Réaction d’Oxfam à l’ouverture de la 5e Conférence Mondiale du Cacao à Bruxelles

Les géants du chocolat ont déjà augmenté les prix pour les consommateurs afin de compenser la hausse du coût du cacao et, malgré des années de bénéfices et de dividendes versés aux actionnaires, ils se sont toujours opposés à toute mesure qui pourrait réduire leurs marges bénéficiaires. En bref, voici ce que révèle une nouvelle analyse d'Oxfam :

• Lindt, Mondelēz et Nestlé ont réalisé ensemble près de 4 milliards de dollars de bénéfices sur leurs ventes de chocolat en 2023.
• Les bénéfices de Hershey dans le secteur de la confiserie se sont élevés à 2 milliards de dollars l'année dernière.
• Les quatre entreprises ont versé en moyenne 97 % de leurs bénéfices nets totaux à leurs actionnaires en 2023.
• La fortune collective des familles Ferrero et Mars, qui possèdent les deux plus grandes sociétés privées de chocolat, a grimpé à 160,9 milliards de dollars au cours de la même période. C'est plus que les PIB combinés du Ghana et de la Côte d'Ivoire, qui exportent la plupart des fèves de cacao.
• Pendant des décennies, le cacao a été vendu à des prix cassés. Les industriels ont maintenu les cacaoculteurs dans la pauvreté. Leurs très faibles revenus les ont empêchés d'embaucher de la main d’œuvre ou d'investir dans leurs exploitations, ce qui a limité le rendement de leurs exploitations. Les vieux cacaoyers sont particulièrement vulnérables aux maladies et aux conditions météorologiques extrêmes, et n’ont pas résisté aux effets de la crise climatique. Ces inégalités structurelles ont poussé de nombreux agriculteurs à abandonner la culture du cacao pour d'autres cultures ou à vendre leurs terres.

S'exprimant avant la conférence, Bart Van Besien, chargé de plaidoyer chez Oxfam Belgique et expert de la filière cacao, a déclaré : « Le plus ironique est que l’envolée du prix du cacao aurait pu être évitée si les entreprises avaient payé un prix équitable aux agriculteurs et les avaient aidés à rendre leurs exploitations plus résistantes aux conditions météorologiques extrêmes. L’attitude des géants du chocolat révèle leur hypocrisie : ils paient des prix élevés maintenant que le marché l'exige, mais ils se sont opposés à chaque fois que les producteurs de cacao ont subi des pertes. La seule voie viable pour le secteur est de rémunérer équitablement les cacaoculteurs ».

Ismael Pomasi, président de l'association ghanéenne Cocoa Abrabopa, a quant à lui déclaré : « Cette situation sape notre motivation. Mon travail acharné à la ferme est à peine récompensé. Entre la lutte contre les parasites et la sécheresse qui tue mes cacaoyers, je suis en difficulté. J'aimerais pouvoir me permettre d'irriguer mes champs pour faire face à la faible pluviométrie actuelle. Si l'industrie du chocolat, qui pèse des milliards de dollars, payait le cacao à un prix équitable, je pourrais vraiment m'attaquer à ces problèmes et gagner décemment ma vie.

Note aux rédactions

• Sont disponibles pour des interviews :

1. Nana Kwasi Barning Ackay, responsable de projet chez SEND Ghana et coordinateur de la Ghana Civil Society Cocoa Platform (GCCP) (anglais)
2. Ismael Pomasi, président de l'association ghanéenne Cocoa Abrabopa (anglais)
3. Bart Van Besien, Chargé de plaidoyer, Oxfam Belgique (néerlandais, anglais, français)
4. Anouk Franck, conseillère politique sur les entreprises et les droits humains, Oxfam Novib (néerlandais, anglais).

Dates clés : Les porte-parole d'Oxfam et les agriculteurs se réuniront pour distribuer du chocolat produit par la coopérative ghanéenne Women in Cocoa Cooperative (Cocoa Mmaa), et seront disponibles pour des interviews et des photos.

>> 7:30-9:00 - le 22 avril à la Place d'Albertine, en face de la Conférence mondiale sur le cacao <<