inequality
Communiqué de presse23 septembre 2024

Les 1% les plus nantis possèdent plus de richesses que 95% de l’humanité, alerte Oxfam à l'ouverture de l'AG de l'ONU

  • Plus d'un tiers des 50 plus grandes entreprises mondiales, d'une valeur boursière de 13 300 milliards de dollars, ont maintenant un PDG milliardaire ou un milliardaire comme actionnaire principal. 
  • Les pays du Sud global ne détiennent que 31 % des richesses mondiales, alors qu’ils regroupent 79 % de la population de la planète.
  • Oxfam appelle à la mise en place d'initiatives multilatérales en vue de faire avancer le nouveau projet de convention cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale, d’annuler les dettes des pays à revenu faible et intermédiaire et de revoir les règles de propriété intellectuelle applicables en cas de pandémie.

Une nouvelle analyse d’Oxfam des données du groupe bancaire international UBS publiée aujourd’hui en amont du débat général de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU révèle que les 1 % les plus riches ont plus de richesses que l’ensemble des 95 % les plus pauvres de la population mondiale. 

Les milliardaires exercent un contrôle sans précédent sur les économies mondiales. Plus d’un tiers des 50 plus grandes multinationales ont un PDG milliardaire ou un milliardaire comme actionnaire principal. La valeur boursière conjointe de ces entreprises est de 13 300 milliards de dollars.

Selon le rapport d’Oxfam intitulé Multilateralism in an Era of Global Oligarchy, les efforts multilatéraux visant à répondre aux problèmes mondiaux critiques tels que la crise climatique et la persistance de la pauvreté et des inégalités sont minés par les ultrariches et les méga-entreprises qui exacerbent les inégalités entre les pays et en leur sein. 

Le rapport pointe du doigt le fait que les pays du Sud global, qui comptabilisent 79 % de la population mondiale, ne détiennent que 31 % des richesses mondiales.« L’ombre de l’oligarchie mondiale plane cette année sur l’Assemblée générale de l’ONU. Les ultrariches et les méga-entreprises qu’ils contrôlent influencent les règles mondiales pour servir leurs intérêts, au détriment du reste de l’humanité. La célèbre tribune des Nations Unies pèse de moins en moins dans un monde où les milliardaires sont aux commandes », déplore Amitabh Behar, directeur général d’Oxfam International.

Le rapport évoque « la montée en puissance d’une oligarchie mondiale » dans laquelle les ultrariches, souvent grâce aux monopoles croissants de leurs entreprises, influencent les règles et les prises de décisions politiques au niveau international pour s’enrichir, tout en entravant des progrès mondiaux essentiels. 

Les 1 % les plus riches détiennent 43 % de tous les actifs financiers mondiaux. Deux entreprises contrôlent à elles seules 40 % du marché mondial des semences. Les trois grands gestionnaires de fonds indiciels des États-Unis, à savoir BlackRock, State Street et Vanguard, gèrent 20 000 milliards de dollars d’actifs, soit près d’un cinquième de tous les actifs à investir dans le monde. 

« On entend souvent dire que les rivalités entre grandes puissances nuisent au multilatéralisme, mais il est clair que les inégalités extrêmes jouent aussi un rôle de premier plan. Ces dernières années, les ultrariches et les multinationales puissantes ont utilisé leur influence considérable pour miner les efforts destinés à résoudre des problèmes mondiaux majeurs comme l’évasion fiscale, l’accès aux vaccins anti-COVID pour l’ensemble de la population mondiale ou l’annulation du fardeau des dettes souveraines », déclare Amitabh Behar.

Oxfam donne trois cas de figure récents dans lesquels les inégalités extrêmes ont miné des initiatives multilatérales et pour lesquels la société civile et les dirigeant·s des pays du Sud global ont proposé des solutions basées sur la réduction des inégalités : 

  • Des puissantes entreprises sapent les efforts de coopération fiscale. Le Cadre inclusif de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et du G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS) n’a pas réussi à réaliser son potentiel : les nouvelles conventions relatives au transfert des bénéfices généreront des revenus supplémentaires dérisoires pour les pays à revenu faible, à hauteur de 0,026 % de leur PIB. L’exclusion des services financiers des règles de l’OCDE est attribuée au lobbying des pays dotés d'un important secteur bancaire et financier. À l’inverse, les pays du Sud global, sous l'impulsion des États africains, font progresser les négociations en vue de l’adoption d’une convention plus équitable sur la fiscalité par les Nations Unies. Cette convention, jointe à la présidence brésilienne du G20, ouvre la voie vers une taxation plus équitable des ultrariches et des multinationales.

  • Les grandes sociétés pharmaceutiques résistent aux efforts visant à démanteler leurs monopoles sur les technologies des vaccins anti-COVID afin de débloquer l'offre. Le contrôle monopolistique de la production de vaccins a été très rentable pendant la pandémie. Rien qu'en 2021, les sept plus grands fabricants ont réalisé des bénéfices nets estimés à 50 milliards de dollars grâce à la vente de vaccins contre la COVID-19, ce qui s'est traduit par des versements considérables à de riches actionnaires et l'émergence de nouveaux milliardaires du secteur des vaccins. Albert Bourla, le PDG de Pfizer, a qualifié l'appel à partager les technologies des vaccins contre la COVID-19 de « non-sens dangereux. » Le partage inégal et l’accès non équitable aux vaccins ont contribué à une surmortalité de 1,3 million de personnes. Un nouvel accord prometteur sur les pandémies prévoit des dispositions strictes concernant la levée des brevets et un transfert plus facile des technologies. 

  • Des créanciers privés aggravent la crise mondiale de la dette. Les pays à faible revenu consacrent près de 40 % de leur budget annuel au service de la dette, ce qui dépasse de plus de 60 % les dépenses totales allouées aux services d’éducation, de santé et de protection sociale. Plus de la moitié de la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire est détenue par des créanciers privés comme les banques et les fonds spéculatifs. Certains de ces créanciers sont des « fonds vautours » qui rachètent à bas prix des dettes émises par des débiteurs en difficulté et exploitent des mécanismes juridiques pour se faire rembourser intégralement, engrangeant ainsi des profits démesurés.

« Seul un multilatéralisme fondé sur la solidarité peut contrecarrer la montée en puissance de l’oligarchie mondiale. Certains leaders mondiaux ont pris conscience de cet état de fait et intensifient leur lutte contre les inégalités, mais il faut que beaucoup plus de leaders mondiaux fassent preuve du même courage, » estime Amitabh Behar.

« En fin de compte, un monde et un ordre mondial plus justes où les entreprises paient leur juste part d’impôts, la santé publique mondiale est une priorité et tous les pays peuvent investir dans leur propre population, profite à chacun et chacune d’entre nous. Ce n’est pas nouveau, c’est ce que les leaders, notamment des pays du Sud, réclament depuis longtemps. »  

Notes aux rédactions

Rechtvaardige economie

Droite