Crise en Syrie : des besoins humanitaires gigantesques après 12 ans de guerre et un tremblement de terre qui a laissé le nord du pays exsangue
Trois personnes sur quatre interrogées par Oxfam dans le gouvernorat d’Alep affirment avoir été contraintes de réduire le nombre de repas quotidiens depuis le tremblement de terre et presque toutes disent avoir contracté des dettes supplémentaires ou retiré leurs enfants de l'école pour survivre.
Oxfam a interrogé 300 personnes déplacées à Alep, vivant actuellement dans des abris collectifs, à l’approche du mois du Ramadan. Beaucoup disent avoir tout perdu à la suite des tremblement de terre survenus le 6 février dernier, déjà affaiblis par 12 années de guerre.
Les besoins humanitaires n'avaient jamais été aussi importants avant le 6 février : 90 % de la population vivait déjà sous le seuil de pauvreté tandis que les plans de réponse lancés par l’ONU pour subvenir aux besoins humanitaires des Syriens n’ont été financés qu’à 48% l’an dernier.
À l’approche du Ramadan, la nourriture se fait rare ou inabordable
Parmi les personnes interrogées par Oxfam, nombreuses ont déclaré avoir épuisé leurs dernières ressources. 90 % d'entre eux affirment ne pas être en mesure de célébrer le mois sacré du Ramadan. Dans tout le pays, quatre Syriens sur dix - soit près de 9 millions de personnes - ont été touchés par le tremblement de terre, ce qui a exacerbé une crise humanitaire déjà aiguë.
Près de 70 % des personnes interrogées ont déclaré que leur maison avait été partiellement détruite. Plus de 65 % ont déclaré dépendre de l'aide des ONG pour survivre. 22% ont perdu leur emploi ou leur source de revenus et 37 % n’ont eu d’autre recours que d’emprunter de l'argent pour subvenir aux besoins de leur famille.
Moutaz Adham, directeur d'Oxfam Syrie, a déclaré : « Les témoignages que nous avons recueillis sont très inquiétants. Les personnes interrogées affirment que le tremblement de terre les a mis à genoux. Presque toutes les familles auxquelles nous avons parlé ont été déplacées au moins deux fois depuis le début de la guerre en 2011. Près de la moitié d'entre elles consacrent désormais la majeure partie de leurs revenus à l'alimentation, ce qui leur laisse peu de moyens pour satisfaire d’autres besoins fondamentaux. Il faudra des mois, voire des années, pour que ceux qui ont tout perdu après cette nouvelle catastrophe puissent reconstruire leur vie ».
Jaydaa, originaire d'Alep, a déclaré à Oxfam : « Avant le tremblement de terre, nous ne recevions qu'un seul repas par jour, mais au moins nous avions un toit au-dessus de nos têtes. Aujourd'hui, nous nous retrouvons sous une tente et devons faire face au froid glacial la nuit ».
Et Moutaz Adham d’ajouter : « Qu’elles aient fui les combats ou les dégâts causés par les séismes ou les deux, les Syriens veulent simplement vivre dans la dignité et envisager l'avenir avec espoir. Ce tremblement de terre, qui s'ajoute à 12 années de guerre, rend la situation encore plus difficile pour des millions de personnes qui vivaient déjà dans des conditions précaires », conclut Adham.
Oxfam en Syrie
Oxfam est intervenue depuis ces trois hubs humanitaires en Syrie et a jusqu’à présent : fourni de l'eau potable dans 46 localités, installé 40 réservoirs d'eau dans des abris qui accueillent des personnes sinistrées, distribué plus de 2 250 kits d'hygiène comprenant du savon, des couches et des serviettes hygiéniques. L'organisation humanitaire répare également les robinets et les toilettes dans les abris et appuie les contrôles de sécurité des habitations impactées par les séismes et les répliques qui lui ont succédées.
Notes aux rédactions
- Oxfam a interrogé 300 personnes déplacées dans les zones d'Alep contrôlées par le gouvernement entre le 2 et le 8 mars et leur a demandé comment le tremblement de terre avait affecté leur vie.
- Oxfam a pour objectif d'apporter une aide humanitaire vitale à 800 000 des personnes les plus durement touchées par les séismes et la guerre au cours des trois prochaines années. Les équipes d’Oxfam vont prochainement évaluer l’étanchéité de 5 systèmes d’approvisionnement en eau dans les provinces d’Alep, de Lattaquié et de Hama, commencer à réparer des conduites d’eau alimentant des écoles et des hôpitaux, et soutenir la remise en service de boulangeries qui ont été endommagées par le séisme, un soutien urgentissime alors que 9,3 millions de Syriens se trouvaient déjà en situation d’insécurité alimentaire avant le tremblement de terre.
- Désirée Ketabchi, chargée de plaidoyer chez Oxfam Belgique, est disponible pour toute question.
- Des photos sont disponibles ici.
- Le Consortium 1212 a lancé un appel aux dons pour venir en aide aux personnes affectées par les tremblements de terre en Turquie et en Syrie.
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