inequality©Robin Hammond/Panos
Communiqué de presse17 novembre 2023

Les 1 % les plus riches émettent autant de CO2 que deux tiers de l’humanité

  • Les 1% les plus riches ont été responsables de 16% des émissions mondiales en 2019.
  • Leurs émissions sont suffisantes pour provoquer 1,3 million de décès supplémentaires dus à la chaleur.
  • Les décès liés aux inondations sont sept fois plus importants dans les pays inégalitaires que dans les pays plus égalitaires.
  • Une taxation juste des ultra-riches permettrait de lutter à la fois contre les inégalités et contre les changements climatiques.

Un nouveau rapport publié aujourd’hui par Oxfam révèle qu’en 2019, les 1 % les plus riches ont généré autant d’émissions de carbone que 5 milliards de personnes qui représentaient alors les deux tiers les plus pauvres de l’humanité. Ce rapport a été rendu public en amont de la Conférence des Parties (COP) sur les changements climatiques qui se tiendra à Dubaï, dans un contexte d’inquiétude croissante alors que l'objectif de limiter le réchauffement mondial à 1,5 °C semble de plus en plus difficile à réaliser.

Ces émissions démesurées des 1 % les plus riches vont causer 1,3 million de décès supplémentaires liés à la chaleur, soit environ l’équivalent de la population de Bruxelles. La plupart de ces décès surviendront entre 2020 et 2030.

« Les ultra-riches pillent et polluent la planète au point de la détruire, et laissent l’humanité en proie aux chaleurs extrêmes, aux inondations et aux sécheresses, dénonce Amitabh Behar, directeur général par intérim d’Oxfam International.

« Depuis des années, nous luttons pour mettre fin à l’ère des combustibles fossiles et sauver des millions de vie, ainsi que notre planète. Il est plus que jamais clair que cet objectif n’est possible que si nous mettons également fin à l’ère de l’extrême richesse », estime M. Behar.

77 millions de personnes responsables de 16% des émissions mondiales

Le rapport « Égalité climatique : une planète pour les 99% » est basé sur des recherches menées par l’Institut de l'environnement de Stockholm (SEI). Il analyse les émissions de consommation générées par différents groupes de revenus en 2019, l’année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles. Ce rapport souligne l'écart considérable entre l'empreinte carbone des ultra-riches, dont le mode de vie gourmand en carbone et les investissements dans des industries polluantes comme les combustibles fossiles accélèrent le réchauffement climatique, et celle du reste de l’humanité.

  • Les 1 % les plus riches (77 millions de personnes) ont généré 16 % des émissions mondiales liées à la consommation en 2019, soit plus que l'ensemble des émissions liées aux voitures et au transport routier. Les 10 % les plus riches sont responsables de la moitié des émissions mondiales.
  • Il faudrait près de 1 500 ans à une personne appartenant au 99 % restants de l’humanité pour générer autant d’émissions de carbone que les milliardaires les plus riches produisent en un an. 
  • Chaque année, les émissions des 1 % les plus riches annulent les économies de carbone réalisées grâce à l’utilisation de près d'un million d'éoliennes.
  • Depuis les années 1990, les 1% les plus riches ont consommé deux fois plus de budget carbone disponible pour limiter le réchauffement à 1,5°C que la moitié la plus pauvre de l’humanité.
  • Les émissions des 1 % les plus riches sont parties pour être 22 fois plus élevées en 2030 que le niveau requis pour limiter le réchauffement à 1,5°C défini dans l’Accord de Paris.

Les pays à faible revenu, les plus sévèrement touchés par la crise climatique

Les dérèglements climatiques et les inégalités perpétuent un cercle vicieux. Oxfam a constaté dans les pays dans lesquels elle est active que les personnes en situation de pauvreté, les femmes, les filles, les communautés autochtones et les pays du Sud global sont touchés de manière disproportionnée par les effets des changements climatiques qui, à leur tour, exacerbent les inégalités. Le rapport établit qu’il y a sept fois plus de décès dus aux inondations dans les pays plus inégalitaires. Les changements climatiques aggravent déjà les inégalités nationales et internationales.

Les gouvernements peuvent s’attaquer au double fléau des inégalités et des changements climatiques en ciblant les émissions excessives des ultra-riches et en investissant dans les services publics et la réalisation des objectifs climatiques. D’après les estimations d’Oxfam, un impôt de 60 % sur les revenus des 1 % les plus riches réduirait les émissions d'une quantité supérieure aux émissions totales du Royaume-Uni et rapporterait 6,4 milliards de dollars par an pour financer l'abandon des combustibles fossiles et la transition vers les énergies renouvelables.

« Nous devons montrer clairement l’interdépendance de ces deux questions. Tant qu’ils ne seront pas imposés, les plus riches vont continuer à spolier le reste de l’humanité, à détruire notre planète et à miner la démocratie. La taxation des richesses extrêmes renforcerait considérablement la lutte contre les inégalités et la crise climatique. Elle permettrait de générer des milliers de milliards de dollars qui sont requis pour investir dans nos démocraties et la mise en place de politiques gouvernementales réellement respectueuses de l'environnement », conclut M. Behar.

Oxfam appelle les États à :

  • Réduire significativement les inégalités : D’après les calculs d’Oxfam, il serait possible, à travers une redistribution mondiale des revenus, d'assurer à toute personne en situation de pauvreté un revenu quotidien minimum de 25 dollars tout en réduisant les émissions mondiales de 10 % (soit à peu près l'équivalent des émissions totales de l'Union européenne).
  • Organiser une transition écologique rapide et juste pour mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles. Les pays riches sont majoritairement et historiquement responsables du réchauffement climatique et doivent à ce titre mettre fin plus rapidement à la production et la consommation de pétrole et de gaz. De nouvelles taxes sur les entreprises et les milliardaires permettraient de financer la transition vers les énergies renouvelables.
  • Donner la priorité au bien-être de l’humanité et de la planète plutôt qu’aux profits, aux industries extractives et à la consommation. Ne plus utiliser la croissance du PIB comme indicateur des progrès humains.

Notes aux rédactions

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