
Le plus grand déplacement forcé mené par Israël en Cisjordanie depuis 1967 entrave gravement l'aide humanitaire
- Au moins 800 check points et autres entraves à la libre circulation israéliens paralysent la réponse humanitaire d’Oxfam et de ses partenaires. La situation est telle que des trajets de deux heures prennent désormais douze heures.
- Le plus grand déplacement forcé en Cisjordanie depuis 1967 fait craindre aux Palestiniens expulsés de ne plus pouvoir rentrer chez eux.
Plus de 40 000 personnes ont été déplacées de force depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu temporaire dans la bande de Gaza le 19 janvier – le chiffre le plus élevé depuis l’occupation israélienne du territoire palestinien, y compris la Cisjordanie, à compter de 1967.
L’offensive militaire israélienne en Cisjordanie a particulièrement touché le nord, dont Jénine seulement deux jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Gaza. Elle s’étend désormais à Tulkarem, Nur Shams et aux camps de réfugiés d’El Far'a. Alors que la "gazaïfication" de la Cisjordanie s'intensifie, des projets humanitaires vitaux ont été interrompus ou détruits, avertit Oxfam aujourd’hui.
Les Palestiniens de Cisjordanie sont confrontés à la mort, à des détentions arbitraires, des restrictions sévères de mouvement, un accès limité à leur lieu de travail et à l'éducation, ainsi que la destruction massive de maisons et d’infrastructures publiques.
Suhair Farraj, directrice de l’organisation partenaire d’Oxfam, Women Media and Development, a déclaré :
« La situation n'a jamais été aussi grave. Les blocages et les check points rendent la distribution d'aide quasi impossible. Un trajet de deux heures prend désormais douze heures. »
Mustafa Tamaizeh, responsable des projets en lien avec le développement économique et de la réponse humanitaire en Cisjordanie pour Oxfam, a ajouté :
« Le gouvernement israélien poursuit sa politique de destruction en toute impunité, tout en soutenant et encourageant les colons israéliens installés illégalement en Cisjordanie à attaquer les Palestiniens. »
Blocage de l’aide et intimidations
Les équipes d’Oxfam et leurs partenaires signalent des entraves systématiques à l’acheminement de l’aide : accès refusé aux points de contrôle, livraisons bloquées et menaces directes contre les travailleurs humanitaires. Ces restrictions ralentissent l’aide et augmentent les coûts opérationnels.
Depuis le début de l’opération militaire israélienne en Cisjordanie le 21 janvier, 51 Palestiniens, dont sept enfants, et trois soldats israéliens ont été tués. Le camp de réfugiés de Jénine est pratiquement désert, et nos partenaires indiquent que les forces israéliennes élargissent les routes et installent des panneaux en hébreu dans les zones évacuées.
Avec la multiplication des attaques de colons israéliens, l’aide humanitaire d’Oxfam et de ses partenaires est gravement entravée. Les infrastructures essentielles, notamment d’eau et d’assainissement, ont été sévèrement endommagées, privant des dizaines de milliers de personnes d’accès à l’eau potable et faisant craindre une crise sanitaire. L’agriculture est pratiquement paralysée.
Abbas Milhem, directeur général de l’Union des agriculteurs palestiniens, partenaire d’Oxfam, a déclaré :
« Depuis le cessez-le-feu à Gaza, Israël a coupé l’accès des agriculteurs à leurs terres en Cisjordanie, rendant leur vie impossible. Ce mois-ci seulement, l’armée israélienne a ordonné la saisie de 1 000 hectares de terres en Cisjordanie occupée, vidant ces terres de leurs agriculteurs pour faciliter l’annexion et l’expansion des colonies. »
Et Mustafa Tamaizeh de conclure :
« Ce que nous voyons est une stratégie d’annexion calculée. Du jour au lendemain, le déplacement entre les villes est devenu impossible, exerçant une pression économique et sociale insoutenable sur des communautés déjà en détresse. Les violations des droits humains et du droit international se produisent sous nos yeux, avec une impunité totale, tandis que la communauté internationale reste silencieuse. »
Soutenez Oxfam à Gaza
Oxfam apporte une aide humanitaire dans la bande de Gaza constituée notamment de colis alimentaires, d’unités de désalinisation de l’eau, de bouteilles d’eau, de stations de lavage des mains, de couvertures, de lits, de kits médicaux, de kits pour femmes enceintes et allaitantes, de dispositifs pour les personnes handicapées ou encore de distributions de cash.