Superyacht against backdrop of fire
Communiqué de presse28 octobre 2024

COP 29 : Les yachts et jets privés de l’élite européenne émettent plus de CO2 en une semaine que les 1% les plus pauvres de l’humanité en toute une vie

D’après un nouveau rapport publié aujourd’hui par Oxfam à l’approche de la COP 29 de Bakou, l'empreinte carbone d’un Européen super-riche accumulée au cours de près d’une semaine passée sur ses super-yachts et dans ses jets privés, équivaut à l'empreinte carbone d'une personne appartenant au 1 % le plus pauvre de la planète, tout au long de sa vie.

Cette étude inédite intitulée Les inégalités carbone tuent analyse les émissions des super-riches dues aux déplacements en jets privés et sur des yachts et à leurs investissements dans des industries polluantes. Elle montre comment les ultra-riches alimentent les inégalités, augmentent les taux de malnutrition et de mortalité dans le monde entier. Ce rapport est publié en amont de la 29e Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP29) qui se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, dans un contexte d’inquiétude croissante face à l'accélération du dérèglement climatique, principalement due aux émissions des plus riches.

« Les ultra-riches traitent notre planète comme leur terrain de jeu. Leur mode de vie et leur quête du profit détruisent la planète. Leurs investissements polluants et leurs jouets de luxe (jets privés et yachts) ne sont pas seulement un symbole de leurs excès ; ils constituent une menace directe sur la vie des personnes et la planète », déclare Alba Saray Pérez Terán, chargée de plaidoyer en justice climatique chez Oxfam Belgique. 

Le rapport est la première étude qui se penche à la fois sur les émissions occasionnées par les modes de transport de luxe et les investissements des milliardaires. Il présente de nouvelles données détaillées montrant que les émissions excessives de ces milliardaires accélèrent le dérèglement climatique et nuisent considérablement aux économies et aux moyens de subsistance. Les pays et les communautés les plus pauvres du monde sont les moins responsables de la crise climatique. Pourtant, ce sont eux qui en subissent les effets les plus dangereux.

D’après les conclusions d’Oxfam portant sur les super-riches européens :

  • Un Européen ultra riche prend en moyenne 140 vols par an, passe 267 heures dans les airs et produit autant de CO2 qu'un Européen moyen en 112 ans. 
  • Au cours de la même période, un Européen ultra-riche émet en moyenne, sur son yacht, autant de carbone qu'un Européen ordinaire en 585 ans. 

Si le rythme actuel d’émissions mondiales se poursuit, le budget carbone (c’est-à-dire la quantité de dioxyde de carbone qui peut encore être rejetée dans l’atmosphère sans entraîner une hausse des températures mondiales au-delà du seuil de 1,5 °C) sera épuisé dans environ quatre ans. Toutefois, si tout le monde se mettait à émettre autant de CO2e que les 1 % les plus riches, le budget carbone serait consommé en moins de cinq moins. Et si tout le monde se mettait à émettre autant de CO2e qu’un milliardaire moyen étudié dans le rapport d’Oxfam ne le fait en utilisant ses jets privés et super-yachts, il serait épuisé en deux jours.

Si les émissions dues au train de vie des milliardaires éclipsent celles des personnes ordinaires, les émissions générées par leurs investissements sont encore plus alarmantes : les émissions liées aux investissements de 50 des milliardaires les plus riches du monde représentent en moyenne 340 fois les émissions conjointes de leurs jets privés et super-yachts. Ces investissements procurent aux milliardaires une influence considérable sur certaines des plus importantes multinationales mondiales et nous précipitent vers une catastrophe climatique. 

Près de 40 % des investissements des milliardaires pris en compte dans l’analyse d’Oxfam concernent des industries hautement polluantes comme l’industrie pétrolière, l’exploitation minière, l’industrie du transport et l’industrie du ciment. Les émissions totales liées aux investissements de 36 des milliardaires les plus riches de l'UE équivalent aux émissions annuelles de plus de 4,5 millions d'Européens.

Impact des super-riches belges sur le climat, les inégalités et la faim dans le monde

Sur la base d’une ventilation nationale et régionale détaillée, le rapport d’Oxfam met en lumière des domaines essentiels dans lesquels les émissions générées par les 1 % les plus riches depuis 1990 ont déjà des conséquences dévastatrices. Voici les chiffres concernant la Belgique :

  • Inégalités mondiales. Les émissions des 1 % les plus riches de Belgique ont réduit la production économique mondiale de 6,4 milliards de dollars depuis 1990. Les impacts les plus importants sont majoritairement ressentis dans les pays les moins responsables du changement climatique. 

  • Faim : Les émissions des 1 % les plus riches de Belgique ont entraîné des pertes de récoltes dues à la crise climatique. Ces pertes de récoltes auraient suffi à nourrir près de 31 600 personnes par an entre 1990 et 2023. Ce chiffre passera à 62 300 personnes par an entre 2023 et 2050. 

« Les super-riches ont une responsabilité démesurée dans l’accélération de la crise climatique. Ils devraient payer la facture de leur empreinte carbone, et non les citoyens belges ordinaires. Cela signifie plus de taxes pour les super-riches, comme un impôt sur la fortune et des taxes plus élevées sur les super-yachts et les jets privés », a déclaré Alba Saray Pérez-Terán.

À l’approche de la COP29, Oxfam appelle le futur gouvernement belge à : 

  • Réduire les émissions des plus riches. Introduire des impôts permanents sur le revenu et sur la fortune pour les 1 % les plus riches du monde, interdire ou taxer de manière dissuasive la consommation de produits de luxe à forte empreinte carbone (à commencer par les jets privés et les super-yachts), et réglementer l’activité des entreprises et des fonds d’investissement pour qu’ils réduisent radicalement et équitablement leurs émissions de carbone.

  • Faire payer l’élite pollutocrate. Les besoins en matière de financement climat sont considérables et ne cessent de croître, en particulier dans les pays du Sud global qui subissent de plein fouet les pires effets de la crise climatique. Un impôt sur la fortune prélevé sur les millionnaires et les milliardaires du monde entier pourrait générer au moins 1 700 milliards de dollars par an. En Belgique, un impôt sur la fortune pourrait rapporter 20 milliards d’euros aux pouvoirs publics. 

Notes aux rédactions

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