Communiqué de presse20 juillet 2022

Accord gouvernemental prévoyant la réduction des agrocarburants de première génération : un pas dans la bonne direction mais toujours insuffisant, d’après Oxfam et d’autres ONG belges

Oxfam salue l’accord de gouvernement conclu aujourd’hui visant à réduire la part d’agrocarburants de première génération dans les transports en Belgique. Il reste toutefois insuffisant d’après une coalition d’ONG (Oxfam Belgique, FIAN Belgique, CANOPEA, Greenpeace et BBL). Cette dernière demande de mettre fin à l’obligation d’incorporation du biodiesel et du bioéthanol issus de la production agricole le plus rapidement possible et de mettre en place un cadre de protection des droits humains efficace dans sa politique sur les énergies renouvelables.

Après avoir annoncé l’interdiction de l’utilisation de l’huile de palme et du soja comme matières premières à partir de 2023, l’accord décroché aujourd’hui au sein du Conseil des Ministres préconisant une réduction générale des agrocarburants constitue une nouvelle avancée plaçant enfin la Belgique parmi les pionniers en Europe sur la voie d’un phasing-out complet des agrocarburants, demandé par de nombreuses organisations de la société civile belge.

En effet, les impacts négatifs de cette pratique sur le climat, la biodiversité, la souveraineté alimentaire mondiale, ainsi que sur les droits humains dans les pays producteurs sont nombreux et ont été démontrés à de nombreuses reprises.

Violation des droits humains

En réaction, Alba Saray Pérez Terán, chargée de plaidoyer sur la justice climatique chez Oxfam Belgique, a déclaré : « Nous saluons cette décision mais regrettons que l’accord ne prévoie pas de mettre totalement fin à l’obligation d’incorporation et que le taux d’incorporation de l’éthanol reste encore élevé, alors que nous avons des preuves des violations des droits humains qui découlent de l’usage que fait la Belgique des agrocarburants ».

À la suite d’une enquête menée dans le nord-ouest du Pérou, Oxfam a démontré que la production du bioéthanol consommé en Belgique et en Europe est à l’origine de violations de droits humains dans ce pays. La production de canne à sucre au Pérou pour le bioéthanol belge et européen a notamment causé pollution de l'air, accaparement de l’eau et des terres - rendant les populations encore plus vulnérables aux effets du changement climatique – parmi d’autres violations des droits humains.

« La Belgique doit non seulement réduire la part de bioéthanol mais aussi renforcer le cadre législatif visant à assurer que la Belgique cesse de bafouer les droits humains en attendant un phasing-out complet du soutien public aux agrocarburants issus de matières premières alimentaires. Il est primordial que ce dernier couvre d’ores et déjà les futures sources d’énergie renouvelable. Il ne faut pas perdre de vue que certains biocarburants dits de deuxième génération sont aussi produits sur des terres agricoles et provoquent aussi accaparement de terres et violations de droits humains ».

« Nous savons aujourd’hui que le bilan de l’incorporation des agrocarburants dans les transports belge et européen est néfaste. Cette pratique provoque une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, une inflation des prix des denrées alimentaires qui vient s’ajouter à celle provoquée par la guerre en Ukraine et un surcoût inutile pour les consommateurs et les consommatrices belges », souligne Arthur Fonsny de CANOPEA, anciennement IEW.

« Nous devrions arrêter de brûler des aliments pour en faire du carburant alors que 193 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë. Les agrocarburants ne sont pas écologiques et ils parasitent des terres qui pourraient être utilisées pour nourrir les populations. On estime que la quantité totale de cultures utilisées chaque année pour les biocarburants équivaut à la consommation de calories de 1,9 milliard de personnes », déplore Manuel Eggen de FIAN Belgique.

Notes aux rédactions

  • Alba Saray Pérez Terán est disponible pour toute question.
  • L’enquête menée par Oxfam Belgique au Pérou a donné lieu à la publication d’un rapport disponible ici.
  • Ce communiqué est co-signé par une coalition d’ONG composée d’Oxfam Belgique, FIAN Belgique, CANOPEA (anciennement IEW), Greenpeace et BBL.
  • L’analyse la plus récente portant sur les effets de l’utilisation des agrocarburants réalisée par Inter-Environnement Wallonie, Oxfam Belgique, CNCD-11.11.11, FUGEA, FIAN Belgique, Centre Tricontinental, Greenpeace Belgique, Natuurpunt, Natagora, le Mouvement d’Action Paysanne, Boerenforum, 11.11.11, BOS+ et Bond Beter Leefmilieu, est diponible ici.

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