Le secret d'un chocolat belge vraiment savoureux? Un prix juste

Le chocolat ne pose pas de questions stupides, le chocolat comprend. Vous avez certainement déjà vu ce slogan accrocheur mais nous, comprenons-nous le chocolat ? Délicieusement alléchant, oui, mais à quel prix ? Le Baromètre du Cacao, publié tous les deux ans, met une fois de plus en lumière l’horreur du travail des enfants dans le secteur cacaoyer, la pauvreté des producteur.trice.s et la poursuite de la déforestation. La situation n'est cependant pas désespérée. L'analyse s'accompagne d'une solution qui se muera peut-être cette fois, espérons-le, en loi.

Un pari sur l'avenir des personnes et de l'environnement

Le cacao est une denrée rare et très demandée. Son prix est très volatil et cette volatilité est encore exacerbée par la spéculation. Le commerce du cacao est un peu comme un casino. Les risques sont élevés. Sans compter qu’il est détenu par un petit groupe d'entreprises. Vous imaginez sans peine de quel côté penche la balance. Le contraste avec les cacaoculteurs et les cacaocultrices à petite échelle est énorme ; de nombreuses familles cacaoyères vivent dans la pauvreté et ce sont elles qui supportent les risques les plus importants.

De plus, la pauvreté n’est jamais un problème isolé. Pour les cacaoculteur.trice.s en Afrique de l’Ouest, elle est la source de bien d’autres maux : malnutrition, problèmes de santé et travail des enfants.

La nature aussi est largement malmenée. Par manque de ressources, les agriculteurs et les agricultrices ont recours à des techniques de culture bon marché mais non durables, comme le défrichement des forêts, pour augmenter leur productivité. Ces 30 dernières années, 70 % des forêts naturelles ont disparu au Ghana et en Côte d'Ivoire. Environ un tiers de cette superficie a été accaparée par des plantations de cacao.

Depuis des décennies, l'augmentation de la productivité est présentée comme la solution à des problèmes tels que l'extrême pauvreté des personnes qui vivent du cacao en Afrique de l'Ouest, à l’origine de 70 % de la production mondiale de cacao. Cependant, le Baromètre du Cacao démontre aujourd'hui qu'à terme, cette augmentation tend à avoir l'effet inverse : une baisse des revenus. Comment cela se fait-il ? Augmenter la productivité demande beaucoup de travail. Plus de travail signifie plus de main-d’œuvre et, en fin de compte, plus de coûts pour les producteur.trice.s. Augmenter le prix du cacao est beaucoup plus efficace pour combler le fossé qui sépare le monde agricole d'un revenu décent.

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Chose promise, chose due

Depuis 20 ans, l'industrie du chocolat multiplie les promesses en matière de durabilité, mais malgré cela, le Baromètre du Cacao indique une détérioration de la situation des producteurs et des productrices de cacao. Les récentes crises énergétiques et sanitaires n’y sont évidemment pas étrangères.

Les personnes vivant de la culture du cacao en Côte d'Ivoire et au Ghana gagnent à peine un tiers du salaire minimum vital. Ce n'est pas avec des initiatives durables basées sur la bonne volonté des industriels que l'on comblera ce fossé béant. Il faut opérer une révision structurelle et approfondie de notre modèle commercial et des relations de pouvoir à l’intérieur du secteur.

Briser le cercle vicieux

Mais nous gardons aussi espoir car il existe un moyen de se débarrasser des problèmes structurels et persistants du secteur du cacao : la loi sur le devoir de diligence. Cette loi intersectorielle, pour laquelle Oxfam se bat sans relâche, devrait permettre d’imposer des sanctions crédibles aux entreprises qui ne respectent pas les droits humains tout au long de leur chaîne d'approvisionnement. Un revenu viable, par exemple, est un droit humain.

En attendant, nous nous efforçons de montrer l'exemple. Au cours des trois dernières années, nous avons payé environ 1.000 dollars supplémentaires par tonne de cacao, en plus de la prime et du prix minimum Fairetrade, pour le chocolat Bite to Fight. Cet argent va directement à une communauté agricole au sein de la coopérative ivoirienne CPR Canaan. Nous accordons également une attention particulière aux responsabilités confiées aux femmes, comme la gestion des caisses d'épargne et la culture d'autres produits, ainsi qu’à la conversion aux pratiques agroécologiques.

Avec le Baromètre du Cacao, nous voulons montrer qu'un secteur du cacao durable est possible, mais que les entreprises doivent être prêtes à absorber une partie des chocs et à investir elles-mêmes.

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Vous voulez aller plus loin ?

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