Communiqué de presse9 juin 2024

Réaction d’Oxfam post-élections : « Le futur gouvernement doit prendre des mesures fortes et ambitieuses pour lutter efficacement contre les inégalités et la crise climatique »

2024 restera dans les annales comme une année de basculement. Les élections ont redessiné le paysage politique européen et national. Il ressort des premiers résultats que les électeurs et les électrices exigent du changement. En réaction aux résultats des élections belges et européennes, Eva Smets, directrice d’Oxfam Belgique a déclaré :  

« Nous craignons que la prochaine législature sera difficile. L'augmentation des inégalités sociales et la perte du pouvoir d'achat étaient au cœur des préoccupations des électeurs et des électrices qui se sont rendus aux urnes dimanche, et ce à juste titre. Cependant, nous sommes très préoccupés par les résultats en Belgique et du score de l'extrême-droite en Europe. Nous ne pouvons plus nous permettre le luxe d'attendre : le futur gouvernement fédéral doit être ambitieux sur les questions sociales et climatiques. D’après l'Office belge des statistiques, 2 millions de Belges sont menacés de pauvreté ou d'exclusion sociale. C'est pourquoi il faut une réforme fiscale qui mette les ultrariches qui disposent d’un régime fiscal ultrafavorable à contribution.

« Le Bureau fédéral du Plan a calculé que sous la N-VA - le parti qui a remporté les élections en Flandre - le revenu des 10 % de Belges aux revenus les plus faibles sera réduit de 122 euros par mois. Pour combler le déficit budgétaire, la N-VA cherche la solution auprès des plus pauvres d'entre nous, au lieu de faire appel aux épaules les plus larges. Le MR de son côté, premier parti en Belgique francophone, ne veut pas entendre parler d'une réforme fiscale qui inclut un impôt sur la fortune. Il n'y a pas non plus de réelles ambitions climatiques des deux côtés. L'engagement de la société civile en faveur de la justice économique et d'une politique climatique ambitieuse reste donc plus que jamais d'actualité ».

Le changement, mais lequel ? 

Les résultats des élections montrent que les Belges demandent un changement. Ce changement doit avant tout être systémique. Les différentes crises, telles que la crise climatique et la crise du pouvoir d'achat, vont exercer une pression croissante sur la résilience de notre société. Et les solutions à court terme préconisées par une partie du monde politique ne sont que des palliatifs. 

Concrètement, le monde politique doit faire de la lutte contre les inégalités une priorité. Cela nécessite des actions fortes et ambitieuses en matière de climat, de fiscalité, de justice sociale et d'égalité de genre. 

Tout d’abord, il faut rétablir une plus grande justice fiscale : Partout en Europe, les grandes fortunes payent de moins en moins d’impôts parce que la plupart des gouvernements ont adopté des lois qui décident de réduire toujours plus la fiscalité des plus riches. Quand les plus fortunés ne payent pas leur juste part l’impôt, ce sont des ressources considérables qui manquent aux budgets des Etats pour financer les écoles, les hôpitaux, la protection sociale et les transports. La Belgique a le pouvoir d’inverser la tendance via un impôt sur la fortune ou une taxation plus égalitaire du patrimoine et des capitaux. 

Ensuite, lutter efficacement contre la crise climatique : La Belgique est le deuxième pays d’Europe et le neuvième pays du monde où les émissions par habitant sont les plus élevées, surtout dans les couches de la population la plus nantie. Le futur gouvernement doit se fixer un objectif légal de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 61% en 2030 s’il veut inverser la tendance et respecter les Accords de Paris.  

Enfin, le futur gouvernement doit remettre les droits humains au cœur de ses priorités. Pour rappel, ces droits garantissent l'inclusion des groupes vulnérables dans des politiques inclusives. D’ailleurs, d’après les lignes directrices des Nations unies, chaque État a le devoir de protéger les droits humains. On peut se réjouir du fait que l’UE ait enfin légiféré pour que les entreprises respectent les droits humains et l’environnement tout au long de leurs chaînes de valeur en 2024. C’est un grand pas en avant malgré des lacunes persistantes. Maintenant, la Belgique doit la transposer la nouvelle directive européenne dans son droit national et faire preuve d’encore davantage d’ambition. 

Ces changements structurels requièrent un grand sens de la coopération entre partis politiques. Par ailleurs, ces défis se posent partout dans le monde et exigent donc une réponse qui dépasse les frontières nationales. La Belgique est un petit pays, mais son impact politique et économique est important », conclut Eva Smets.  

Un gouvernement ambitieux

Un gouvernement capable de résoudre les problèmes susmentionnés est à portée de main.  

À la fin du mois dernier, l'Union européenne a approuvé une directive rendant les entreprises responsables de leurs violations des droits humains, la fameuse directive sur le devoir de vigilance. À ce propos, Eva Smets a déclaré : « Ce devoir de vigilance doit être transposé en droit belge par le futur gouvernement. Ce faisant, il enverrait un signal fort aux citoyennes et aux citoyens en démontrant qu’il fait des droits humains l’une de ses priorités.  

En matière de politique climatique, la Belgique est restée sur la touche ces dernières années en raison des blocages au niveau régional. « Le prochain gouvernement doit faire preuve d'esprit de décision et de coopération en matière de politique climatique », a déclaré Eva Smets. Selon un récent rapport d'Oxfam, une personne appartenant à la tranche des 1 % les plus riches émet 20 fois plus qu'une personne appartenant à la tranche des 1 % les plus pauvres. Ce grand écart titanesque est dû au mode de vie des plus riches et à leurs investissements dans les industries polluantes. « Lutter contre la crise climatique passe donc par la lutte contre les inégalités », conclut Eva Smets. 

Oxfam Belgique appelle les partis belges à former un gouvernement capable d'offrir des solutions à long terme qui font reculer les inégalités et protègent les droits humains. Après tout, des gens ordinaires travaillant ensemble peuvent réaliser des choses extraordinaires.   

 

Droite