité avec les luttes paysannes en Palestine 

Chaque année, la Journée internationale des luttes paysannes commémore le massacre de 19 paysan.nes sans terre du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST) au Brésil, tué.es alors qu’ils et elles réclamaient l’accès à la terre et une vie digne. Cette journée rend hommage à la lutte globale des petits producteurs pour la dignité, la souveraineté, et la libération des systèmes d’exploitation. 

Aujourd’hui, en Palestine, cette lutte se poursuit sous l’oppression d’un régime qui utilise la faim comme arme de domination. Des Palestinien.nes sont tué.es, déplacé.es, et dépouillé.es pour avoir défendu leur droit à la terre et leur droit à nourrir leur peuple. 

Face à cela, la solidarité internationale ne peut être silencieuse. Elle exige : 
👉 la fin immédiate de l’occupation, 
👉 la levée du siège de Gaza, 
👉 la reconnaissance de la faim comme crime de guerre, 
👉 la fin de la complicité des États et des entreprises. 

Elle exige aussi que les principes d’agroécologie et de souveraineté alimentaire soient appliqués de manière cohérente et sans exception. 

Speak Up For Palestine Oxfam

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