Damaged WASH infrastructure in Gaza
Communiqué de presse18 février 2025

Le niveau de l’eau à Rafah et dans le nord de la bande de Gaza représente 7% des niveaux d’avant-guerre

•    Près de 1 700 kilomètres de réseaux d'eau et d’assainissement ont été détruits dans la bande de Gaza. 
•    Actuellement, Rafah dispose de moins de 5 % de la quantité d’eau d’avant-guerre, et les gouvernorats du nord de Gaza de moins de 7 %, soit 5,7 litres par personne et par jour. Malgré cela, Israël ralentit, voire bloque certaines livraisons de matériel.
•    D’après Oxfam, la situation sanitaire exige que les réseaux hydriques soient réparés d’urgence. 
 

La reprise de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, y compris la livraison de carburant pour faire fonctionner les installations d'eau et d'assainissement encore en état, ainsi que l'acheminement d'eau par camion, a permis d'augmenter la quantité d'eau disponible dans certaines parties de la bande de Gaza. Mais la situation reste dangereusement critique, en particulier dans les gouvernorats de Gaza Nord et de Rafah, alerte Oxfam aujourd'hui.


Quinze mois de bombardements israéliens intensifs sur la bande de Gaza ont détruit 1 675 kilomètres de réseaux d'eau et d'assainissement. Dans les gouvernorats de Gaza Nord et de Rafah, qui ont subi le plus de destructions, moins de sept pour cent des niveaux d'eau d'avant le conflit parviennent à la population, ce qui favorise la propagation des maladies d'origine hydrique.


L’accord conclu entre Israël et le Hamas pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza étant fragile, toute reprise de la violence ou perturbation de l'approvisionnement en carburant et de l'aide humanitaire, déjà insuffisante, déclencherait une véritable catastrophe de santé publique. 


Clémence Lagouardat, coordinatrice humanitaire d'Oxfam à Gaza, a déclaré :
« Maintenant que les bombes ont cessé de pleuvoir sur Gaza, nous commençons à peine à saisir l'ampleur de la destruction des infrastructures d'eau et d'assainissement de la bande de Gaza. La plupart des réseaux d'eau et d'assainissement ont été entièrement détruits ou endommagés, ce qui crée des conditions d'hygiène et de santé catastrophiques.


« Notre personnel et nos partenaires sont quotidiennement interpellés par la population dans la rue qui manque d'eau. Les parents sont contraints de se priver d’eau pour pouvoir en donner à leurs enfants en priorité. Je ne suis pas sûre que le monde réalise qu’à l’heure actuelle des enfants doivent marcher des kilomètres pour obtenir un simple bidon d'eau à Gaza ». 
 

Destroyed WASH facility in Gaza
Destroyed WASH facility in Gaza

Une situation catastrophique à Gaza-Nord et à Rafah
Dans le gouvernorat de Gaza-Nord, presque tous les puits ont été détruits par l'armée israélienne. Plus de 700 000 personnes ont retrouvé des quartiers entiers détruits à leur retour. Pour les quelques maisons encore debout, l'eau est inexistante en raison de la destruction des réservoirs de stockage situés sur les toits.
À Rafah, plus de 90 % des puits et réservoirs d'eau ont été partiellement ou totalement endommagés, et la production d'eau est inférieure à 5 % de sa capacité avant le conflit. Seuls deux puits sur 35 sont actuellement opérationnels. 


L'analyse de la situation réalisée par Oxfam et ses partenaires après le cessez-le-feu a révélé que :
•    Plus de 80 % des infrastructures d'eau et d'assainissement de la bande de Gaza ont été partiellement ou entièrement détruites, y compris les six principales usines de traitement des eaux usées.
•    85 % des stations de pompage des eaux usées (73 sur 84) ont été détruites. Certaines ont été réparées mais ont un besoin urgent de carburant pour fonctionner.
•    85 % des stations de dessalement de petite taille (85 sur 103) ont été partiellement endommagées ou complètement détruites. 
•    67% des 368 puits municipaux ont été détruits. La plupart des petits puits privés ne peuvent pas fonctionner en raison du manque de carburant ou de générateurs.  


Malgré les efforts déployés pour rétablir la distribution de l’eau depuis le cessez-le-feu, la destruction des canalisations est telle que 60 % de l'eau n’atteint pas la population. 


Le manque d'eau potable combiné à la présence d’eau stagnante dans les rues de Gaza a déclenché une explosion des maladies hydriques et infectieuses. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 88 % des échantillons étudiés dans la bande de Gaza ont été contaminés par la polio, ce qui indique un risque d'épidémie élevé. Les maladies infectieuses, notamment la diarrhée aqueuse aiguë et les infections respiratoires, qui sont aujourd'hui les principales causes de décès, sont également en forte augmentation. On signale 46 000 cas, principalement chez des enfants, chaque semaine.


La varicelle et les maladies de peau telles que la gale et l'impétigo se propagent également rapidement, en particulier parmi les populations déplacées dans le gouvernorat du nord de Gaza, où les pénuries d'eau sont les plus graves.
Parallèlement, en l'absence de collecte des déchets depuis plus de 15 mois, plus de 2 000 tonnes d'ordures s'amoncellent chaque jour dans les rues. Des zones de Gaza sont littéralement converties en égouts à ciel ouvert, ce qui favorise également l’émergence d’épidémies. 


Clémence Lagouardat a déclaré : « Malgré l'augmentation de l'aide depuis le cessez-le-feu, Israël continue d'entraver fortement la livraison de biens essentiels pour commencer à réparer les dégâts massifs causés par ses frappes aériennes. Il s'agit notamment de tuyaux dont on a désespérément besoin pour réparer les canalisations d'eau, ainsi que d'équipements tels que des générateurs pour faire fonctionner les puits ».


Une cargaison d’Oxfam comprenant 85 tonnes de tuyaux et de réservoirs d'eau, d'une valeur de plus de 480 000 dollars, a été bloquée pendant plus de six mois parce qu'elle était considérée comme étant à double usage et « surdimensionnée » pour entrer dans le pays. Les autorités israéliennes n'ont finalement approuvé la cargaison que cette semaine, mais elle n'est pas encore entrée dans le territoire gazaoui.
Et Clémence Lagouardat d’ajouter : « Des centaines de milliers de personnes déplacées dans la bande de Gaza ont dû se résoudre à creuser des fosses d'aisance de fortune à côté de leurs tentes. Ce déversement quotidien d'environ 130 000 mètres cubes - l'équivalent de 52 piscines olympiques - d'eaux usées non traitées contamine la mer Méditerranée et le seul aquifère de Gaza.


« La reconstruction des systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement est essentielle pour que Gaza puisse retrouver une vie normale après 15 mois d'horreur. Le cessez-le-feu doit tenir, et le carburant et l'aide doivent entrer librement pour que les Palestiniens puissent reconstruire leur vie. Une paix durable pour les Palestiniens et les Israéliens ne peut venir que d'un cessez-le-feu permanent et d'une solution juste ».
 

Notes à l’attention des rédactions

•    Des porte-parole francophones sont disponibles pour toutes questions. 
•    Des photos et des images recueillies par Oxfam portant sur la destruction des réseaux d'eau et d'assainissement à Gaza sont téléchargées ICI (valable jusqu'au 14 mai 25).
•    Selon la Coastal Municipalities Water Utility (CMWU), en février 2025, un total de 1675 km sur les 4800 km des réseaux d'eau et d'assainissement de Gaza ont été partiellement ou entièrement détruits depuis octobre 2023. Cela comprend 350 km dans le nord de Gaza, 495 km dans la ville de Gaza, 240 km dans la zone médiane, 350 km à Khan Younès et 240 km à Rafah. 
•    Environ 1 035 km de canalisations d'eau et d'assainissement ont été détruits. Les données sont tirées du rapport d'évaluation des dommages causés publié par la Coastal Municipalities Water Utility (CMWU), janvier 2025.
•    Les données sur le coût de la réparation des infrastructures sont basées sur le rapport de l'Unité de planification et d'investissement de la municipalité de Gaza du 31 décembre 2024.
•    Selon le rapport d'Oxfam sur les crimes de guerre liés à l'eau, la population de Gaza avait accès à 82,7 litres par personne et par jour avant le 7 octobre 2023. Actuellement, Rafah dispose de moins de 5 % de cette quantité, et les gouvernorats du nord de Gaza de moins de 7 % de cette quantité, soit 5,7 litres par personne et par jour.
•    Selon le rapport du groupe sectoriel WASH du 10 février 2025, seuls deux puits (sur 35) sont actuellement opérationnels à Rafah.
 

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Oxfam apporte une aide humanitaire dans la bande de Gaza constituée notamment de colis alimentaires, d’unités de désalinisation de l’eau, de bouteilles d’eau, de stations de lavage des mains, de couvertures, de lits, de kits médicaux, de kits pour femmes enceintes et allaitantes, de dispositifs pour les personnes handicapées ou encore de distributions de cash. 

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