Communiqué de presse28 juillet 2022

Une flambée sans précédent des prix alimentaires expose les Yéménites à un risque de faim extrême

L’aggravation de la crise alimentaire globale frappe durement le Yémen, déjà épuisé par sept ans de conflit. Les prix du blé, de la farine, de l’huile de cuisine, des œufs et du sucre ont augmenté de plus d’un tiers depuis mars.

Le Yémen importe 90 % de sa nourriture, le blé ukrainien représentant à lui seul 42 % des importations. Les importateurs ont prévenu que le stocks pourraient s’épuiser dans les mois à venir et que l’augmentation globale des prix menace leur capacité à assurer les importations de blé au Yémen.

L’Ukraine a annoncé la semaine dernière que les exportations de grain reprendront. C’est une bonne nouvelle, mais les conséquences des perturbations de la chaîne de distribution continueront à se faire sentir encore quelque temps.

Les éventuelles baisses des prix globaux ne seront que temporaires et ne se traduiront pas forcément par une réduction des prix pour les Yéménites. Pour beaucoup, le pain est la base de l’alimentation quotidienne, et la situation pourrait pousser des millions de personnes dans la faim.

Catherine De Bock, chargé humanitaire chez Oxfam Belgique déclare : « Cette augmentation sans précédent des prix alimentaires menace la vie de millions de personnes. De nombreuses familles sont au bord du gouffre après 7 ans de guerre. Les prix des aliments de base – désormais inaccessibles – risquent de les pousser dedans. Les dirigeants mondiaux doivent agir immédiatement pour prévenir une situation alimentaire catastrophique. »

En juin, une extension temporaire de la trêve en cours au Yémen a apporté un certain soulagement, mais la situation reste instable. D’autant qu’elle est couplée à une crise économique plus large, à l’augmentation des prix alimentaires et à un secteur agricole en souffrance (en grande partie à cause des effets du changement climatique). Tout ceci rend la vie des Yéménites très difficile. 80 % de la population a besoin d’une aide humanitaire… qui n’est financée qu’à hauteur de 27 % des besoins réels.

Les prix des denrées alimentaires de base ont augmenté jusqu’à 45 % entre mars et juin :

  • La farine de 38 %
  • L’huile de cuisine de 45 %
  • Le sucre de 36 %
  • Le riz de 30 %
  • Les haricots en conserve de 38 %
  • Le lait en poudre de 36 %
  • Les œufs de 35 %

Le prix national moyen du panier alimentaire minimal a augmenté de 48 % depuis décembre 2021. Et les fluctuations des taux de change ont encore accentué la hausse du prix des denrées importées. Le rial, monnaie officielle du Yémen, a perdu 28 % de sa valeur depuis le début de l’année.

Le prix du pétrole et du diesel a lui aussi augmenté de 43 % durant le premier trimestre de l’année. Un coup dur pour les habitants – et particulièrement pour les agriculteurs, déjà confrontés à des sécheresses inhabituelles pour la saison causées par l’augmentation globale des températures. De nombreux Yéménites dépendent de l’agriculture et de l’élevage pour leurs revenus, mais les récoltes échouent ou sont retardées et les troupeaux meurent à cause de la sécheresse.

Alors que les besoins augmentent, le manque de ressources pour la réponse a des conséquences dévastatrices. Le Programme Alimentaire Mondial a été forcé de réduire son aide. 5 millions de personnes reçoivent désormais moins de la moitié de leurs besoins caloriques quotidiens. 8 millions n’en recevront que 25 %.

De nombreuses familles ont expliqué à Oxfam qu’elles sont forcées d’emprunter à des voisins, de contracter des dettes auprès des marchands ou de sauter des repas afin que leurs enfants aient plus à manger.

Environ 56 % des 4 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays n’ont aucune source de revenus. Les enfants et les femmes composent 77 % de ces personnes, et courent le plus grand risque de faim extrême.

Arwa est divorcée et mère de deux enfants. Sa mère et sa sœur sont également à sa charge. Elle explique : « Je peine à acheter des aliments de base à cause des prix élevés. Ma mère et moi ne prenons que deux repas par jour afin que les enfants aient assez à manger. Avant, nous pouvions acheter du poulet ou du poisson un jour sur deux, et de la viande rouge une fois par semaine. Maintenant nous parvenons à peine à acheter du poulet une fois par semaine. Les prix des légumes ont tellement augmenté que nous ne pouvons acheter que la moitié de ce que nous achetions l’année dernière. »

Oxfam au Yémen soutient la population dans la recherche de revenus et procure des services de base comme l’accès à l’eau propre, des équipements sanitaires, des distributions d’argent, des installations solaires pour les ménages et les communautés. En 2021 Oxfam est venu en aide à plus de 23.000 ménages.

Oxfam appelle la communauté internationale à faciliter les importations de denrées alimentaires au Yémen en réduisant les obstacles, en finançant l’importation de céréales et en soulageant la dette du pays. Mais les Yéménites ont surtout besoin de voir le conflit se terminer de manière permanente. Oxfam appelle tous les belligérants à étendre la trêve dans les prochains jours.

Notes aux journalistes

Droite