Un mois après l’explosion, Beyrouth toujours à genoux
Environ la moitié des habitant.e.s de Beyrouth vivait sous le seuil de pauvreté avant la catastrophe. Dans les zones les plus touchées, environ 70.000 personnes ont perdu leur emploi à la suite de la destruction du port. Beaucoup étaient déjà au chômage par suite des mesures prises contre le coronavirus. Pour ces hommes et femmes, le retour à la normale reste un rêve très lointain.
« Une porte coûte deux mois de salaire »
Hanaa, mère de 3 enfants, a vu sa maison gravement endommagée lors de l’explosion. Faute d’un autre endroit où aller, elle continue à y vivre. « Il y a eu cette énorme explosion… La pièce était remplie de fumée. Des morceaux de mur et de verres nous tombaient dessus », se remémore-t-elle. « J’ai toujours peur que les murs s’effondrent. Nous avons recouvert les fenêtres avec du plastique et utilisé des plaques en bois pour faire une porte de fortune. L’arrivée de l’hiver me fait peur. Comment allons-nous résister aux pluies et au froid ? »
Pour de nombreuses familles, la reconstruction s’annonce en effet très difficile. Elles n’ont tout simplement pas les moyens de payer pour les réparations. « Le prix des matériaux de base est devenu inaccessible. », explique Bachir Ayoub, responsable de plaidoyer Oxfam au Liban. « Le salaire minimum tourne autour de 450 dollars par mois. Remplacer une fenêtre coûte désormais 500 dollars et une porte le double. Ces familles ont besoin d’une aide urgente pour se remettre de ce désastre et reconstruire leur vie. »
Des blessures physiques et mentales
Celine El Kik est travailleuse sociale pour KAFA, une association partenaire d’Oxfam. Elle en est convaincue : les conséquences psychologiques de la catastrophe se feront sentir longtemps après que les blessures physiques seront guéries.
« L’explosion du port a affecté tout le monde, mais particulièrement les femmes et les personnes déjà vulnérabilisées », dit-elle. « Les inégalités croissantes qui existaient déjà pour les réfugiés, les personnes âgées, les travailleurs immigrés ou encore la communauté LBGTQ+ ne vont faire que s’aggraver. »
« Nous avons déjà fait une étude pour identifier les personnes les plus vulnérables et entrer en contact avec elles », poursuit Céline. « Nous leur fournissons de la nourriture et des produits d’hygiène, mais aussi un soutien psychologique essentiel après une telle catastrophe. »
L’explosion du port a affecté tout le monde, mais particulièrement les femmes et les personnes déjà vulnérabilisées.
Celine El Kik
L’action d’Oxfam sur le terrain
Grâce à la générosité de ses donateurs, Oxfam et ses partenaires libanais ont déjà pu mettre en place une réponse d’urgence à la suite de l’explosion. Onze associations partenaires d’Oxfam sont actives sur le terrain dans des domaines divers :
- distribution de colis alimentaires,
- aide psychologique aux victimes,
- protection des femmes et des filles, particulièrement vulnérables dans les camps temporaires,
- distribution d’argent liquide et/ou de matériel de construction (bâches, planches, etc.),
- support aux petits commerçants et travailleurs précaires,
- etc.
Beyrouth – et le Liban dans son ensemble – mettront des mois, voire des années à surmonter les conséquences humaines et économiques de cette catastrophe. D’autant que le pays était déjà affaibli par une crise économique sans précédent et la pandémie de coronavirus. Après la réponse d’urgence, Oxfam y poursuivra le travail de terrain qu’elle effectue déjà depuis de nombreuses années.