Actualité13 février 2025

Crise à l’est de la RDC: la réponse humanitaire en péril face à des besoins plus importants que jamais

L’est de la République démocratique du Congo (RDC) fait face à une crise humanitaire d’une ampleur alarmante. Face à l’intensification des conflits armés, des millions de personnes déplacées vivent dans des conditions précaires, sans accès aux services de base. La montée des violences, les déplacements forcés et la destruction des infrastructures plongent la population civile dans une situation dramatique. Alors que les besoins n’ont jamais été aussi criants, l’insécurité et le manque de financements entravent l'organisation de l’aide humanitaire. 

En République démocratique du Congo (RDC), 75 % des habitant.e.s vivent dans l'extrême pauvreté, malgré l’immensité des ressources naturelles et minérales présentes sur le territoire. Dans un contexte régional tendu, le pays est confronté à l'une des crises humanitaires les plus complexes et les plus longues au monde, laquelle s’est dramatiquement aggravée depuis 2023 avec l’intensification des conflits armés. La violence et les combats ont exacerbé la crise et de nombreuses personnes ont dû trouver refuge dans des camps, notamment dans et autour de Goma, dans l’est du pays, où on compte plus de 6,4 millions de personnes déplacées.  

ESCALADE DE LA VIOLENCE AU NORD-KIVU 

Depuis le mois de janvier, la violence a atteint un niveau sans précédent: le groupe armé Mouvement du 23 mars (M23) a intensifié son offensive dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, et a pris le contrôle de Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Plusieurs centaines de milliers de personnes ont fui les zones de combat dans la province du Nord-Kivu, et l’afflux des blessé.e.s a provoqué une saturation des hôpitaux et structures sanitaires dans la ville de Goma.  On constate des violations persistantes des droits humains  et des bombardements indiscriminés de zones densément peuplées, notamment sur les camps de personnes déplacées dans et autour de la ville, entraînant des pertes massives parmi la population civile. Depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes ont perdu la vie et 2 880 ont été blessées. À ce jour, les tensions augmentent également dans le Sud-Kivu et, si rien n’est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitant.e.s de cette province.  

Déplacements de population et retours

Le M23 a démantelé des sites de déplacement se trouvant sous son contrôle, et a demandé aux populations de quitter les camps rapidement. On estime à 350 000 le nombre de personnes affectées par la fermeture de ces camps, qui étaient leur seul refuge. Par conséquent, de nombreuses personnes déplacé.e.s sont contraint.e.s de s’abriter hors des camps officiels gérés par les structures humanitaires, et ont trouvé refuge dans des écoles ou des églises, sans accès à l’eau, à la nourriture et aux services de santé.  Au moins 60 % des personnes déplacées de Goma sont encore dans la ville et aux alentours. 

 D'autres personnes sont contraintes de rentrer chez elles sans garantie de sécurité ni de conditions dignes. Assurer des retours volontaires, sûrs et respectueux de la dignité est essentiel, mais cette mission s'avère particulièrement ardue. En effet, dans leurs provinces d’origine, les communautés sont déjà très fragilisées et peinent à accéder aux services de base car les infrastructures ont souvent été laissées à l’abandon. Les communautés n’ont donc pas les moyens d’accueillir dignement les déplacé.e.s de retour.   

Protéger la population civile contre les actes de violence

Depuis toujours, la protection des populations est au centre de la crise en RDC. La violence expose quotidiennement les civils à des violations des droits humains et du droit humanitaire international. Chaque jour, des actes de criminalité et des incidents de violence ciblée perpétrés par des hommes armés sont rapportés. Suite à l’aggravation du conflit, les menaces sur la protection sont plus importantes que jamais : les civils, en particulier les femmes et les filles, sont exposé.e.s à des risques accrus de violences basées sur le genre, notamment de violences sexuelles perpétrées par des hommes armés lors des conflits. On compte également des centaines d’enfants mineurs non accompagnés, qui courent d’énormes risques dans ce contexte trouble. Par conséquent, il est primordial de réactiver les structures permettant de protéger toutes ces personnes.
 

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Manque d’accès à l’eau et à l’hygiène 

L’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement est très problématique à ce jour : les infrastructures hydrauliques dans les anciens camps de déplacé.e.s ont été totalement volées et détruites lorsque les camps ont été vidés. La situation à l’intérieur de la ville de Goma demeure très difficile.  En outre, les coupures d'électricité ont interrompu la distribution d’eau potable, et plusieurs quartiers restent privés d’accès à l'eau, obligeant les familles à puiser directement dans le lac Kivu.  

Cette pratique expose la population à des risques sanitaires accrus, augmentant le risque de maladies hydriques, telles que le choléra. De nouveaux cas ont été signalés à Goma et dans ses environs, et au moins 80 % des cas signalés proviennent des sites de déplacés. Le démantèlement de nombreux sites et la dispersion des personnes déplacées compliquent la distribution des services de prévention et de soin.  De plus,  les centres de traitement Mpox ont été détruits ou pillés pendant les affrontements, faisant peser la menace d’une flambée du virus.  

Á cela s’ajoute la difficulté de trouver de la nourriture  pour les familles déplacées et celles qui retournent chez elles. Elles ne disposent ni de réserves alimentaires ni des moyens d’acheter de la nourriture car la quasi-totalité des cultures et des réserves ont été pillées par les groupes armés, plongeant toutes ces personnes dans une très grande précarité. 

La réponse humanitaire en péril 

Face à ces besoins, une réponse humanitaire d’une vaste ampleur est plus que jamais nécessaire, mais est entravée par plusieurs facteurs. 

D’une part, la ville de Goma, centre logistique pour l’ensemble de l’est du pays, joue un rôle central dans l’acheminement de l’aide humanitaire. L’insécurité latente, les coupures d’eau et d’électricité, les pillages des stocks des ONGs sur place ainsi que la fermeture de l’aéroport sont particulièrement préoccupantes pour l’ensemble de la réponse régionale.   

D’autre part, les financements publics en baisse impactent la capacité des acteurs sur place :  la suspension de 90 jours de l’aide au développement à l'étranger prise par le nouveau gouvernement américain affecte gravement la réponse humanitaire actuelle, notamment l’intervention d’urgence d’Oxfam auprès des populations déplacées.  

L'intervention d’Oxfam 

Aux côtés d’organisations partenaires, Oxfam intervient auprès des déplacé.e.s en fournissant de l'eau potable via la gestion des infrastructures de pompage et de gestion de l’eau dans les camps. Nous fournissons aussi des services d'assainissement et de promotion de l'hygiène dans les camps autour de Goma et Lubero (au Nord-Kivu), à Minova (au Sud-Kivu) et à Mahagi en Ituri. Oxfam met également en œuvre des activités de protection des femmes et des enfants, en se basant sur les capacités des communautés elles-mêmes à identifier et se protéger face aux risques auxquelles elles font face.  Notre partenaire l’ONG SOBDC (Solidarité pour le bien-être et le développement communautaire) pilote par exemple des programmes de protection des femmes contre les violences fondées sur le genre à Mahagi.

L’annonce par le gouvernement américain de la suspension de l’aide au développement à l'étranger de 90 jours impacte dramatiquement notre capacité de réponse d’urgence, qui dépend de ce financement.  

A ce jour, nous essayons de maintenir le minimum avec nos fonds propres et en utilisant nos stocks de contingence, pour tenter de répondre aux besoins de base, notamment l’accès à l’eau, pour les personnes les plus vulnérables. Nous avons pu mettre en place une distribution d’eau dans les nouveaux sites de déplacement, en combinant un système de pompage de l’eau et un transport par camion. Cela est largement insuffisant face aux besoins des déplacé.e.s et des communautés hôtes, dont les besoins augmentent de jour en jour.  

Oxfam se joint à la communauté humanitaire et civile pour demander la cessation immédiate des attaques contre les civils, le respect des droits des personnes déplacées, et un accès humanitaire sans entrave pour soutenir la population civile.  

Le financement de la coopération internationale et le soutien du public est plus important que jamais pour apporter une aide vitale à la population civile.  

 
 

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