Communiqué de presse5 avril 2023

10 millions de personnes en RDC ont besoin d'une aide d'urgence dans un contexte de violence accrue

La reprise des affrontements violents impliquant des groupes armés non étatiques a exacerbé les crises de la faim et de la protection en République démocratique du Congo, laissant 10 millions de personnes dans un besoin urgent d'aide humanitaire, ont averti aujourd'hui Oxfam, CARE International et le Conseil danois pour les réfugiés. 

Depuis le début de l'année, les conflits en cours ont tué près de 1 400 civils, dont des femmes et des enfants. Les violences sexuelles à l'encontre des femmes et des filles sont également en augmentation, avec plus de 340 cas de violences sexuelles signalés dans les municipalités de Kanyaruchinya et Munigi dans le territoire de Niyragongo entre janvier et février 2023 seulement.

"En raison des violences récentes, des centaines de milliers d'agriculteurs du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l'Ituri ne sont pas en mesure de commencer la saison des semailles pour assurer leur alimentation et leurs revenus, car ils ont été chassés de leurs terres et de leurs maisons. Plus de 26 millions de personnes n'ont déjà pas assez à manger en raison d'années de conflit et de déplacements. La poursuite de la violence les pousse maintenant au bord du gouffre", a déclaré Justine Gomis Tossou, directrice nationale d'Oxfam en RDC.

Plus de 600 000 personnes ont été forcées de fuir leurs maisons depuis l'escalade de la violence en juin 2022. Des centaines de personnes arrivent chaque jour et sont entassées dans des camps de fortune surpeuplés. Dans le camp de déplacés de Lushagala, à 12 km de Goma, le nombre de familles est passé de 2 280 à 6 261 en une semaine seulement. Cette situation met à rude épreuve les ressources telles que l'eau potable et l'assainissement et augmente le risque de maladies d'origine hydrique telles que le choléra.

"Plus de 59 000 enfants souffrent de malnutrition et plus de 5 000 femmes enceintes ont besoin de soins nutritionnels appropriés. Avec l'insécurité alimentaire, la surpopulation des sites, les mauvaises conditions d'hygiène et d'assainissement, la pénurie d'eau potable et le manque d'accès aux soins de santé, la probabilité d'une augmentation des cas de choléra dans les camps est élevée à Nyiragongo. Le conflit entrave l'accès à l'aide indispensable aux personnes touchées", a déclaré Sidibe Kadidia, directeur national de Care International en RDC.

Le pays souffre déjà de la plus grande crise de déplacement interne en Afrique en raison de la violence actuelle. À ce jour, 5,8 millions de personnes dans les provinces de l'Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Tanganyika - dont plus de la moitié sont des femmes - ont été forcées de fuir leurs maisons. Beaucoup ont dû se déplacer plus d'une fois.

M. Kasereka Mahamba, père de cinq enfants qui a fui vers le camp de Lushagala, explique : "Nous avons fui notre maison de Mushaki pour Kirolirwe, où nous pensions être à l'abri des rebelles. Nous avons été contraints de retourner à Mushaki lorsque les combats se sont approchés de notre village, puis nous nous sommes de nouveau déplacés à Saké lorsque les combattants se sont retirés du village, avant d'arriver à Goma".

L'insécurité dans les zones de conflit entrave les efforts d'aide et rend plus difficile l'accès aux personnes les plus démunies. Les vols humanitaires risquent également d'être interrompus et plusieurs routes principales reliant Goma à l'ouest et au nord ont été bloquées. Les régions de Walikale, Masisi, Mweso et Lubero sont presque entièrement coupées de l'aide humanitaire vitale.

Malgré l'aggravation de la situation humanitaire, seuls 10,2 % des 2,25 milliards de dollars demandés par les Nations unies pour la RDC cette année ont été financés à ce jour.

Les trois organisations humanitaires appellent les donateurs à répondre d'urgence à l'appel des Nations unies pour la RDC afin de sauver des vies dès maintenant. Le gouvernement de la RDC et la communauté internationale doivent travailler de concert pour s'attaquer aux causes profondes de la crise et protéger les droits de l'homme.

Notes aux rédactions

  • Patrick Kanyangara, Conseiller en programmes humanitaires et de plaidoyer, est disponible pour toute question.
  • 26,4 millions de personnes sont en situation de crise (IPC3) ou d'insécurité alimentaire plus grave (IPC 4) selon la classification de l'insécurité alimentaire de l'IPC.
  • En mars 2023, seuls 10,2% de l'appel du PRH 2023 pour la RDC, soit 2,25 milliards de dollars pour 2023-2024, ont été financés. Source: UN Financial Tracking System.
  • Le nombre de personnes déplacées et de réfugiés en RDC a augmenté de façon spectaculaire depuis 2016 pour atteindre l'un des plus hauts niveaux enregistrés depuis les années 1990 et constitue une menace pour la stabilité de la région.
  • Les effets combinés de l'insécurité et des mouvements de population dans la région nord-est du pays limitent la participation des ménages à la saison agricole. L'aide humanitaire reste cruciale pour les ménages qui ne peuvent pas cultiver, avec un déficit de consommation important, souvent comblé par l'aide alimentaire humanitaire.
  • 33 zones dans cinq provinces (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Tanganyika, Haut-Katanga et Haut Lomami) ont été touchées par le choléra au début de l'année 2023. Le mois de janvier 2023 a connu une augmentation de 15% des cas par rapport à janvier 2022 et de 76% par rapport à janvier 2021.

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