Communiqué de presse29 octobre 2025

Un Belge appartenant aux 0,1 % les plus riches émet en 17 jours plus de CO₂ qu’une personne parmi les 50 % les plus pauvres en un an

  • Depuis 1990, la part des émissions mondiales des 0,1 % les plus riches a augmenté de 32 %, tandis que celle de la moitié la plus pauvre de l’humanité a diminué de 3 %.
  • Si tout le monde polluait autant que les 0,1 % les plus riches du monde, le budget carbone mondial serait épuisé en moins de trois semaines.
  • Pour respecter l’objectif de +1,5°C, les plus riches devraient réduire leurs émissions individuelles de 99 % d’ici 2030.
  • En Belgique, une personne appartenant aux 0,1 % les plus riches émet en moyenne plus de 640 kg de CO₂ par jour, tandis que les 50 % les plus pauvres des Belges en émettent 29 kg par jour.
  • Chaque jour, une personne parmi les 0,1 % les plus riches du monde émet plus de 800 kg de CO₂. À l’inverse, une personne parmi les 50 % les plus pauvres émet en moyenne 2 kg de CO₂ par jour. 

À l’approche de la COP30 à Belém, au Brésil, une nouvelle étude d’Oxfam révèle que le mode de vie à forte empreinte carbone des ultra-riches, y compris des ultra-riches Belges, épuise le budget carbone restant de la planète, c'est-à-dire la quantité de CO2 qui peut être émise tout en évitant une catastrophe climatique.

Le rapport « Main basse sur le climat : comment une poignée de Puissant.es précipitent le monde vers la catastrophe » montre qu’une personne appartenant aux 0,1 % les plus riches produit plus de pollution carbone en une journée que les 50 % les plus pauvres n'en émettent en une année. Il révèle aussi qu’un Belge appartenant aux 0,1 % les plus riches produit en seulement 17 jours plus de pollution carbone que les 50 % les plus pauvres des Belges en une année entière. 

Mais leur impact ne s’arrête pas à leur mode de vie : les milliardaires investissent massivement dans les entreprises les plus polluantes. En moyenne, un milliardaire génère 1,9 million de tonnes de CO₂ par an via ses investissements, l’équivalent de 10 000 tours du monde en jet privé. Près de 60 % des placements des milliardaires se trouvent dans des secteurs à fort impact climatique, comme le pétrole ou les mines, avec des émissions 2,5 fois supérieures à celles d’un portefeuille moyen. Les investissements de seulement 308 milliardaires émettent plus que 118 pays réunis.

« La crise climatique est avant tout une crise des inégalités : les plus riches financent la destruction du climat et en tirent profit pendant que la majorité mondiale en subit les conséquences », déclare Amitabh Behar, directeur général d’Oxfam International. 

La richesse des ultra-riches leur donne un pouvoir démesuré sur les politiques climatiques. À la COP29, 1 773 lobbyistes des énergies fossiles ont obtenu des accréditations. C’est plus que les dix pays les plus vulnérables au risque climatique réunis. Dans plusieurs pays riches, comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France ou l’Allemagne, les lois climatiques ont été affaiblies après des dons massifs de lobbies anti-climat. 

« C’est une aberration que tant de pouvoir et de richesse aient été concentrés entre les mains de quelques personnes qui ne font que renforcer leur emprise et nous embarquer collectivement dans une trajectoire de destruction planétaire. Les ultra-riches et les entreprises qu’ils dirigent ont un passif accablant : financement de lobbies, diffusion de désinformation climatique et poursuites judiciaires contre les ONG et les gouvernements qui tentent de leur résister. Il est urgent de briser leur emprise sur les politiques climatiques en taxant leur richesse extrême, en interdisant leur lobbying, et en plaçant les personnes les plus touchées par la crise climatique au cœur des décisions », conclut Amitabh Behar. 

Les émissions du 1 % le plus riche pourraient provoquer 1,3 million de décès liés à la chaleur d’ici la fin du siècle, et causer 44 000 milliards de dollars de pertes économiques dans les pays à revenu faible ou intermédiaire d’ici 2050. Les femmes, les filles, les peuples autochtones et les populations du Sud global seront les plus durement touchés.

Dix ans après l’Accord de Paris, les 1 % les plus riches du monde ont consommé plus du double du budget carbone que la moitié la plus pauvre de l’humanité réunie.

Oxfam appelle les gouvernements à : 

  • Faire payer les plus gros pollueurs : taxer la richesse extrême, imposer les profits excessifs des entreprises fossiles, et soutenir la Convention des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale. Une taxe de 60 % sur les revenus des 1 % les plus riches pourrait réduire les émissions d'un montant équivalent aux émissions totales du Royaume-Uni et générer 6 400 milliards de dollars.
  • Réduire leur influence politique et économique : interdire la participation des entreprises fossiles aux négociations climatiques, renforcer les régulations sur les entreprises et institutions financières, et rejeter les accords commerciaux comme l’ISDS (le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, qui permet aux entreprises d'attaquer un État devant un tribunal arbitral international) qui placent les intérêts privés au-dessus du bien commun.
  • Renforcer la voix de la société civile et des peuples autochtones dans les négociations climatiques.
  • Adopter une répartition équitable du budget carbone : chaque pays doit contribuer à la hauteur de sa responsabilité historique dans la crise climatique et de sa capacité à agir, avec un engagement fort des pays riches en matière de financement climatique.
  • Construire une économie équitable et durable, en tournant le dos au néolibéralisme et en plaçant les personnes et la planète au cœur du système économique.

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