Situation humanitaire alarmante au Mali : Oxfam apporte une assistance alimentaire d’urgence

La crise humanitaire qui traverse le Sahel central (Mali, Niger et Burkina Faso) est l’une des crises qui se détériore le plus rapidement au monde. 20% de la population sahélienne, soit 24 millions de personnes, ont besoin de nourriture, d’accès à l’eau, aux soins de santé et à l’éducation. L’insécurité y a déplacé près de 2 millions de personnes, augmentant ainsi les besoins en abris et en protection, notamment au Mali, confronté à de violents affrontements entre les forces armées maliennes et plusieurs groupes séparatistes et djihadistes depuis 2012.

Cette crise sécuritaire, couplée à une production agricole et maraichère en baisse, l’accélération du réchauffement climatique, la perturbation des circuits commerciaux à cause des violences et l’augmentation du prix des céréales de base, ont entrainé une baisse des revenus des ménages, contraints de faire appel à l’emprunt ou à réduire le nombre de repas journaliers.

Il y a tout juste un an, alors que le PAM annonçait être contraint de réduire son aide en Afrique de l’Ouest, projetant d’atteindre 6,2 millions de personnes au lieu de 11,6 millions pour cause de déficit de financement, Oxfam est intervenue dans le cadre d’un programme humanitaire soutenu par l’Union européenne.

Renforcement de la sécurité alimentaire et sanitaire

Aux côtés de nos partenaires, et après concertation avec le PAM et d’autres agences humanitaires (Worldvision, Plan International et l’ONG malienne GRADP Mali) actives sur place, nous avons identifié les villages dans lesquels les ONG et les agences onusiennes étaient peu présentes ou absentes et nous nous sommes mobilisés sur le chantier de la sécurité alimentaire.

En sept mois, Oxfam et ses partenaires sont venus en aide à près de 11 000 personnes se trouvant en situation d’insécurité alimentaire sévère dans les cercles (départements) d’Ansongo et de Gao, où plus de la moitié de la population vit dans l’insécurité alimentaire en raison d’une baisse de la production agricole, de vols de bétail, ainsi qu’un taux de couverture en eau potable parmi les plus faibles du pays.

Notre intervention a pris la forme de trois transferts monétaires inconditionnels de 9200 FCFA chacun, effectués pendant les mois de pic de la soudure (la période de soudure survient entre juillet et septembre, lorsque les réserves de la récolte précédente sont épuisées tandis que les prochaines cultures ne sont pas encore prêtes à être récoltées) et lors de périodes de crise.

90% des montants perçus par les ménages lors de la première distribution ont été dépensés en achat de nourriture, ce taux décroissant lors des deuxième et troisième vagues pour faire davantage place à des dépenses en soin de santé et en éducation. Le projet a également permis d’effectuer des activités de dépistages des taux de malnutrition auprès de près de 5 000 enfants, et permis la prise en charge des cas de malnutrition au centre de santé le plus proche ou à domicile.

Distribution de farines alimentaires

Les dépistages ont révélé de nombreux cas de malnutrition chez les enfants et les femmes enceintes et allaitantes. Nous avons dès lors procédé à deux distributions de sacs de farines nutritionnelles de 3 kg à 2000 personnes, dont 1400 enfants de 6 à 23 mois et 600 femmes enceintes et mères allaitantes, sous la supervision des Centres de Santé Communautaires. Parallèlement à cette assistance, sept Centres de santé ont été dotés de quantités importantes de farine enrichie pour venir en aide aux enfants rétablis de malnutrition modérée ou aigüe.  

« Avant de procéder à la distribution de farine nutritionnelle, le taux de malnutrition était élevé dans notre centre de santé », témoigne Mariam Tiegoum, Chargée de nutrition au centre communautaire de Bangoundié, dans la région de Gao. « Les consultations ont démontré que la malnutrition touche particulièrement les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les enfants en bas-âge. La situation était vraiment critique ! » conclut-elle. Afin d’éviter de potentielles rechutes, la surveillance nutritionnelle des personnes vulnérables accueillies au centre de santé était donc cruciale. Un suivi de proximité assuré par de nombreux.euses membres de la communauté dont Mariam Tiegoum fait partie a permis d’éviter cette éventualité.

« Dans mon rôle, j’ai pris l’engagement personnel et bénévole d’organiser des visites à domicile dans les familles accueillant des personnes déplacées pour m’assurer que les femmes ont respecté la préparation et la consommation du bouillon de farine nutritionnelle enrichie », explique Mariam Tiegoum.

D’après le PAM, la situation nutritionnelle reste préoccupante dans toute la région du Sahel, où les niveaux d'urgence d'émaciation des enfants ont été atteints et dépassés dans plusieurs pays cette année, notamment dans certaines régions du Mali, du nord-ouest du Nigeria et du Burkina Faso. Le nombre de personnes souffrant de la faim devrait atteindre 49,5 millions de personnes entre juin et août 2024, soit une augmentation de 4 % par rapport à la même période en 2023. Et cela alors que les financements pour répondre aux besoins urgents diminuent.

Oxfam au Mali

Oxfam intervient au Mali depuis 1995 et nous concentrons nos efforts dans les zones où les besoins sont les plus urgents et essentiels et avons développé un solide ancrage communautaire au cours des 30 dernières années.

Les priorités stratégiques d’Oxfam au Mali sont :

1. Une action humanitaire auprès des communautés exposées aux conflits et aux crises.  
2. Une gouvernance responsable par le renforcement des systèmes de gouvernance inclusifs et redevables qui garantissent le respect des droits humains et la justice climatique.
3. Des économies équitables en défendant le droit à l’égalité d’accès aux systèmes économiques aux populations marginalisées, en concentrant nos efforts sur les femmes et les jeunes.

La vision d’Oxfam est « Un Mali pacifié où les inégalités et les injustices sociales sont réduites et où tous les citoyens et citoyennes exercent et jouissent pleinement de leurs droits ».

Ce projet a bénéficié du financement de la Direction générale pour la protection civile et les opérations d'aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO).