gender en economie

Inégalités économiques hommes-femmes

105 000

À l’échelle planétaire, les hommes possèdent 105 000 milliards de dollars de richesses de plus que les femmes.

5

Les 5 hommes les plus riches du monde ont doublé leur fortune depuis 2020 tandis que cinq milliards de personnes se sont appauvries.

75%

En Belgique, 75% des personnes dans la tranche des 10% des revenus les plus faibles sont des femmes. À l’inverse, dans la tranche des 10% des revenus les plus élevés, on retrouve 71% d’hommes.

Notre système économique est capitaliste, patriarcal et colonialiste 

Les inégalités économiques entre les femmes et les hommes ne sont ni un hasard, ni une fatalité. Le modèle économique dominant a été forgé par et pour une minorité d’hommes blancs ultra-privilégiés. Notre système économique est profondément ancré dans le patriarcat, le capitalisme et le colonialisme. Il opprime et exploite la planète ainsi que les personnes, non seulement sur base du genre mais aussi de la situation géographique, l’orientation sexuelle, la religion ou encore la couleur de peau. Ces injustices ne sont pas innées : une structure de pouvoir inégale existe derrière elles qui fait que les besoins et les exigences de certains groupes sont bien mieux entendus que d’autres.  

Le modèle économique néolibéral actuel a aggravé la situation mondiale : coupes dans les services publics, réduction d’impôts pour les entreprises et les particuliers les plus riches et nivellement par le bas des salaires sont autant d’écueils qui frappent plus durement les femmes que les hommes. Majoritaires dans des métiers dits essentiels – santé, éducation, propreté, alimentation, distribution – les femmes occupent néanmoins des emplois souvent précaires, informels, trop peu valorisés socialement ou trop faiblement rémunérés. Les personnes cumulant plusieurs facteurs identitaires discriminés sont alors confrontées à des défis encore plus importants. Une approche intersectionnelle est donc indispensable pour appréhender ces problématiques.

Une approche intersectionnelle est indispensable pour appréhender les inégalités économiques.

Laura Vinck, conseillière senior en genre et diversité chez Oxfam Belgique

Inégalités hommes-femmes dans le secteur du travail 

78%

En Belgique, les femmes occupent 78% des postes du personnel de santé.

23%

En Belgique, seules 23% des petites et moyennes entreprises (PME) sont dirigées par des femmes, sachant que les PME représentent 99% des entreprises belges.

1/3

Au niveau mondial, seule une entreprise sur trois est détenue par des femmes.

Notre économie mondiale repose sur l’exploitation systématique des femmes et des groupes minorisés. Ces personnes sont en effet plus à même d’être employées via des formes d’emploi atypiques comme la sous-traitance, l’externalisation des ressources et le travail temporaire et à temps partiel. Ces formes d’emploi sont souvent synonymes de précarité et d’informalité, de salaires plus bas, d’accès insuffisant à la protection sociale, d’insécurité, de pouvoir de négociation moindre et de non-respect des droits fondamentaux.

Dans le monde entier, les femmes représentent actuellement 75% de la main-d’œuvre assurant les services de soins de santé essentiels. Il faudrait 1 200 ans à une travailleuse du secteur sanitaire et social pour gagner ce qu’un.e PDG d’une entreprise du classement Fortune 100 gagne en moyenne en un an. 

Notre économie mondiale repose sur l’exploitation systématique des femmes et des groupes minorisés.

Julien Desiderio, chargé de plaidoyer en justice fiscale chez Oxfam Belgique

Exploitations et abus dans les chaines de valeur

Les chaînes agroalimentaires du monde entier sont striées de violations des droits des humains. Les très grandes entreprises qui exercent un contrôle disproportionné sur le marché s’adonnent souvent à des pratiques d’achat qui tirent les salaires vers le bas, entretiennent des rapports de force inégaux, aggravent la précarité et encouragent le travail informel, tout en s’accaparant la majorité de la valeur des chaînes d’approvisionnement agro-alimentaire. Ces exploitations et des abus systémiques sont fortement basés sur le genre et aggravées par d’autres formes de discrimination comme celles fondées sur la couleur de peau et le statut migratoire. Les travailleuses migrantes risquent notamment d’occuper des emplois mal rémunérés et sans véritable protection sociale.

Violation des droits humains dans la chaine des agrocarburants 

Inégalités salariales hommes-femmes

1 600

Sur plus de 1 600 entreprises parmi les plus grandes et les plus influentes dans le monde, seules 24% d’entre elles s’engagent publiquement en faveur de l’égalité de genre.

24%

En moyenne, les femmes sont payées 24% de moins que les hommes pour un travail équivalent, dans toutes les régions et tous les secteurs.

21%

En Belgique, la différence de salaire annuel entre les femmes et les hommes était encore de 21% en 2021.

Dans le monde entier, les inégalités salariales entre femmes et hommes restent élevées. En Belgique, la différence de salaire annuel entre les femmes et les hommes était encore de 21% en 2021. La journée de l’égalité salariale “célèbre” chaque année le jour symbolique jusqu’auquel les femmes doivent travailler pour combler leur écart de rémunération par rapport à l’année précédente. En 2024, la journée de l’égalité salariale tombe le 17 mars : les femmes belges doivent travailler jusqu’à cette date pour gagner ce que les hommes avaient déjà gagné l’année précédente.

Ces différences salariales s’expliquent par le fait que beaucoup plus de femmes que d’hommes travaillent à temps partiel (et ce souvent pour s’occuper d’enfants ou autres personnes à charges), que les femmes sont surreprésentées dans les secteurs les moins bien rémunérés et par le fait que les postes à responsabilité sont plus souvent occupés par des hommes. 

La différence de salaire horaire entre les femmes et les hommes s’élève elle à 5,0% (chiffre de 2022).

Le travail non-rémunéré soutient l’économie mondiale

3/4

Dans le monde entier, sans exception, les femmes effectuent les trois quarts du travail de soins non rémunéré.

3,2

Les femmes consacrent en moyenne 3,2 fois plus de temps que les hommes aux soins non rémunérés.

82%

Les femmes belges consacrent 82%, 96 minutes ou 1,5 heure de plus que les hommes au travail de soin non rémunéré chaque jour.

Le travail de soin est indispensable pour nos sociétés et pour l’économie. Il regroupe des tâches diverses, de la garde d’enfants à l’accompagnement des personnes âgées et des personnes en situation de handicap ou atteintes d’une maladie physique ou mentale, en passant par tout un éventail de tâches domestiques quotidiennes (cuisine, ménage, lessive, raccommodage, gestion des factures, collecte d’eau et de bois de chauffage). Si personne n’investissait du temps, des efforts et des ressources dans ces tâches quotidiennes essentielles, les communautés, les entreprises et des pans entiers de l’économie seraient paralysés.

Dans le monde entier, les femmes réalisent plus des trois quarts du travail non rémunéré. En 2020, Oxfam a estimé que la valeur monétaire du travail de soin non rémunéré assuré par les femmes dans le monde s’élève à au moins 10 800 milliards de dollars par an, soit trois fois la valeur du secteur des technologies à l’échelle mondiale.

La contribution des femmes à l’économie mondiale

Louise Legein, chargée de plaidoyer en agriculture et genre

Dans le secteur agricole, le fait que les femmes effectuent des tâches domestiques, nécessaires pour faire tourner la ferme, les délégitimisent. Elles participent donc moins aux prises de décisions dans les organisations agricoles et lors des négociations politiques.

Impact climatique, genre et inégalités économiques

Les vulnérabilités aux impacts de la crise climatique s’intensifient lorsque les inégalités économiques s’entrecroisent avec d'autres facteurs identitaires (genre, appartenance ethnique et âge...).

Pourquoi les femmes sont plus touchées par la crise climatique ?

L’austérité et la privatisation exacerbent les inégalités de genre  

Les mesures d’austérité se caractérisent principalement par des réductions rapides et profondes des dépenses publiques (généralement dans l’éducation, la santé et la protection sociale), souvent accompagnées d’une hausse des recettes fiscales, notamment par des impôts régressifs ou indirects, plutôt que par l’imposition des richesses. Néanmoins, en période d’austérité, des milliers de milliards de dollars sont utilisés pour soutenir les grandes entreprises, en grande partie dirigées par des hommes.  

Pour compenser le manque à gagner fiscal sur les entreprises et leurs riches propriétaires, de nombreux gouvernements se sont tournés vers celles et ceux qui sont le moins en mesure de contribuer. Ils recourent de plus en plus à des taxes régressives sur les biens et les services, comme la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ce qui affecte de manière disproportionnée les ménages à faible revenu et exacerbe les inégalités de genre.  

Cela s’accompagne souvent d’une déréglementation croissante du secteur privé, alors même que les personnes aux revenus les plus faibles se retrouvent privées d’un soutien dont elles ont besoin, avec des emplois de moins en moins nombreux et de plus en plus précaires. Les femmes sont particulièrement touchées par les coupes dans les services publics : d’abord en tant que premières utilisatrices des services publics, ensuite en tant que travailleuses, étant donné leur représentation disproportionnée dans le secteur public, et enfin en tant que principales fournisseuses de travail de soin non rémunéré, qui prend de plus en plus de place pour combler les lacunes de l’offre publique.

Pourquoi l’austérité précarise les femmes ?

Vers une économie bénéfique pour tout le monde

 Accroître l'égalité économique des femmes réduirait la pauvreté dans le monde entier. En effet, les pays où l'égalité entre les hommes et les femmes est la plus grande tendent à avoir des niveaux de revenus plus élevés, et des données provenant d'un certain nombre de régions et de pays montrent que la réduction de l'écart de richesse entraîne une réduction de la pauvreté. Nous avons besoin d'une économie humaine qui soit bénéfique pour tout le monde, pas seulement pour quelques personnes privilégiées.

Notre modèle économique est inefficace pour protéger ou sauvegarder les droits et le bien-être social des femmes, des filles et des personnes transgenres et non binaires. En envisageant des systèmes de financement alternatifs qui donnent la priorité aux droits des femmes, des filles, des personnes transgenres et non binaires sur un pied d’égalité, nous pouvons mettre fin au cycle de la pauvreté et des injustices. Nous croyons en l’interconnectivité du bien-être des femmes et de la planète et aspirons à un avenir équitable, juste et durable où toutes les communautés réalisent leurs droits et s’épanouissent. Un financement féministe permet de s’éloigner des dynamiques de pouvoir inégales et de doter les communautés des ressources nécessaires pour qu’elles puissent assurer leur bien-être, s’organiser en toute sécurité et mettre en place une représentation significative dans les instances de décision.

Accroître l'égalité économique des femmes réduirait la pauvreté dans le monde entier.

Eva Smets, directrice générale d'Oxfam Belgique

NOS RECOMMANDATIONS

  •  Promouvoir l’avancement et la réalisation de la justice de genre, ainsi qu’une représentation significative, en fournissant un financement flexible et durable aux mouvements féministes et queers locaux.
  • Mettre en œuvre une budgétisation féministe et une fiscalité progressive, notamment une forte imposition de la fortune, pour financer une protection sociale et des services publics universels qui répondent aux besoins spécifiques des femmes, des filles et des personnes non binaires.
  • Garantir des salaires décents aux femmes, en particulier celles qui vivent dans les pays du monde majoritaire avec entre autres une compensation équitable pour le travail de soins, tout en accordant la priorité au bien-être général des communautés au sein et au-delà des sphères professionnelles.

Droite