Covid-19 : la solidarité pour remède
Le monde entier est concerné par le coronavirus. Forte d’une longue expertise en matière d’hygiène et de prévention des maladies, Oxfam renforce ses actions sur le terrain afin de venir en aide aux populations les plus vulnérables. Mais cette crise appelle à une prise de conscience et une remise en question du système qui l’a engendrée.
C’est avec inquiétude qu’Oxfam voit le virus se répandre progressivement dans des pays pauvres, dont le système de soins l’est nettement moins. Des pays déjà confrontés à des difficultés d’accès aux soins, à l’eau, à la nourriture...
Sur le continent africain, plus de 40 pays ont déjà recensé des cas. Au Yémen également, déjà durement éprouvé par une guerre qui dure depuis 5 ans. Inde, Bangladesh, Pakistan, Palestine… la liste s’allonge chaque jour.
Des risques accrus dans les communautés vulnérables et pour les femmes
L’impact du virus sera désastreux quand il arrivera dans des camps de réfugiés ou toute autre zone – comme la bande de Gaza – où les conditions de vie (forte concentration de population, accès difficile à l’eau et aux soins, etc.) sont propices à sa propagation.
Les femmes sont particulièrement exposées au coronavirus. Au niveau mondial, elles constituent 70 % des personnes employées dans le domaine de la santé. Elles encourent donc un risque accru d’infection.
Les femmes portent aussi en très grande majorité la lourde charge des travaux de soins non rémunérés. Ces tâches s’alourdiront sans aucun doute dramatiquement à cause de l'urgence grandissante de s'occuper des proches malades et/ou des enfants.
Oxfam renforce son action sur le terrain
Oxfam dispose d’une très grande expertise dans le domaine de la santé publique, de l’accès à l’eau propre et de l’installation d’infrastructures sanitaires. Partout dans le monde nos partenaires redoublent d’effort pour empêcher l’épidémie de se répandre.
- Au Congo, nous collaborons étroitement avec nos partenaires locaux pour renforcer nos actions de promotion à la santé. Nous allons distribuer des kits d’hygiène et installer des points de lavage des mains. Nous allons construire des latrines et des douches pour faciliter les mesures de distanciation sociale, avec une attention particulière pour les femmes et les filles.
- En Syrie, nous renforçons notamment les distributions de savon et autres matériels hygiéniques.
- Au Myanmar et au Bangladesh, nous avons accru notre travail de promotion de la santé autour de l’hygiène des mains et des voies respiratoires dans les camps où nous sommes présents.
- Dans le camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie, nous utilisons les réseaux sociaux et WhatsApp pour diffuser des messages de promotion des bonnes pratiques d’hygiène.
- Au Pakistan, nous avons installé des réservoirs d’eau dans des centres de quarantaine afin de fournir de l’eau potable aux personnes concernées.
- Oxfam Italie a lancé un appel national afin de financer l’achat d’équipements de protection pour le personnel de santé et de matériel pour les hôpitaux italiens (respirateurs).
Et en Belgique ?
- 50 ordinateurs de seconde main ont été donnés à l’asbl Molengeek. Elle se charge de les distribuer dans différentes écoles afin que des élèves en situation précaire puissent continuer à suivre les cours.
- La Croix Rouge de Lanaken a pour sa part reçu 45 ordinateurs destinés aux jeunes réfugiés résidant dans son centre d’accueil.
- Mentor-Escales, un centre de guidance qui aide les migrants mineurs non-accompagnés, a également reçu une trentaine d’ordinateurs afin soutenir leurs activités de soutien scolaire à domicile.
Nous vous tiendrons informé.e.s des actions futures d’Oxfam face au Covid-19, que ce soit dans notre pays ou à l’étranger. Votre soutien est indispensable pour poursuivre et renforcer nos actions à destination des populations vulnérables.
Une crise révélatrice
Le virus nous menace toutes et tous, mais les plus vulnérables courent des risques accrus. La pandémie illustre les conséquences des inégalités extrêmes : les personnes qui sont en bas de l’échelle sont celles qui en souffrent le plus.
Cela pourrait entraîner un bond en arrière d’une décennie en matière de lutte contre la pauvreté et même un recul de 30 ans pour certaines régions comme l’Afrique sub-saharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Au total, Oxfam estime qu’un demi-milliard de personnes risquent de basculer dans la pauvreté à la suite de cette crise.
Les inégalités croissantes nous empêchent de faire face à des menaces à grande échelle comme celle que nous vivons actuellement. Un exemple flagrant ? Les multinationales et les super-riches ne payent pas leur juste part d’impôts. À cause de cette évasion fiscale, les états perdent des milliards d’euros qui pourraient servir à financer les soins de santé, l’éducation ou la culture.
Une chance unique de construire un monde plus juste
Le coronavirus est un signal d’alarme : celui de la nécessité de mettre en place une économie plus humaine pour un monde plus juste, plus solidaire et plus durable. Afin de sortir de cette crise, chaque gouvernement, institution et individu doit prendre ses responsabilités.
Ceux qui ont le plus de moyens doivent assurer la plus grande part des dépenses. Les pays riches doivent transférer des milliards de dollars aux pays en développement. L’augmentation des impôts pour les pays riches et les industries les plus rentables serait un moyen efficace.
Deux autres pistes sont l'annulation immédiate du remboursement de la dette des pays en développement en 2020 (qui s’élève à 1000 milliards de dollars), ainsi que la création de nouvelles réserves internationales d’une valeur d’au moins 1000 milliards de dollars.
Ce sont les fondations même de notre économie et de notre société qu’il faut reconstruire, sans répéter les erreurs du passé. Nous devons évoluer vers une économie durable, plus équitable et plus humaine. Les autorités doivent travailler pour tout le monde, pas uniquement pour les plus privilégiés. Elles doivent s’attaquer aux problèmes globaux, comme la crise climatique.
Oxfam demande un plan d’urgence ambitieux
Oxfam appelle le G20 et tous les gouvernements nationaux à s’attaquer au virus en développant un plan de santé publique d’urgence ambitieux. Ce plan doit permettre aux pays pauvres de mettre en place des mesures efficaces pour prévenir la propagation de l’épidémie et établir un système de soins de santé capable de prendre les malades en charge.
Il est compréhensible que les dirigeants nationaux concentrent leurs efforts pour aider leurs propres citoyen.ne.s. Mais ils doivent aussi dégager les moyens nécessaires pour soutenir les pays pauvres. Nous ne vaincrons cette pandémie que si chaque pays, chaque individu dispose des moyens pour le faire. Personne n’est en sûreté tant que tout le monde ne l’est pas.