Au Bangladesh, des réfugiées conçoivent des stations de lavage des mains
Le coronavirus a fait son apparition à Kutupalong, le plus grand camp de réfugié.e.s au monde situé entre la frontière birmane et la ville bangladaise de Cox’s Bazar. En collaboration avec des ingénieur.e.s d’Oxfam, 43 réfugiées rohingyas ont conçu et testé une nouvelle station de lavage des mains pour freiner la propagation du virus.
La mauvaise nouvelle est arrivée le 15 mai : un premier cas de Covid-19 était confirmé parmi les réfugié.e.s de Kutupalong au Bangladesh. Un million de Rohingyas vivent dans ce camp situé dans le fameux district de Cox’s Bazar dans des conditions d’hygiène épouvantables. Ils risquent désormais une contagion fulgurante de Covid-19.
Pas assez de place, pas assez d’eau
« Quarante mille personnes s’entassent par kilomètre carré ici », observe Enamul Hoque, d'Oxfam. « C'est deux fois la densité de la population de Dhaka, la ville la plus peuplée du monde. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point les camps sont surpeuplés. »
Le travail d’Enamul Hoque consiste à veiller au maintien de la salubrité du camp. Lorsqu’un million de Rohingyas venus du Myanmar se sont exilés au Bangladesh pour fuir les persécutions dans leur pays, il était là pour superviser la mise en place de réservoirs, de points d'eau, de stations de lavage des mains, de latrines et de la plus grande station d’épuration des eaux jamais construite dans un camp de réfugié.e.s.
Mais les installations de lavage des mains existantes, bien qu'efficaces contre les maladies diarrhéiques, auraient pu être des vecteurs de contamination du coronavirus, c'est pourquoi Hoque et son équipe ont entrepris de créer un système plus sûr. Sa mission consistait à retirer tous les robinets d'eau à manivelle et de les remplacer par des pédales actionnables par le pied.
Les femmes rohingyas s’efforcent de retrouver une vie digne
« Nous avons installé un prototype dans le camp et interrogé 43 personnes après l’avoir utilisé », explique Iffat Fatema, qui travaille dans le camp en tant que promotrice de santé pour Oxfam. « Toutes leurs suggestions d’améliorations ont été prises en compte ». Iffat et son équipe étaient particulièrement attentives aux commentaires des femmes et des filles car elles jouent un rôle fondamental dans le respect des pratiques d'hygiène de leurs familles.
« Elles ont pesé sur tout, du nombre de pieds par station à l'installation de crochets pour suspendre des vêtements. Elles nous ont dit qu'un miroir serait d’une grande utilité, alors nous en avons ajouté un. Tout a été fait pour rendre cette station de lavage des mains agréable à utiliser. »
Du sur mesure
La nouvelle station de lavage des mains est maintenant prête à être fabriquée. Oxfam prévoit d’en installer 300 dans trois camps. Chaque aspect des stations, de la taille et de la forme du bassin à la hauteur du réservoir d'eau, a été examiné par les femmes et les filles qui en feront un usage quotidien.
Elles seront toutes équipées de pédales pour que les utilisatrices n'aient pas besoin de toucher quoi que ce soit avec leurs mains. La hauteur du bassin facilite son utilisation par les enfants et les personnes en fauteuil roulant. Enfin, la structure est suffisamment solide pour résister aux fortes pluies et aux rafales de vents, fréquents dans la région comme en témoigne le passage du cyclone Amphan le 22 mai dernier sur l’est de l’Inde et le Bangladesh.
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