Bombardementen in Gaza
Communiqué de presse27 novembre 2024

Aucune aide n’entre dans le gouvernorat de Gaza-Nord depuis 50 jours, Oxfam accuse Israël d’y intensifier son nettoyage ethnique

Depuis cinquante jours, Israël empêche Oxfam, ses partenaires et d'autres agences humanitaires de fournir une aide vitale à des milliers de personnes affamées dans le nord de Gaza. Des pratiques qu’Oxfam qualifie de nettoyage ethnique.

Amitabh Behar, directeur général d’Oxfam International, a déclaré : « Nos équipes à Gaza tentent désespérément, depuis près de deux mois, d'atteindre des civils affamés, mais sont bloquées par l'armée israélienne. Nous savons que de nombreux enfants sont piégés et meurent de faim. 

« Le nettoyage ethnique en cours dans le gouvernorat de Gaza-Nord prouve une fois de plus qu’Israël agit en toute impunité vis-à-vis du droit international. Israël met en place une infrastructure qui laisse présager une présence militaire à long terme – une annexion de facto du territoire – et anéantit le peu d’espoir qu’il reste pour trouver une solution juste et pacifique au conflit israélo-palestinien. 

« La communauté internationale reste impuissante et, dans certains cas, complice. C'est un moment sombre de l'Histoire. Israël soumet des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants à la famine, les utilise comme arme de guerre, sous les yeux d'un monde pleinement conscient de ce qui s’y déroule et qui choisit de ne rien faire », a ajouté Amitabh Behar. 

Au moins 50 000 personnes piégées dans le nord de Gaza

Entre 50 000 et 75 000 personnes sont piégées dans la région sans accès à de la nourriture, de l'eau ou à l'électricité. Israël les considère comme des combattants, car elles n'ont pas quitté la zone, ou n'ont pas pu le faire. Il est impossible de savoir combien de personnes sont mortes, notamment de malnutrition. 

L'ONU a confirmé qu'aucune mission de livraison d’aide alimentaire complète n'a été menée dans le gouvernorat de Gaza-Nord depuis le 6 octobre. Toutes les boulangeries ont cessé leurs activités, et les programmes nutritionnels ont été suspendus, y compris l'aide pour les enfants souffrant de malnutrition et pour les femmes enceintes et allaitantes. Les autorités israéliennes ont rejeté toutes les tentatives de l'ONU d'envoyer des équipes médicales d'urgence ou de fournir du carburant pour maintenir les services d'eau et d'assainissement en état de marche. 

Un travailleur d'Oxfam a déclaré : « Le nord est coupé – Jabalia, Beit Lahia, Beit Hanoun – il n'y a que chaos, confusion, faim et mort. Dans le nord, personne ne peut aider ces gens. Il n’y pas de nourriture, pas d'électricité, seulement la famine. » 

Le partenaire d'Oxfam, Juzoor, maintient encore du personnel dans le nord. Son directeur général, le docteur Umaiyeh Khammash, a indiqué que les récents bombardements israéliens ont frappé un refuge qui accueillait des personnes déplacées géré par Juzoor, « provoquant panique et chaos », ainsi qu'un des 15 points de santé de Juzoor, détruisant du matériel et des médicaments, et un entrepôt alimentaire et médical de l'organisation. 

Les employés de Juzoor continuent à fournir un soutien médical depuis leurs centres encore ouverts, y compris pour les accouchements. Le docteur Umaiyeh Khammash rapporte que de nombreux Palestiniens de la bande de Gaza n’ont pas accès à de la nourriture et que des enfants meurent de malnutrition. Jusqu'à présent, Juzoor a perdu dix membres de son personnel dans les bombardements israéliens. 

L'armée israélienne bloque l'acheminement de l'aide

Oxfam fait partie du Food Security Cluster, un groupe d'agences de l'ONU et d'organisations internationales, toutes empêchées de pénétrer dans le gouvernorat de Gaza-Nord depuis qu'Israël a intensifié son siège militaire le 6 octobre. Oxfam avait reçu 1 840 colis alimentaires et, avec l’autorisation d’Israël, aurait pu immédiatement en acheminer 800 – de quoi nourrir 5 600 personnes. 

Environ 100 000 personnes ont récemment été sommées de fuir le nord de Gaza par Israël. Les équipes d'Oxfam essayant de leur apporter une aide humanitaire ont recueilli des témoignages déchirants. Des soldats israéliens ont enjoint aux habitants contraints de partir de ne plus jamais revenir à Gaza-Nord et leur ont promis que des distributions de nourriture les attendaient lorsqu’ils arriveraient en zone supposément ‘sûre’, ce qui était faux. Un homme de Beit Hanoun a raconté vivre dans une école endommagée avec son jeune fils, tamisant des insectes dans la farine pour faire du pain au feu de bois à l'intérieur par peur d'attirer l'attention des drones militaires. 

Un autre témoin a rapporté : « Il y avait un vieil homme en fauteuil roulant, dont la chaise s'est coincée dans le sable. Les soldats nous ont ordonné de continuer sans lui. » 

Un employé d'Oxfam a expliqué que les transferts forcés vers le sud ont créé une surpopulation telle que les conditions y sont maintenant « proches de la famine ». Responsable des distributions d'Oxfam dans le nord, il a déclaré ne pouvoir prendre qu'un seul repas par jour, constitué d'un seul aliment. Il a été déplacé dix fois en un an. 

Il a ajouté : « Il n'y a pas de marché dans la ville de Gaza. Nous sommes en conditions de famine ici aussi. La semaine dernière, nous avions 280 colis alimentaires, et espérons les distribuer cette semaine. Les personnes déplacées du nord sont dans un état vraiment choquant. » 

À Gaza dans son ensemble, y compris le sud, une moyenne de 37 camions d'aide entrait chaque jour le mois dernier, et 69 par jour durant la première semaine de novembre. Avant le 7 octobre, 500 camions d'aide et de produits commerciaux franchissaient la frontière vers Gaza chaque jour. 

Oxfam appelle à un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent, ainsi qu'Israël autorise un acheminement de l’aide humanitaire immédiatement et sans entraves. 


Notes aux rédactions  

  • Notre porte-parole belge n’est malheureusement pas disponible pour des interviews, d’autres porte-paroles au sein de la confédération peuvent intervenir à distance (en anglais).  
  • Les missions d’aide humanitaire dans le gouvernorat de Gaza-Nord ont été particulièrement perturbées depuis le début de l’offensive terrestre israélienne le 6 octobre. Entre le 1er et le 18 novembre, 85 % des 41 demandes de coordination pour des missions humanitaires dans le gouvernorat de Gaza-Nord ont été soit refusées (17) soit entravées (18), tandis que 7 % (3) seulement ont été facilitées. En particulier, 31 de ces 41 demandes concernaient les zones assiégées de Jabalya, Beit Hanoun et Beit Lahya, avec toutes sauf quatre tentatives refusées durant cette période. Ces quatre tentatives ont été gravement entravées et n’ont pu atteindre que des objectifs limités.
  • Le siège dans le nord de Gaza englobe la majeure partie des zones résidentielles du gouvernorat, y compris Beit Hanoun, Beit Lahya et la majeure partie de Jabalya. L’ensemble du gouvernorat de Gaza-Nord inclut les zones assiégées, mais aussi le point de passage de Zikim (Erez-Ouest), qui est resté accessible pendant les 50 jours, ainsi que le sud de Jabalya. 
  • Le droit international humanitaire (DIH) interdit l’utilisation de la famine comme méthode de guerre. En tant que puissance occupante à Gaza, Israël est tenu par le DIH de pourvoir aux besoins et à la protection de la population de Gaza. En 2018, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 2417 qui condamnait à l’unanimité l’utilisation de la famine contre les civils comme méthode de guerre et déclarait que tout refus d’accès humanitaire constituait une violation du droit international. 

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