Communiqué de presse16 mars 2023

Réaction d'Oxfam à la publication du 6e rapport de synthèse du GIEC

Oxfam Belgique, par la voix de sa chargée de plaidoyer en justice climatique, Alba Saray Pérez Terán, a réagi à la publication du rapport de synthèse du GIEC en ces termes :

« Il s'agit littéralement du rapport de synthèse du GIEC de la dernière chance. Les scientifiques estiment qu’il est encore possible de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, mais de justesse.

« Si nous ne freinons pas drastiquement les émissions mondiales de gaz à effet de serre, les vagues de chaleur, les tempêtes, les sécheresses et les inondations continueront à devenir plus fréquentes et à frapper davantage d'endroits et de personnes. Les personnes vivant dans la pauvreté subissent de plein fouet les conséquences de la crise climatique, notamment la famine qui sévit actuellement en Afrique de l'Est, avec une augmentation de la température mondiale de 1,1 °C "seulement".

« Il est scandaleux qu'après six rapports du GIEC alarmants, 27 conférences sur les changements climatiques, huit années au cours desquelles on a systématiquement battu des records de chaleurs, les gouvernements encouragent encore l'industrie pétrolière et gazière à extraire des combustibles fossiles. Plus de 600 lobbyistes représentant l’industrie fossile étaient présents à la COP27 et c'est un patron du pétrole qui dirigera les prochaines négociations sur le climat à Dubaï.

« Les géants du pétrole ont engrangé des bénéfices records en 2022. Leurs prétendues préoccupations écologiques sonnent creux. Si les gouvernements avaient récupéré les profits massifs que les industries du pétrole et de gaz ont versés à leurs riches actionnaires l'année dernière, ils auraient pu augmenter de près d'un tiers les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables.

« Nous pouvons nous attaquer à la crise climatique et mettre fin à la pauvreté. C’est une question de volonté politique. Si les 1 % les plus riches cessaient de gaspiller autant de carbone en jets privés, en grosses voitures polluantes et en investissements dans les combustibles fossiles, la moitié la plus pauvre de l'humanité pourrait augmenter sa minuscule empreinte carbone pour satisfaire ses besoins fondamentaux.

« Afin de rester sous le seuil de 1,5 °C, chaque habitant de la planète devrait se limiter à une moyenne de 2,2 tonnes d'émissions de CO2 par an d'ici à 2030. Les 1 % les plus riches épuisent ce "budget carbone" au cours des 12 premiers jours de l’année, tandis que les 50 % les plus pauvres de l'humanité en émettent moins de la moitié sur une année entière. Ces inégalités sont outrageantes. 

« Il n'y a qu'une infime chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C, mais nous ne pouvons pas jeter l'éponge. Chaque fraction de degré de réchauffement évité se comptera en millions de vies sauvées.

« Nous avons besoin de fonds pour l'action climatique et de réductions importantes des émissions, non seulement de la part des pays les plus riches, mais aussi de la part des particuliers et des entreprises les plus fortunés. Les pays riches sont les principaux responsables de la crise climatique et doivent s'acquitter de leur dette envers les pays pauvres en fournissant suffisamment de fonds pour financer l'adaptation aux effets du dérèglement climatique, le passage aux énergies renouvelables et les pertes et dommages. On n’a plus le temps de faire des promesses vides et de mettre des fausses solutions (comme le captage et le stockage du carbone) sur la table des COP. Il faut éliminer rapidement et équitablement des combustibles fossiles. Sinon, une catastrophe pour les populations de tous les pays se profile à l'horizon, et elle sera douloureuse ».

Notes aux rédactions

  • Selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM), les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées à l'échelle mondiale, en raison de l'augmentation constante des concentrations de gaz à effet de serre et de la chaleur accumulée.
  • Au moins 636 lobbyistes du secteur des combustibles fossiles étaient présents à la COP27.
  • Les grandes compagnies pétrolières ont plus que doublé leurs bénéfices en 2022 pour atteindre 219 milliards de dollars, soit plus que le PIB de nombreux pays. D’après ce rapport publié par Janus Henderson Investors, les dividendes des producteurs de pétrole et de gaz se sont élevés à 151,8 milliards de dollars en 2022. L'AIE indique que 472 milliards de dollars ont été investis dans les énergies renouvelables en 2022.
  • Afin de ne pas dépasser 1,5°C, il faudrait limiter les émissions à 17 Gt de CO2. Réparties de manière égale entre les habitants de la planète, ces émissions représentent environ 2,2 tonnes par personne. Les 1 % les plus riches émettront cette quantité de carbone en 12 jours, les 10 % les plus riches en un peu plus d'un mois, et la moitié la plus pauvre de l'humanité en émettra moins de la moitié en une année entière. Ces calculs sont basés sur l'analyse publiée dans le rapport d’Oxfam intitulé Les inégalités de carbone, publié en 2021. Oxfam publiera de nouvelles recherches sur les inégalités en matière de carbone en 2023.
  • Les recherches d'Oxfam ont révélé que les investissements de seulement 125 milliardaires émettent 393 millions de tonnes de CO2 chaque année - l'équivalent de la France – soit un million de fois plus qu'une personne faisant partie des 90 % les plus pauvres de l'humanité.
  • Selon le World Inequality Lab, l'éradication de la pauvreté mondiale entraînerait une augmentation des émissions de carbone d'environ 18 %. Cela équivaut à peu près aux émissions du 1 % le plus riche (15 % entre 1990 et 2015).

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