Communiqué de presse22 février 2024

Conflit au Nord-Kivu : plus de cent mille personnes privées d’eau potable vivent dans des conditions désastreuses

Plus de 133 000 personnes ayant fui les combats au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), vivent dans des conditions inimaginables, sans toilettes ni eau, ce qui a de graves conséquences pour leur santé et leur sécurité, avertit Oxfam.

 

Le personnel d’Oxfam rapporte que ces personnes déplacées sont obligées de payer 0,40 dollar pour utiliser les toilettes ou les douches des communautés d'accueil, une somme qui est au-delà de leurs moyens puisqu'ils ont tout perdu dans leur fuite. La situation est particulièrement difficile pour les femmes qui doivent parcourir jusqu'à 25 km pour aller chercher de l'eau, un voyage périlleux de 4 heures qui les expose à la violence des groupes armés. Le personnel a également signalé des cas de diarrhée dus au manque d'eau potable et d'hygiène, et des décès.

Justine Gomis Tossou, directrice d’Oxfam en RDC, a déclaré : « Les besoins dépassent largement les ressources disponibles : les sites sont surpeuplés, les gens dorment en plein air ou s’entassent dans des hangars, des hôpitaux ou des écoles, ce qui le rend inutilisables. D’autres ont construit leurs propres campements de fortune sans eau, sans nourriture ni assistance, avec un risque élevé d’épidémie et d’insécurité alimentaire. Les femmes sont très vulnérables et exposées à l’exploitation et aux abus sexuels.

Dans l'un des camps de fortune, un membre de l'équipe d'Oxfam a rencontré une mère de quatre enfants qui a fui les combats avec l'un de ses fils et a perdu le contact avec ses trois autres enfants et son mari. Seule et vulnérable, elle a été violée par un groupe d'hommes armés alors qu'elle s'aventurait dans la forêt pour trouver du bois de chauffage, dans l'espoir de le vendre pour acheter une maigre ration de nourriture et d'eau. « Même après une telle épreuve, elle a dû trouver le courage d'aller chercher du bois, son seul moyen de nourrir le dernier enfant qui lui reste », a déclaré le membre de l'équipe.

Les sites de personnes déplacées dans lesquels Oxfam travaille depuis l'année dernière sont surpeuplés et les latrines débordantes deviennent un problème urgent. Beaucoup de personnes sont restées des semaines sans se doucher, ce qui augmente considérablement le risque de maladie, notamment le choléra qui est en augmentation dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu : plus de 20 000 cas de choléra ont été enregistrés au cours des six premiers mois de 2023, soit trois fois plus qu'au cours de la même période en 2022, selon l'UNICEF.

Oxfam aide déjà 28 500 personnes sur les sites de personnes déplacées en distribuant de l'eau potable et en construisant des latrines et des douches, mais a besoin d'urgence de 4 millions de dollars pour intensifier ses opérations.

Le financement des besoins humanitaires en RDC est à un faible niveau, puisque seulement 39,5 % de l'appel humanitaire des Nations unies pour la RDC a été financé à ce jour, bien que le pays soit les plus grandes urgences alimentaires au monde. L’Organisation des Nations unies (ONU) pour la RDC a été financé à ce jour, bien que le pays soit l’une des plus grandes urgences alimentaires au monde.

« Un soutien urgent est nécessaire pour éviter la catastrophe. Il est temps d'agir collectivement et de manière responsable pour mettre fin aux désastres et aux souffrances du peuple de la RDC, et pour mettre les richesses du pays au service de la population », a déclaré Mme Tossou. »

 

NOTES AUX Rédactions

  • Selon la matrice de suivi des déplacements de l'OIM, 186 422 personnes ont été déplacées par la récente escalade de la violence dans le Nord-Kivu (en date du 14 février 2024).
  • Les équipes d’Oxfam ont répertorié 133 530 de ces personnes vivant dans six camps de fortune.
  • En 2024, plus de 25,4 millions de personnes - soit un quart de la population - auront besoin d'aide, les besoins humanitaires les plus urgents étant concentrés dans les provinces de l'Est, gravement touchées par la violence et l'insécurité, selon le plan de réponse humanitaire en RDC.

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