Quand le climat s’emballe, la faim aussi
Les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient et les pays les plus touchés voient les niveaux de faim extrême exploser : +123% en 6 ans. Plus du double ! Pourtant, ces pays sont les moins responsables de la crise climatique. Dans le même temps, les entreprises pétrolières enregistrent des profits records. A quand la justice climatique ?
Le nouveau rapport Oxfam intitulé « La faim dans un monde qui se réchauffe » montre que dans les dix pays les plus exposés aux risques climatiques la faim a plus que doublé. 48 millions de personnes y souffrent gravement de la faim contre 21 millions en 2016. 18 millions de personnes sont au bord de la famine. Les pays en question sont la Somalie, Haïti, Djibouti, le Kenya, le Niger, l’Afghanistan, le Guatemala, Madagascar, le Burkina Faso et le Zimbabwe. Tous ont été frappés par des phénomènes météorologiques extrêmes de manière répétée au cours des deux dernières décennies.
5 fois plus de catastrophes climatiques
« Les phénomènes météorologiques extrêmes comme les sécheresses, les cyclones et les inondations sont de plus en plus fréquents et de plus en plus mortels », explique Eva Smets, directrice d’Oxfam Belgique. « Les chocs climatiques répétés sont en passe de donner le coup de grâce à des millions de personnes qui ont déjà été sévèrement touchées par les conflits en cours, le creusement des inégalités et les crises économiques. Les catastrophes climatiques sont en train d’épuiser la résilience des populations pauvres et de les précipiter dans une situation de crise alimentaire encore plus grave. »
En 50 ans, il y a 5 fois plus de phénomènes extrêmes et leur intensité augmente aussi. La Somalie, par exemple, vit la pire sécheresse de son histoire. Au Guatemala, 80% de la récolte de maïs a été détruite par la sécheresse et les petites exploitations qui s’y consacrent à la production de café souffrent de la diminution des pluies due au changement climatique. 2,5 millions de têtes de bétail ont succombé au manque d’eau. Un drame qui aggrave la crise alimentaire touchant 2,4 millions de personnes. Ces quelques chiffres donnent le vertige et ne sont que des exemples. Les projections des expert.e.s, au cas où l’on ne prend pas les mesures suffisantes pour limiter le réchauffement, sont encore plus alarmantes.
« Nous sommes resté.e.s presque huit jours pratiquement sans nourriture »
Quand on parle de prendre les mesures suffisantes, on pense avant tout aux responsables politiques des pays riches, comme ceux du G20. A eux seuls, ils produisent 75% des émissions de CO2 ! Autant dire que la clé de la lutte contre le réchauffement climatique se trouve là. Il s’agit d’une responsabilité que les pays les plus riches, comme la Belgique, doit assumer en réduisant notamment les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi en aidant financièrement les pays les plus touchés.
L’urgence d’agir sur ces deux axes est criante. Derrière l’inaction politique, ce sont des millions de vies qui sont en jeu : « Nous sommes resté.e.s presque huit jours pratiquement sans nourriture », raconte ainsi Mariana López, une mère de famille vivant à Naranjo, ville située dans le couloir sec du Guatemala. Des sécheresses persistantes l’ont contrainte à vendre sa terre.
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Des cas comme ceux de Mariana, il y en a hélas des millions. Les femmes sont les premières et les plus durement touchées par le réchauffement de la planète et la faim qui en découle. Le risque de perdre leur habitat, leurs revenus et un accès à la nourriture est plus élevé pour elles. Par exemple, lorsque les conditions de vie de leur famille se dégradent, les femmes mangent en dernier, moins et moins bien afin de donner priorité à leurs enfants.
Et dans le même temps, c’est en milliards de dollars quotidiens que se chiffrent les profits des entreprises du secteur des énergies fossiles. En fait, depuis 50 ans, elles enregistrent en moyenne 2,8 milliards de profits par jour. Elles sont d’ailleurs aussi encore largement soutenues par les pays riches alors qu’il y a urgence à les mettre face à leurs responsabilités. Il faut arrêter les subsides mais aussi taxer ces profits indécents. En instaurant une taxe de 1% sur les revenus annuels du secteur, on pourrait déjà couvrir les besoins liés à l’insécurité alimentaire.
« Nous ne pouvons résoudre la crise climatique sans nous attaquer aux inégalités profondes de nos systèmes alimentaire et énergétique. Une augmentation des impôts pour les plus polluants permettrait de financer aisément ces mesures. Il n’est pas question de charité, mais d’un impératif éthique », conclut Eva Smets.
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La crise climatique, les inégalités et la pauvreté sont indissociables. Les pays les plus vulnérables souffrent le plus des effets du changement climatique. Notre ambition : un futur juste et équitable pour tous et toutes. Un futur auquel vous pouvez contribuer.